mercredi 6 août 2014

Mode et mœurs : Difficile d’interdire la vente des médicaments sans ordonnance à Kinshasa



Après une descente sur terrain d nos reporters, il ressort qu’en dépit de l’interdiction par le Ministère de la Santé publique de la vente des médicaments sans ordonnance, la population continue à se procurer des médicaments sans prescriptions médicales. La mesure d’interdiction a du mal à se faire appliquer sur le terrain.

Pour le Président du syndicat des pharmaciens de Kinshasa, François Malembe   interrogé  en rapport avec la pratique de l’automédication, il estime qu’il faut faire la part des choses, la population voit une pharmacie, la maison où on vend des médicaments et une personne qui tient la pharmacie. A ce sujet, l’orateur déplore le fait que très souvent les personnes qui tiennent la plupart des officines pharmaceutiques à Kinshasa ne soient pas des pharmaciens. A cet effet, François Malembe constate qu’il y a un déficit d’informations auprès de la population. L’orateur conscientise la population à se référer à certaines inscriptions d’identification entre autres : à l’extérieur, le numéro du code du pharmacien  affiché et enregistré dans l’ordre des pharmaciens et le caducée affiché sur le mur  et à l’intérieur,  la plaque en cuivre, c’est un dispositif où il est écrit le nom du pharmacien,  son numéro et d’autres coordonnées.
La bonne pratique et action de dénonciation
Dans la bonne pratique, le pharmacien François Malembe explique : « Dans ces établissements tenus par des pharmaciens lorsque quelqu’un vient avec une ordonnance, le pharmacien s’emploie d’abord à lire l’ordonnance. Il observe s’il n’y a pas d’incompatibilité parmi les médicaments prescrits ; et le pharmacien l’aide comme il faut à se procurer.  Mais s’il n’a pas d’ordonnance, le pharmacien évalue si son problème nécessite une consultation médicale. Il le conseille généralement d’aller voir un médecin ou une structure médicale. Et dans le cas des choses banales( maux de tête, maux de dents peut-être ou autre chose), le pharmacien lui donne un médicament qui soulage mais après, les conseils suivent toujours… »
Et quant à la sensibilisation au niveau de l’ordre des pharmaciens auprès de la population, d’une part, il est engagé des campagnes de sensibilisation auprès des Eglises, dans les assemblées des pharmaciens  contre l’automédication et des bonnes pratiques. « Tous les pharmaciens sont suffisamment informés sur les bonnes pratiques pour sensibiliser leur entourage à se procurer les médicaments dans les normes et dans officines reconnues par ces codes d’identification», a renchéri François Malembe.   Et d’autre part, l’orateur confirme avec l’Ordre des pharmaciens  qu’il y a une démarche au niveau des  parquets et cours et tribunaux contre tous ceux qui exercent illégalement la pharmacie. « Au plus clair, l’Ordre des pharmaciens est en procès contre tous ceux qui pratiquent la pharmacie, qui achètent les médicaments, tous ceux qui vendent sans avoir les autorisations différentes pour exercer ces actions. Curieusement dans ce procès public, beaucoup de gens apprennent la bonne pratique, ce qu’il faut faire pour se procurer les médicaments mais surtout ils apprennent qu’il existe une loi qui réglemente le secteur pharmaceutique », a indiqué François Malembe.
Le pharmacien François Malembe sollicite l’appui du gouvernement pour réglementer le secteur pharmaceutique en RD Congo et aide l’Ordre des pharmaciens et le syndicat de pharmaciens de leur mission. En outre, l’orateur a dénoncé l’existence des médicaments contrefaits en circulation à Kinshasa. « L’Etat a tout intérêt à aider  et à protéger la population contre ces médicaments de qualité douteuse et en même temps, l’Ordre des médecins dans sa mission…il se pose un problème de traçabilité de certains médicaments à Kinshasa. En 2012, nous avons répertorié à Kinshasa plus de 5000 pharmacies, généralement, il s’exerce la contrefaçon dans ces pharmacies. Les pharmacies qui sont plus ou moins bien tenues par des pharmaciens, c’est autour de 200 à 300 pharmacies reconnues. C’est très peu… », a déploré François Malembe. Pour l’orateur, il estime que la loi doit être appliquée à Kinshasa. Et que dit la loi ? « Il faut pour la ville de Kinshasa une pharmacie pour 10.000 habitants. Toutes les études ont été faites à ce sujet ; mais quand on a, dans un rayon de moins  1000 m, deux, trois, quatre  pharmacies, qu’est-ce qui va se passer ? Il y aura une concurrence déloyale….avec comme conséquence l’introduction  de médicaments contrefaits et falsifiés pour vendre moins chers…il se pose un problème de qualité des médicaments», a déploré François Malembe. Et dans ce climat de concurrence, les tenanciers de certaines officines se soucient plus d’écouler leurs médicaments sans se soucier des prescriptions médicales. 
Les conséquences de l’automédication sur la santé
Par rapport à l’automédication, François Malembe témoigne qu’il y a déjà des conséquences sévères en termes d’intoxication, des effets secondaires, et cetera.  Dans le lot, l’orateur a cité des cas d’arrêt cardiaque, gastrites,  des confusions dans les appellations proches de médicaments qui occasionnent l’empoisonnement, des éclaircissements de peaux avec accès au diabète, la virilisation du fœtus, l’arrêt du développement des seins (des tubes de beauté en pharmacie).  François Malembe est pharmacien inscrit dans l’Ordre des pharmaciens. Il gère un dépôt pharmaceutique de la place.  Il préside le syndicat provincial des pharmaciens de la RD Congo.  
Saint Hervé M’Buy

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