lundi 20 juin 2011

Mode et mœurs : Etudiante ou prostituée déguisée? « Moseka La jolie » entre Fac et flat

une caricature de Dick Esale


De nos jours, la tenue extravagante de la jeune étudiante est au centre de tous les débats, en famille, au marché comme à l’église. Ses pantalons collants et autre accoutrement sexy « impropres à la vertu », donnent une ambiance tout à fait particulière à l’environnement des universités et instituts supérieurs dans la ville province de Kinshasa. D ‘un regard intéressé, certains observateurs ne savent plus distinguer l’étudiante de la fille du trottoir. Cette dépravation de moeurs se conjugue avec une certaine dose de délinquance juvénile en milieu universitaire. Tout dépend de la motivation de chaque étudiante lorsqu’ elle se mire et enfile sa tenue le matin chez elle avant d’aller au cours.

Entre la faculté et les flats hôtels de la place, elle a choisi sa route, exploité à fond ses charmes à prix d’or moyennant quelques astuces. Au courant de la semaine, elle se présente le matin à la faculté et le soir, tout dépend de sa toile d’araignée, elle s’affiche dans les couloirs des flats hôtels de Kinshasa pour se prostituer.

Du pain à la chair humaine
Elle, c’est «Moseka La jolie », tel est son nom de code. Surprise sur la terrasse d’un night club huppé de la ville aux abords du boulevard du 30 Juin, avant de vider son verre, elle s’est ouverte à nous sans gêne. Sa vie n’est pas un gâteau, avance-t-elle à qui veut l’attendre. «J’ai fait tout dans ma vie pour survivre et surmonter l‘illusion que je me suis fait de la ville de Kinshasa. Je pensais de mon Mbandaka natal que tout était facile pour s ‘enrichir plus vite à Kinshasa. Mon illusion s ‘est arrêtée net à la mort de mon oncle.., les difficultés de la vie ont surgis», a lâché la jeune fille. Après un brin de sourire, elle renchérit, « le fruit des prouesses sexuelles de mes quinze ans, c ‘est la naissance de ma petite fille. Elle m ‘a donnée plus de dynamisme pour surmonter les dures réalités de Kinshasa ».
Fille mère, elle a vendu du pain afin de se procurer un peu de bénéfice pour survivre et nourrir sa fille. Et pour se faire, elle passait de fois de nuit blanche au pied de la boulangerie pour se procurer des pains aux petites heures de la matinée. Avec la mort de son oncle, avec un diplôme d’Etat à la main en tant qu’autodidacte, elle s’est jetée sur le trottoir pour s’arracher des jours meilleurs. Brusque interruption de la conversion au passage d’une fille vêtue d’une petite jupe à la peau poussiéreuse. Puis, reprenant son souffle, elle lâche sa préoccupation «Bana oyo baso bebisa mosala na biso... » (ndlr : ces enfants bradent notre métier par des sollicitations à vil prix).
Vêtue d’une jupe griffée et d’un bustier dernier cris, «Moseka La jolie» dénonce l’envahissement de leur métier par des plus jeunes non expérimentées. Alors que selon ses dires, Moseka s’adonne le plus souvent au contrôle médical et facture ces partenaires au delà de 100 Usd pour une partie de plaisir. Elle voit sa carrière dominée par des jeunes prostituées qui sollicitent leurs clients au prix d’une mesure de cacahouètes. «Avec 400 FC, elles sont capables de s ‘étaler sur une banquette arrière d’une voiture ou sur les étalages des marchés avec ou sans préservatif dommage ! », renchérit-t-elle avec amertume.
Le sanctuaire de Moseka contrairement aux autres prostituées, c’est en milieu universitaire, elle fait d’une pierre deux coups. Farde à la main, elle se pointe à la mi-journée, presque à l’heure de la pause, vêtue d’une tenue décolletée et maquillée comme une voiture volée. Téléphone portable à la main, elle est en quête d’un potentiel client. Elle commence le plus souvent par visiter les terrasses aux alentours de l’établissement universitaire. Ces partenaires sont à compter dans le milieu professionnel (professeurs d’université, chefs de travaux, assistants et rarement des étudiants), cadres d’entreprise et hommes d’affaires.
Entre la pause et la dernière heure de la sortie des cours, elle se présente à l’auditoire d’un air désintéressé, juste le temps d’animer et de déranger la bonne marche des enseignements. Sans ambition pour son devenir, cette étudiante exceptionnelle qui pratique une prostitution occasionnelle, croit à ses charmes et elle en fait aussi une arme de séduction pour obtenir les points (points sexuellement transmissibles «PST »). Ses dessous, elle les expose à l’enseignant en échange des meilleures côtes contrairement aux étudiants appliqués qui doivent faire fonctionner leurs méninges.
En dépit de toutes ses arnaques pour gagner sa vie, Moseka est par moment rattraper par son amour propre. « Rassurez-vous, je suis femme. Je rêve d’un mariage heureux avec l’‘homme de ma vie comme dans une partie de poker. Je sais faire la part de chose entre mon train de vie et ma vie privée. Raison pour laquelle je ne m ‘affiche pas avec mon vrai nom dans mes numéros... Des sexagénaires se révèlent pour moi des proies faciles à gérer... surtout rentable. Rassurez-vous, je m ‘arrange pour mettre ma fille à l’abri de ma déviation. C’est pour elle que je me sacrifie. Je souhaite qu‘elle devienne une femme entrepreneur à l’abri des contraintes sociales... Rassurez-vous mon expérience de vie est dure. Je me hais par moment... », a révélé Moseka La jolie.
Saint Hervé M’BUY

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