mercredi 22 octobre 2014

Mode et mœurs : Le coût excessif de la dot encourage le concubinage


L'argent de la dot qui établit le lien du mariage entre familles africaines est devenu un casse-tête pour les jeunes prétendants. Le coût de la dot a haussé le ton au point de devenir exorbitant et brade la valeur de ce geste symbolique.

Dans certaines familles, elle a pris des allures d'une facture globale incluant tous les frais et les dépenses consentis durant l'éducation et la formation de la jeune fille offerte en mariage. Cela implique les frais de scolarisation, de logement, d'habillement et d'alimentation.

Et la dot prend davantage l'ascenseur quand la prétendante au mariage a fait des études supérieures. Cette façon de faire peut être considérée comme une déviation par rapport à la culture de la dot selon les rites africains. Les familles qui se complaisent dans cette situation font non seulement montre d'une ‘frénésie boulimique' exagérée mais de plus, elles hypothèquent les chances de leur fille d'obtenir une demande en mariage.

Et pourtant, s'il faut situer ses origines, la dot est une coutume ancestrale instituée depuis la création du monde et constitue un acte symbolique réunissant les aspirations d'un jeune couple à se passer la corde au cou. Et à l'époque, elle ne nécessitait pas trop d'extravagances en termes d'objets et d'argent à remettre à la famille de la bien-aimée.

Dénaturée au fil des âges, elle est finalement devenue un fond de commerce, un moyen de faire fortune ou d'apaiser la misère de certaines familles infortunées.

Face à une telle situation, le prétendant se sent pressée comme un citron. Quant à la jeune femme victime de ce mercantilisme, elle encourt le risque de coiffer Sainte Catherine, c'est-à-dire, de demeurer célibataire après l'âge de 25 ans, compte tenu de la conjoncture économique actuelle.

D'après notre enquête, les tenants de cette pratique de la dot exorbitante soutiennent que c'est un moyen qui permet d'organiser le mariage coutumier qui se termine invariablement par une tapageuse fête avec trompettes et tambours.

«Oza na mbongo oza na nionso, oza na mbongo oza na ngenge", cette phrase en lingala, une des quatre langues nationales de la RDC, signifie «Quand tu as l'argent, tu as tout». Ceci pour dire que celui qui a l'argent, peut tout se permettre. Or, l'argent réputé bon et mauvais serviteur à la fois, comporte en lui-même les germes de la dépravation et peut pousser une personne à creuser sa propre tombe.

La cupidité de certaines familles les mène à la dérive. Aussi cette boulimie incontrôlée d'argent fait que les hommes qui en ont deviennent arrogants, présomptueux et multiplient les conquêtes sous prétexte d'être en mesure de s'acquitter de la dot.

Par conséquent, bon nombre de filles se retrouvent dans des foyers polygames où elles ne bénéficient d'aucune considération de la part de leurs maris. Avec la conjoncture économique difficile qui sévit en RDC, trouver un travail adéquat et surtout rémunérateur est devenu une mer à boire pour tout jeune en âge nubile.

Faute de pouvoir constituer la dot revendiquée par la famille de leur dulcinée, les jeunes gens se complaisent dans la fameuse formule "Yaka to vanda". Ce qui signifie littéralement "Cohabitons ensemble" ou l'union libre. Ainsi, des couples informels se constituent et prennent de l'ampleur sans que les familles des conjoints aient voix au chapitre.

A trop vouloir maximiser le gain ou le profit, on arrive à tout gâcher ou à tout perdre. La femme est le socle de la société. De ce fait, il est impérieux qu'elle soit respectée et valorisée. Toute pratique dégradante liée à une quelconque instrumentalisation de sa personne doit par conséquent être bannie. Elle doit être valorisée par le mariage.


Saint Hervé M'Buy

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