L'artiste Bulex plongé dans une de ses créations |
Il n’est pas facile à un néophyte, de pénétrer et de comprendre la démarche artistique de Pume Bylex. « Ses créations sortent du vide, du néant. C’est du jamais existé », pourrait-on dire, de lui. Cet artiste sculpteur sort, en effet, des sentiers battus, de l’académisme ambiant pour percer le cœur du mystère, de l’invisible. Comme il se définit lui-même, « l’art Bylex est avant tout une science. »
Dans son art, il crée parfois des maquettes des engins et gadgets, dont lui seul détient la substance de la réflexion. Un art futuriste, puisque Pume « voit plus loin que le bout de son nez. » « Pourquoi pas moi », l’artiste part souvent de cette idée que ceux qui ont inventé des engins ne sont ni Dieu ni des anges,…
Preuve de son imagination et de son inspiration, il rêve de réaliser, un jour, la maquette pour construire, retenez votre souffle, un avion de 24 étages ! Baptisé “Danning Soucoupe”, cette immense œuvre d’art de 8 000 places aura, en plus, une cabine rotative. De la folie, pour certains. De l’imagination, selon d’autres.
Energie et rotation
Dans son atelier du quartier Pétro Congo, dans la commune de Masina, à l’est de Kinshasa, Pume Bylex s’affaire, entre deux rêves, à préparer une exposition. Elle sera la deuxième du genre et se tiendra, comme la première organisée en 2006, à la Halle de la Gombe. En avant-goût de cette expo, il explique que de son art, « se dégage une énergie. » Un exemple : “Bureau spires”. L’œuvre représente un ordinateur qui ne va pas fonctionner comme les modèles traditionnels connus. Vers le bas de l’appareil, on voit un rouleau sous forme de papiers collants enroulés. Futuriste, doté d’un clavier sans fil, il va fonctionner grâce à un système magnétique. L’usager pourrait, dit-il, manier son ordinateur même à distance, à l’aide d’une télécommande. « Spires, c’est la démonstration de cette énergie », explique l’artiste.
En plus de l’énergie, l’art de Bylex est caractérisé par la philosophie de la rotation. Il est de ceux qui pensent, en effet, que la rotation est le mouvement le plus important de l’Univers. « Sans la rotation, on n’est nulle part », précise-t-il. Il donne des exemples pour convaincre : pour que la voiture roule, le vilebrequin doit rôtir, le pneu doit rôtir, et même la planète terre doit rôtir… L’artiste ne se limite pas là. Tel dans l’œuvre intitulée « Comin d’arthèse », mot puisé de l’anglais pour dire « venez voir l’art qui étale des thèses proposées pour constater ». Il ressort de cette œuvre des formes de lunettes qu’on peut porter ; à l’intérieur, il y a des tasses de café et des tiroirs. L’artiste a installé dans cette œuvre des zones mises comme des bandes d’aération. Celles-ci illuminent l’intérieur. Pume Bylex voit dans la lumière le modernisme. Cette œuvre lui a valu 4 mois de préparation.
Les œuvres de Bylex sont aussi marquées par la présence des carreaux. Cette présence symbolise « l’équilibre parfait » de son art. Bylex prend tout son temps, entre trois à six mois, pour réaliser une œuvre. Designer, sculpteur mais aussi styliste à ses heures perdues, il n’est pas encore, malgré ses talents réels, prophète chez lui. C’est loin de son pays natal, la RD Congo, qu’il s’est fait un nom. Il a organisé de nombreuses expositions au Portugal (Lisbonne, 1997), en France (Biennale de Lyon, 2000, Roubaix, Paris en 2004), en Belgique (Bruxelles, 2004), en Allemagne (Düsseldorf) et en Angleterre (Londres).
Saint Hervé M’Buy
*A lire aussi dans les colonnes de la revue Look’in 3
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