créateurs

Musique

Père fondateur du "sébène"
 
Pépé Felly Manuaku
Pépé Felly se réjouit de ses médailles de mérite des arts
Manuaku Waku, dit Pépé Felly Manuaku s’illustre en père fondateur du sébène, l’incarnation même du rythmique de l’orchestre Zaïko, un de patrimoine de la musique congolaise. Cet artiste guitariste a reçu une médaille en or et un autre en argent pour de mérite des arts.  Du reste, il se réjouit de cette marque de reconnaissance de l’Etat congolais.
En effet, Pépé Felly Manwaku Waku fait partie de 90 artistes et personnalités culturelles qui ont été décorés le 29 décembre dernier de médailles de mérite des arts, science et lettres par Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale, au nom du président de la République..  
Alors qu’il avait déjà reçu deux autres médailles (argent et bronze) de mérite des arts sous le régime du Maréchal Mobutu, ce guitariste de grand talent ne cache pas sa joie, rapporte  sur les ondes  radio Okapi. .
« J’avais déjà reçu la médaille de bronze et d’argent à l’époque du Maréchal Mobutu. Cette fois-ci, je reçois les médailles d’argent et d’or. Vraiment, ça fait plaisir », confie Pépé Felly.
Aux artistes qui n’ont pas été primés, le guitariste demande de ne pas se décourager.
«Qu’ils ne se découragent pas. La reconnaissance finira par arriver. Il faut beaucoup travailler », conseille l'artiste, dont les coups de génie ont rythmé plusieurs chansons de Zaïko Langa Langa.
Pour la petite histoire, Manuaku Waku, dit Pépé Felly Manuaku s’illustre en père fondateur du sébène, l’incarnation même du rythmique de l’orchestre Zaïko, un de patrimoine de la musique congolaise. Cet artiste guitariste a  joué dans les albums « Plus vivant » de Lokua Kanza en 2005 ; dans le Quatro avec Papa Wemba, Bozi Boziana, Evoloko, Gina Efonge en 2000 ; avec Papa Wemba et Viva la Musica dans « Pole position » en 1995 ; avec Jimmy Cliff dans « Love me love me » en 1987 ; au sein de Grand Zaïko Wawa dans « Mindondo » 1984 et avec Koffi Olomide et Papa Wemba de 1978 à 1979.


Pépé Felly comme l’ont surnommé ses admirateurs, a aiguisé son talent au fil des ans. Il débute sa carrière en 1969. IL a travaillé aux côtés des guitaristes et chantres de renons notamment Franco Lwambo Makiadi dans le «Tout Puissant OK Jazz », Docteur Nico Kassanda de « L’African-Jazz » ou Grand Kallé de « L’African- Fiesta ». Ses créations artistiques ont marquées d’une façon Indélébile l’essence rythmique du groupe musical Zaiko Langa Langa. Si bien qu’en 1973, Les critiques d’arts l’ont désigné comme Meilleur Guitariste de la troisième génération, c’est-à- dire de La musique des jeunes de L’époque.
Pépé Felly est l’inventeur du « Sebène », cette rythmicité endiablée, propre aux Congolais qui ne cesse à faire danser Le monde entier, une mélodie sur deux ou quatre mesures en cycle ou boucle exprimant ce que le chanteur ne peut pas dire avec les mots, -un son qui prolonge La chanson par une progression harmonique en vue d’atteindre Le sommet de L’arrangement-.
En 1978, 11 mettra en place avec Ray Lema Le groupe musical « Les Ya Tupas ». Histoire d’améliorer les sonorités de La musique Congolaise. Une belle aventure ou expérience, qui a été couronnée en peu de temps de succès. « Les Va Tupas » ont réussi à rafler La même année le Prix « Maracas d’Or ». S’il est L’un des fondateurs de Zako Langa Langa, Il est aussi L’une des figures emblématique des rythmes ou mélodies qui ont Littéralement dominées ou bouleversées La musique de ce groupe musical. Pépé Felly c’est donc un grand artiste qui a toujours évolué comme un héros dans L’ombre. La guitare, il sait la jouer.


Saint Hervé M’Buy




Arts plastiques 


Le sculpteur Liyolo, une des grandes figures des arts plastiques en Rd Congo

 Pour la petite histoire, Alfred Liyolo, sculpteur et plasticien, est un monument vivant de la culture congolaise tant au pays qu’à l’étranger. Maître Liyolo se distingue par son travail bien fait. Petit-fils d’un tailleur d’ivoire, Alfred Liyolo est né en 1943 en République Démocratique du Congo.  L’art, c’est sa passion depuis l’enfance. Cette passion le pousse à quitter le pays en 1963 pour aller parfaire, en Autriche, une formation commencée 5 ans plus tôt (1958) à l’Académie des Beaux Arts de Kinshasa.
 En Autriche, il rencontre d’autres Congolais qui ont quitté le pays pour raison d’études. Le sculpteur  congolais de renommée internationale, le septuagénaire Alfred Liyolo Limbe porte sur ses épaules plus de 50 ans de carrière. Ses  œuvres  se retrouvent dans les quatre coins du monde.
En tant que Directeur Général de l’Académie des beaux-arts de Kinshasa, il conduit cette institution vers la modernisation avant que cela ne fut interrompu par des troubles politiques qui ont déstabilisé la République Démocratique du Congo. Il est également le seul artiste africain à avoir été reçu par l’Empereur du Japon. Il a exposé dans le monde entier, de la Suisse à la Chine, du Sénégal à l’Afrique du Sud et a participé à de nombreuses Biennales artistiques et Expositions internationales, ainsi qu’à des séminaires dans le cadre de l’enseignement artistique, touristique et environnemental.
Une page noire dans sa vie. Ce sont les pillages des années 90 à Kinshasa. Ses ateliers et sa résidence sont totalement mis à sac lors des pillages qui ont lieu dans le pays. Déçu, il quitte la Rd Congo avec sa famille pour s’installer à Vienne, la capitale autrichienne où il dispense des cours dans différentes écoles d’art et organise des expositions.
Conscient de l‘état de son pays, il décide de regagner Kinshasa, afin d’apporter sa pierre à la reconstruction. En juillet 2013, pour couronner sa carrière professorale remarquable tant sur le plan de l’enseignement que sur le plan de ses réalisations, il est nommé Professeur émérite par décret ministériel.
Véritable Ambassadeur de la culture congolaise
Les réalisations du Maître lui ont permis de parcourir les grandes villes du monde entier. Entre 1973 et 2002, Alfred Liyolo expose dans les galeries les plus prestigieuses et les plus connues du monde, dont Paris (Louvre), Nice, Tokyo, Séville (exposition universelle de 1992), New York (Art expo 93), Vienne, Lisbonne (Exposition Universelle 1998), Pékin, Bruxelles (2002), Dakar (Sénégal). Son dernier exploit en date est la livraison du monument de «Lumumba» de 4,50m de haut au jardin de la primature à Kinshasa.
En admirant les œuvres de Maître Liyolo, on entre dans une profonde méditation. Liyolo est un inspirateur ; il transforme le bronze en réalité vivante. Son originalité réside dans le caractère à la fois traditionnel et contemporain de son art, réunissant plusieurs sculptures au style pur et effilé, dont certaines en grand format. Il fait corps avec le bronze et son amour pour cette matière transparait à travers ses œuvres
 Saint Hervé M’Buy


Arts plastiques

 

 Henri Kalama : “ Je ne fais pas un art tribal ”

A la lumière de ce constat péjoratif du cliché artiste africain, l’artiste Henri Kalama se reconnaît comme un artiste d’origine africaine. Il note à cet effet qu’il ne peut pas renie ses origines. Henri Kalama fait l’universalisme dans son art, un cheval de bataille. L’artiste veut sortir de ce cliché d’artiste “ africain ”. Pour l’artiste, cette terminologie révèle un aspect plus ou moins péjoratif. Par artiste “ africain, une certaine opinion s’attend à une expression primitive. L’artiste déplore que ce cliché soit collé particulièrement aux artistes originaires de l’Afrique. Pourquoi on ne parle pas d’artiste européen ? ”, S’interroge-t-il avant de conclure que par ce cliché se cachent certains jugements.
Par artiste africain, une certaine opinion voudrait voir un primitif, quelqu’un qui ne maîtrise pas des règles techniques, quelqu’un qui ne pouvait pas avoir une inspiration à lui...alors je trouve cela injuste parce qu’aujourd’hui le monde est un village planétaire. Nous fréquentons les mêmes écoles, nous exploitons les mêmes sujets, utilisons les mêmes techniques.  Je me vois mal être porteur d’un message, ou encore alors être témoin d’une société dans laquelle je n’ai pas vécu ; je n’ai jamais vécu dans une case les masques, je les vois aux musées ou autres ouvrages d’histoire... qui très souvent sont écrits par les européens. Je me dis que c’est une perte de temps que de vouloir faire un art tribal pour les touristes juste pour renforcer les gens dans leurs stéréotypes de ce que devait être un artiste africain ”, constate l’artiste.
A la lumière de ce constat péjoratif du cliché artiste africain, l’artiste Henri Kalama se reconnaît comme un artiste d’origine africaine. Il note à cet effet qu’il ne peut pas renie ses origines. Son art a parcouru le monde. “ C’est une symbiose de ce contact avec les terres africaine, européenne et asiatique.

Cela veut dire avant même de côtoyer ces continents, je crois avant même de me déplacer, j’avais déjà l’Europe, l’Asie chez moi. Dans notre environnement direct, je ne vois rien qui puisse justifier si on met un pinceau dans ma main que je puisse commencer a vous relater une société qui n’est autre que celle que je suis entrain de vivre ”...  a renchéri Henri Kalama. “ J’ai un côté individuel, c’est celui d’être un artiste, un citoyen du monde.

Ma peinture ne saurait que s’exprimer dans ce contexte ”, a indiqué l’artiste. Avant de donner son identité artistique, confirme qu’il est un expressionniste abstrait pour ce qui est de son travail individuel. Son âme d’artiste baigne entre le sentiment et la couleur. Pour l’artiste, les couleurs ont une sonorité tout comme les notes de musique.

Je me sers donc des
  différents tons de couleur pour composer mes œuvres à la manière d’un compositeur de musique classique comme moyen d’expression.
C’est mon ly­risme que j’exprime avec comme moyenne la couleur..., a explicité l’artiste par rapport à sa démarche artistique. Et quant à la thématique, l’artiste Kalama estime qu’il y a des mots et sentiments difficilement exprimables par la parole. Et pour se faire, la couleur parvient à matérialiser.

Pour l’artiste, son travail est très personnel et en même temps pas très personnel, dans la mesure où il s’occupe des préoccupations quotidiennes de chaque personne. Pour Pierre Guillaume, l’Afrique, l’Europe et l’Asie lui ont permis de déposer un moment ses bagages.

Formations et expositions ont constitué les jalons de son impressionnant périple. Et en tant qu’artiste de la nouvelle génération comme le ferait un alchimiste, bien initié très tôt à l’art figuratif, il se plait à s’écarter, il propose les œuvres plus abstraites où l’élément figuratif est tout au plus suggéré. Sans jamais renier ses racines, il est en quête d’une forme d’expression de plus en plus personnelle, enrichie constamment par l’apport de ses rencontres.

Il traduit son monde intérieur dans une palette chromatique chaude, aux traits et accents vigoureux, la matière est parfois généreuse, conférant à l’œuvre reliefs et profondeurs qui évoquent déjà la troisième dimension. Sous des couverts affables, l’artiste est un homme de tempérament et d’exigence dont il s’inscrit volontiers dans une forme d’expressionnisme de plus en plus assumée.

Il convie les contemplateurs à un partage d’émotions, les engage à se laisser porter par ces vibrations cosmiques qu’intuitivement il capte dans le monde qui l’entoure et qui restitue dans des compositions parfaitement maîtrisées. D’ici peu l’artiste va sortir de sa tanière après sa longue absence au pays pour le grand public.

Saint Hervé M’Buy

 

 

Arts plastiques

Lukifimpa transforme les ferrailles de Kinshasa en œuvres d’arts





Sa manière d’agencer différents matériaux désaffectés libère une expression artistique. Contrairement à ses confrères plasticiens qui couchent leur thématique sur le laiton et le bronze, Lukifimpa s’illustre dans la récupération des métaux.
Plasticien de la récupération, André Lukifimpa transforme les ferrailles de la ville province de Kinshasa en œuvres d’art. Sa manière d’agencer différents matériaux désaffectés libère une expression artistique. C’est le secret de sa démarche artistique.

L’homme spécialiste à la récupération, Lukifimpa est un ancien de l’Institut des Beaux arts et gradué en sculpture à l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa. Bien évidemment, c’est dans le secret de son atelier dans la périphérie du centre de Kinshasa que Lukifimpa donne vie à des créations, fruit de recherches amorcées voici d’une vingtaine d’années. Contrairement à ses confrères plasticiens qui couchent leur thématique sur le laiton et le bronze, Lukifimpa s’illustre dans ses compositions, dans la récupération des métaux. A contempler ses oeuvres, les observateurs palpent du doigt ses oeuvres entremêlées et agencées artistiquement de tuyaux d’échappement, des ustensiles de cuisine, des boulons, des vis, etc…

Chaque  oeuvre ne tombe pas comme un cheveu dans la soupe, elle vaut sa place dans l’entendement de la démarche de l’artiste face à son oeuvre. Chaque pièce dans le tout, donc la composition renferme un message spécifique dans sa thématique dont l’artiste seul détient la vraie réflexion. En tout cas, les observateurs sont court-circuités devant des tas de ferrailles dont seul, pour la plupart de temps, Lukimfipa s’évertue à apporter des explications. Toutefois, une certaine allure de beauté s’échappe dans les compositions d’oeuvre d’art. Tenez pour exemple dans l’oeuvre « Sur les traces du parcours », un tas des barres de fer et des ressorts qui se terminent avec un crochet d’élévateur, l’artiste relate par cette oeuvre les péripéties de la vie, une suite d’événement qui s’entoure des scènes de bonheur et de malheur.
 Quant à la sculpture dénommée « les affrontements de vents », le plasticien symbolise dans un tas de métaux les contours d’un aéroport : le radar, le tarmac, la tour de contrôle, sont représentés par des pièces en métaux, bien agencées. Il ajoute que son idée est partie d’un avion. L’oeuvre en soi gravite autour d’une cuillère en argent, symbole de la quête de passagers d’acquérir le bien. C’est ainsi que l’artiste donne vie, une seconde vie, aux ferrailles des poubelles et autres décharges de Kinshasa.
 Pour la petite histoire, Lukifimpa excelle aussi dans l’art monumental (exposition externe). Rien ne se perd dans la nature, tout doit être récupéré pour sauver l’art, c’est peut-être le maître mot de sa recherche artistique.

Saint Hervé M’Buy

  Arts plastiques

 

Le sculpteur Freddy Tsimba donne une seconde vie aux ferrailles de Kinshasa



C’est à travers ses sculptures expressives et aux tailles monumentales que Freddy Tsimba dresse avec rigueur les aspects néfastes de la guerre, la conjoncture congolaise et ses cohortes de malheur.
Des personnages torturés côtoient son art symbolique d’une écriture sculpturale expressive. Pour ce faire, cet artiste sculpteur  recourt particulièrement aux matériaux de récupération. Et après, dans le grand secret de son atelier en plein cœur du quartier Matonge dans la commune de Kalamu à Kinshasa, il donne une vie artistique à toutes ces ferrailles ramassées ici et là, particulièrement dans les rues de Kinshasa.
Dans ses réserves, l’artiste rassemble avec une certaine touche de philosophie entre autres les douilles de cartouches ramassées, des cuillères usées et autres ustensiles de cuisine. Sa démarche artistique le pousse par moment à sacrifier même ses propres chaises en plastiques pour arriver à ses fins. Et de ces matériaux, il donne un sens à ses compositions qui dénoncent en général les anti-valeurs.

Des œuvres qui exorcisent la souffrance…
 Dans certaines de ses œuvres, il témoigne de la violence de la guerre.
Dans sa démarche artistique teintée un peu d’une touche d’universalisme, l’artiste retrace les guerres d’ici et d’ailleurs, le déplacement forcé des populations avec leur cohorte de malheur, les enfants soldats, le viol des femmes, la naissance des enfants de la guerre, la misère, l’effondrement de valeurs fiduciaires, les chômages bref les questions essentielles et universelles qui constituent dans certains cas les contours néfastes de la guerre.
« Je suis un sculpteur des larmes, mais d’espoir. Je n’aime pas la souffrance. Mes œuvres tentent d’exorciser la souffrance », a déclaré Freddy Tsimba.
Pour l’artiste, la culture contribue énormément à la paix en RD Congo aux côtés d’autres richesses du pays. « Je crois à l’art. La culture constitue une richesse pour la RD Congo. Une richesse qui n’a pas fait couler le sang par rapport au coltan et autres minerais,… », a renchéri l’artiste.

Des douilles qui témoignent la violence…

De ses  inspirations, Freddy Tsimba est allé un peu plus loin dans sa démarche artistique, au delà de son atelier. Des douilles ramassées aux lendemains des différents théâtres de barbarie à Kinshasa, Freddy Tsimba a dressé des compositions révélatrices. 
Telle dans l’œuvre dénommée « Au delà des extrêmes », cette composition présente une femme qui plane avec des douilles au ventre. De même que dans « Victime malgré elle » où la composition repose sur des douilles fragmentées donnant vie à un corps expressif. Cette œuvre a été primée Médaille d’argent, aux jeux de la Francophonie, en 2001. Et particulièrement dans « Mabele ba bosana », l’artiste plasticien dresse neuf sculptures choquantes. Freddy Tsimba présente des ventres brûlés de femmes et éventrés par l’enfer de la guerre. Il dispose ses œuvres à la chaîne, donnant l’impression d’une hécatombe. Il poursuit dans « les larmes des oubliés », en exposant des chaussures de fortune pendantes, un témoigne de la misère.
L’attrait de l’artiste pour ses matériaux, c’est une manière pour l’artiste de dénoncer et d’oublier en même temps une plaie historique de son pays, la guerre. Ces douilles qui ont hier arraché des vies humaines dans le champ de bataille, l’artiste sculpteur les redonnent une seconde vie, cette fois, artistique.

 Pas de bouffe! Les cuillères dans la poubelle

Dans le même registre, il exploite aussi des cuillères usées ou encore abandonnées dans les poubelles de Kinshasa par leurs propriétaires.  Ceux-ci ne mangent pas à leur souhait, forcé par la conjoncture et la misère. Certains ustensiles de cuisine ne servent plus à rien pour certains de ses compatriotes. Ces couverts peuplent les poubelles de Kinshasa. L’artiste en fait usage en l’exploitant dans ses compositions pour dénoncer cette misère.

Des voitures en fil de fer aux œuvres monumentales

Né à Kinshasa en 1967, Freddy Bienvenu Tsimba est diplôme de l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa, en option sculpture monumentale. Il est détenteur de la médaille d’argent des Jeux de la Francophonie, à Ottawa, au Canada en 2001. Entre autres mérites, il a été gratifié d’un diplôme d’honneur, lors du salon international des arts plastiques, à Béziers. L’artiste a été l’ambassadeur de la RD Congo dans plusieurs festivals à travers le monde. Dans son quartier de Matonge, il ne s’imagine pas dans sa tendre jeunesse  qu’en fabriquant des modèles de voitures en fil de fer qu’il s’effraye un avenir radieux dans le monde de la sculpture congolaise. Freddy Tsimba  à ce jour exploite le bronze, le métal, la terre et le ciment.  Ce sculpteur a imposé sa discipline artistique dans un univers des créateurs le quartier Matonge à Kinshasa où se croisent sapeurs, musiciens et autres vendeurs des brochettes.  De Kinshasa, capitale de la sape et de la musique congolaise, Freddy Tsimba se révèle dans ses créations monumentales.  
Saint Hervé M’Buy 

 

Arts plastiques

L’artiste Pume Bylex perce  l’invisible


Il n’est pas facile à un néophyte, de pénétrer et de comprendre la démarche artistique de Pume Bylex. « Ses créations sortent du vide, du néant. C’est du jamais existé », pourrait-on dire, de lui. Cet artiste sculpteur sort, en effet, des sentiers battus, de l’académisme ambiant pour percer le cœur du mystère, de l’invisible. Comme il se définit lui-même, « l’art Bylex est avant tout une science. »
Dans son art, il crée parfois des maquettes des engins et gadgets, dont lui seul détient la substance de la réflexion. Un art futuriste, puisque Pume « voit plus loin que le bout de son nez. » « Pourquoi pas moi », l’artiste part souvent de  cette idée que ceux qui ont inventé des engins ne sont ni Dieu ni des anges,…
Preuve de son imagination et de son inspiration, il rêve de réaliser, un jour, la maquette pour construire, retenez votre souffle,  un avion de 24 étages ! Baptisé “Danning Soucoupe”, cette immense œuvre d’art de 8 000 places aura, en plus, une cabine rotative. De la folie, pour certains. De l’imagination, selon d’autres.

Energie et rotation
Dans son atelier du quartier Pétro Congo, dans la commune de Masina, à l’est de Kinshasa, Pume Bylex s’affaire, entre deux rêves, à préparer une exposition. Elle sera la deuxième du genre et se tiendra, comme la première organisée en 2006, à la Halle de la Gombe. En avant-goût de cette expo, il explique que de son art, « se dégage une énergie. » Un exemple : “Bureau spires”. L’œuvre représente un ordinateur qui ne va pas fonctionner comme les modèles traditionnels connus. Vers le bas de l’appareil, on voit un rouleau sous forme de papiers collants enroulés. Futuriste, doté d’un clavier sans fil, il va fonctionner grâce à un système magnétique. L’usager pourrait, dit-il, manier son ordinateur même à distance, à l’aide d’une télécommande. « Spires, c’est la démonstration de cette énergie », explique l’artiste.
En plus de l’énergie, l’art de Bylex est caractérisé par la philosophie de la rotation. Il est de ceux qui pensent, en effet, que la rotation est le mouvement le plus important de l’Univers. « Sans la rotation, on n’est nulle part », précise-t-il. Il donne des exemples pour convaincre : pour que la voiture roule, le vilebrequin doit rôtir, le pneu doit rôtir, et même la planète terre doit rôtir… L’artiste ne se limite pas là.  Tel dans l’œuvre intitulée « Comin  d’arthèse », mot puisé de l’anglais pour dire « venez voir l’art qui étale des thèses proposées pour constater ». Il ressort de cette œuvre des formes de lunettes qu’on peut porter ; à l’intérieur, il y a des tasses de café et des tiroirs. L’artiste a installé dans  cette œuvre des zones mises comme des bandes d’aération. Celles-ci illuminent l’intérieur. Pume Bylex voit dans la lumière le modernisme. Cette œuvre lui a valu 4 mois de préparation.      
Les œuvres de Bylex sont aussi marquées par la présence des carreaux. Cette présence symbolise « l’équilibre parfait » de son art. Bylex prend tout son temps, entre  trois à six mois, pour réaliser une œuvre. Designer, sculpteur mais aussi styliste à ses heures perdues, il n’est pas encore, malgré ses talents réels, prophète chez lui. C’est loin de son pays natal, la RD Congo, qu’il s’est fait un nom. Il a organisé de nombreuses expositions au Portugal (Lisbonne, 1997), en France (Biennale de Lyon, 2000, Roubaix, Paris en 2004), en Belgique (Bruxelles, 2004), en Allemagne (Düsseldorf) et en Angleterre (Londres).

Saint Hervé M’Buy
 

Arts dramatiques

Patience Fayulu décrit le spectre des révolutions de Républiques bananières  dans « La cage »


Un despote remplace un autre despote au pouvoir. C’est l’éternelle case de départ dans l’intrigue du spectacle « La cage », œuvre théâtrale  de Patience  Fayulu qui décrit la prise de pouvoir par un groupe de résistants sensés renverser l’ordre de choses dans le pays. Chose curieuse, les résistants d’hier qui avaient décrié le pouvoir d’un despote, voient dans leur chef de file le profil d’un autre despote, une fois arrivé au pouvoir.  Pire que le premier, il peaufine d’autres mécanismes plus sophistiqués pour étouffer tout élan de protestation à l’encontre de son pouvoir nouvellement acquis. 

Et dire que le pouvoir a le goût du miel, au point que  certains dirigeants n’arrivent plus à s’en passer, et laisser la place à une autre quelconque alternative à la tête du pays.  Ils deviennent des dictateurs, des présidents à vie. 
Ce spectacle planche sur une réalité universelle et particulièrement digne des révolutions de républiques bananières. Le projet de société sur la gestion de la chose publique peaufiné dans  les maquis des révolutionnaires échoue le plus souvent à l’autel de la folie du pouvoir. C’est le cas du personnage principal de Patience Fayulu ; du dedans de sa cage, ce détenu a écrit des textes d’éveil pour ses camarades de la révolution. Et au moment de passer à l’acte, son camarade de révolution l’a trahi une fois arrivé au pouvoir. Il a vu croitre en son camarade le profil d’un autre despote. Plus redoutable que celui qu’ils avaient combattu, le nouvel homme fort du pays a mis en place des mécanismes plus sophistiqués pour étouffer la liberté d’expression  et toute vague de protestation.
Et dire que cette résistance est partie d’une cage, la force des écrits a brisé  les chaines d’un pouvoir autoritaire.  De sa cage, un détenu a engagé une lutte contre une oligarchie liberticide. Encagé pour avoir échappé au Programme, il va, grâce à la force de ses écrits, convaincre son gardien de lui ouvrir la porte de sa geôle. Puis il l'invitera à renverser l'ordre des choses en rejoignant la résistance du dehors. C'est bien sûr sans compter avec l'irrémédiable folie des hommes. Libéré, le détenu vivra un autre cauchemar, la case de départ, la cage.

Ce spectacle captivant a été présenté en grande première, à l’Espace culturel kinois en mutation  théâtre (K-MU), dans la commune de N’Djili.  « La cage » a été écrite en 2008 par le français Yves Carchon. En 2011, elle est mise en scène par le congolais Patience Fayulu Bonheur sous une multitude de casquettes d’artiste comédien et de directeur artistique du Théâtre des Hirondelles.  Ce spectacle  en sa grande première a été une réussite. Le public a été marqué par l’actrice principale, en la personne de Sheila Nzutisa (la détenue) qui a brillé sur scène  dans son interprétation.
Ce spectacle mis en scène par Patience Fayulu  a connu aussi l’interprétation d’Arian Mutoke (bureaucrate), Malu Mukulayama (gardien), Sylvie Kandala (psychologue) et Patience Fayulu (haut gradé Miradole).
Pour la petite histoire, ces comédiens proviennent de différentes structures théâtrales, à savoir Tam-tam Théâtre, Sycomore et Atelier théâtr’action.  Quant à la  régie lumière et son, elle a été assurée par Amedé Makaka. La Cage est le deuxième spectacle de théâtre mis en scène par Patience Fayulu après Pourquoi aujourd’hui?  
Saint Hervé M’Buy