vendredi 27 mai 2011

Créateur : Henri Kalama : “ Je ne fais pas un art tribal ”




A la lumière de ce constat péjoratif du cliché artiste africain, l’artiste Henri Kalama se reconnaît comme un artiste d’origine africaine. Il note à cet effet qu’il ne peut pas renie ses origines. Henri Kalama fait l’universa­lisme dans son art, un cheval de bataille. L’artiste veut sortir de ce cliché d’artiste “ africain ”. Pour l’artiste, cette terminologie révèle un aspect plus ou moins péjoratif. Par artiste “ africain, une certaine opinion s’attend à une expression primitive. L’artiste déplore que ce cliché soit collé particulièrement aux artistes originaires de l’Afrique. Pourquoi on ne parle pas d’ar­tiste européen ? ”, s’interroge-t-il avant de conclure que par ce cliché se cachent certains jugements.

Par artiste africain, une certaine opinion voudrait voir un primitif, quelqu’un qui ne maîtrise pas des règles techniques, quelqu’un qui ne pouvait pas avoir une inspiration à lui...alors je trouve cela injuste parce qu’aujourd’hui le monde est un village planétaire. Nous fréquentons les mêmes écoles, nous exploitons les mêmes sujets, utilisons les mêmes techniques je me vois mal être porteur d’un message, ou encore alors être témoin d’une société dans laquelle je n’ai pas vécu ; je n’ai jamais vécu dans une case les masques, je les vois aux musées ou autres ouvrages d’histoire... qui très souvent sont écrits par les européens. Je me dis que c’est une perte de temps que de vouloir faire un art tribal pour les touristes juste pour renforcer les gens dans leurs stéréotypes de ce que devait être un artiste africain ”, constate l’artiste.

A la lumière de ce constat péjoratif du cliché artiste africain, l’artiste Henri Kalama se reconnaît comme un artiste d’origine africaine. Il note à cet effet qu’il ne peut pas renie ses origines. Son art a parcouru le monde. “ C’est une symbiose de ce contact avec les terres africaine, européenne et asiatique.

Cela veut dire avant même de côtoyer ces continents, je crois avant même de me déplacer, j’avais déjà l’Europe, l’Asie chez moi. Dans notre environnement direct, je ne vois rien qui puisse justifier si on met un pinceau dans ma main que je puisse commencer a vous relater une société qui n’est autre que celle que je suis entrain de vivre ”...  a renchéri Henri Kalama. “ J’ai un côté individuel, c’est celui d’être un artiste, un citoyen du monde.

Ma peinture ne saurait que s’exprimer dans ce contexte ”, a indiqué l’ar­tiste. Avant de donner son identité artistique, confirme qu’il est un expressionniste abstrait pour ce qui est de son travail individuel. Son âme d’artiste baigne en­tre le sentiment et la couleur. Pour l’artiste, les couleurs ont une sonorité tout comme les no­tes de musique.

Je me sers donc de différents tons de couleur pour composer mes œuvres à la manière d’un compositeur de musique classique comme moyen d’expression.

C’est mon lyrisme que j’exprime avec comme moyenne la couleur..., a explicité l’artiste par rapport à sa démarche artistique. Et quant à la thématique, l’artiste Kalama estime qu’il y a des mots et sentiments difficilement exprimables par la parole. Et pour se faire, la couleur parvient à matérialiser.

Pour l’artiste, son travail est très personnel et en même temps pas très personnel, dans la mesure où il s’occupe des préoccupations quotidiennes de chaque personne. Pour Pierre Guillaume, l’Afrique, l’Europe et l’Asie lui ont permis de déposer un moment ses bagages.

Formations et expositions ont constitué les jalons de son impressionnant périple. Et en tant qu’ar­tiste de la nouvelle génération comme le ferait un alchimiste, bien initié très tôt à l’art figuratif, il se plait à s’écarter, il propose les œuvres plus abstraites où  l’élément figuratif est tout au plus suggéré. Sans jamais renier ses raci­nes, il est en quête d’une forme d’expression de plus en plus per­sonnelle, enrichie constamment par l’apport de ses rencontres.

Il traduit son monde intérieur dans une palette chromatique chaude, aux traits et accents vigoureux, la matière est parfois généreuse, conférant à l’œuvre reliefs et profondeurs qui évoquent déjà la troisième dimension. Sous des couverts  affables, l’artiste est un homme de tempérament et d’exigence dont il s’inscrit volontiers dans une forme d’expressionnisme de plus en plus assumée.

Il convie les contemplateurs à un partage d’émotions, les engage à se laisser porter par ces vibrations cosmiques qu’intuitivement il capte dans le monde qui l’entoure et qui restitue dans des compositions parfaitement maîtrisées. D’ici peu l’artiste va sortir de sa tanière après sa longue absence au pays pour le grand public.


Saint Hervé M’Buy

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire