dimanche 6 mars 2016

Mode et mœurs : L’univers carcéral du pavillon 9 de Makala préoccupant en termes des droits de l’homme

Résultats d’une étude du Centre de criminologie et de pathologie sociale de l’UNIKIN

Une équipe du Centre de criminologie et de pathologie sociale rattaché à la Faculté de Droit de l’université de Kinshasa vient de rendre les résultats d’une recherche empirique menée sous la direction du Professeur Raoul Kienge-Kienge Intudi sur « le vécu carcéral des femmes et des enfants de sexe féminin à la Prison centrale de Makala ».


Cette journée scientifique a eu lieu dernièrement  en la salle Brel du Centre Wallonie Bruxelles de Kinshasa. A cette occasion, cette équipe de chercheurs a présenté le fruit de son travail à la portée d’une assistance composée de juristes, journalistes, des animateurs de certains organismes, des institutions paraétatiques et scientifiques. De leur recherche, l’équipe constate que la situation carcérale du pavillon 9 de la Prison de Makala reste encore préoccupante. Et ce, en termes notamment de respect des droits de l’homme. En effet, le pavillon 9 de la Prison de Makala, local d’hébergement construit par la Monusco et destiné aux pensionnaires enfants de sexe féminin, connait une insuffisance de lits. En effet, ce lieu s’illustre par la promiscuité et les pensionnaires enfants de sexe féminin sont mélangées avec des adultes (femmes adultes). Cette situation carcérale pousse certains enfants à passer la nuit à même le sol, faute de lits. Il s’en suit que certaines femmes ont du mal à gérer leur cycle menstruel. De peur de boucher les latrines, l’usage de bandes hygiéniques y est interdit. Pendant ce temps, les femmes détenues dans ces conditions sont obligées de recourir aux tissus de pagnes et autres étoffes, avec tous les risques d’infections. Certaines d’entre elles sont exposées aux violences sexuelles et autres brimades dans la cour de récréation. Elles sont rares à s’intéresser à l’apprentissage en coupe couture, en tricotage. L’encadrement carcéral pose problème. Certaines femmes détenues se vouent à l’encadrement spirituel, d’autres à l’oisiveté.

A la lumière de l’effectif total de prisonniers de la prison centrale de Makala, dans l’ensemble 29 % de détenus sont condamnés contre 71% à titre préventif. Face à la surpopulation de détenus à titre préventif, l’équipe du Centre de criminologie et de pathologie sociale de l’UNIKIN recommande, entre autres au Gouvernement d’instituer un groupe de magistrats pour revoir certains cas d’irrégularité de détention préventive ; renforcer l’inspection des prisons et prévoir la modification de l’article 31 du code de procédure pénale qui prévoit la prolongation de la détention…

Les points forts de cette recherche scientifique

L’équipe a noté aussi des points positifs, parmi lesquels celui de certaines femmes parviennent à supporter leur situation carcérale, parce qu’elles sont porteuses de vie. L’équipe remercie le Directeur de la prison centrale de Makala du fait qu’il ait accepté d’accueillir dans son institution, une équipe de recherche. Mais encore, les résultats de ce travail peuvent déboucher, à coup sûr, sur un plaidoyer. Pour la petite histoire, ces enfants de sexe féminin se sont retrouvées à Makala à la suite des faits commis en termes des coups et blessures ; trafic d’enfants ; homicide ; homicide involontaire ; complicité de viol et vol. Le Professeur Raoul Kienge-Kienge Intudi a fait savoir à l’assistance que la prison encaisse tous les maux de la société, sans malheureusement préconiser de solution. « La solution c’est nous qui sommes en dehors de la prison », a indiqué l’orateur.

Pour sa part, Katryn Brahy, Déléguée de la Délégation Wallonie Bruxelles de Kinshasa, a noté que cette journée scientifique s’inscrit en marge du mois de la femme dans son institution. Elle a conclu avec une pensée pieuse à l’endroit de toutes les détenues à titre préventif qui se retrouvent injustement dans l’univers carcéral de Makala. Elle a convié la justice congolaise à libérer ceux qui n’ont rien à faire en prison.


Saint Hervé M’Buy

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