mercredi 6 août 2014

Mode et mœurs : Automédication : les kinois à l’écoute du chimiste de la rue



Certains kinois fréquentent des officines pharmaceutiques pour acheter des médicaments sans prescriptions médicales. Ils ignorent que cette pratique les expose au danger de l’automédication. Certains même se substituent aux laboratoires des entreprises pharmaceutiques au point de formuler des solutions pharmaceutiques avec des combinaisons de plusieurs produits. Cette pratique peut avoir des conséquences désastreuses sur l’organisme humain.

Le principe veut qu’avant de prendre un produit pharmaceutique, il faut impérativement passer un examen médical. Et, il revient au médecin consultant de prescrire sur une ordonnance les médicaments pour entreprendre une cure.  A Kinshasa, c’est la rue qui prescrit des produits pharmaceutiques dans l’approche bouche à oreille que si ce médicament m’a guéri en tout cas à coup sûr, celui-ci va marcher chez toi. Et c’est de cette manière que l’automédication fait école à Kinshasa au point de s’inscrire comme un mode de vie.  L’automédication à Kinshasa se pratique le plus souvent dans les cas de maladies courantes sans pour autant effectuer un examen au préalable.  Certaines personnes  détournent les vrais médicaments de leur posologie. Tenez : certains de ces jeunes pour ne pas tomber ivres après quelques gorgées de bière prennent des comprimés dans la clandestinité. Dans leur entendement, il existe des produits pharmaceutiques qui leur permettent à résister aux effets de l’alcool. D’autres pratiquent l’automédication pour contrer les grossesses non désirées. Dans leur entendement, une certaine dose de vermifuge peut arrêter net l’effet d’une grossesse. Il s’ensuit dans le même registre le détournement de certains produits aphrodisiaques pour des besoins de performance sexuelle. Sans compter des actes criminels,  certains malfaiteurs se procurent des quantités de somnifères pour réaliser leurs forfaits auprès de certaines officines pharmaceutiques.  Et aussi dans le lot,  certains compatriotes qui détournent certains produits pharmaceutiques pour s’éclaircir la peau et ou encore pour prendre du poids.
La maffia pharmaceutique qui se vit à Kinshasa, s’enrichit de cette pratique d’automédication. Elle inonde dans le marché des produits contrefaits profitant du fait que le marché pharmaceutique à Kinshasa n’est pas suffisamment contrôlé. C’est la population qui paye  le prix. Un médicament non prescrit par un médecin le dédouane de toutes conséquences dans la mesure où le malade s’est  lui-même auto-administré un produit.  Dans le même registre, on note dans la capitale que  certaines institutions médicales fonctionnent avec des services de la pharmacie non tenus par un pharmacien qualifié. Les malades se procurent les médicaments à souhait sans un avis spécialisé.  A ce jour, Kinshasa est peuplé des officines pharmaceutiques tenues par des personnes non qualifiées qui ne sont même pas connues dans l’ordre des pharmaciens. Donc la problématique de l’automédication s’articule sur trois paliers en termes de responsabilité. Dans un premier palier, l’ordre des pharmaciens doit apporter de l’ordre dans sa case. Qui est pharmacien ? Qui ne l’est pas ? Parce que le profil des personnes qui gèrent des officines pharmaceutiques à Kinshasa,  encourage de fil en aiguille l’automédication.   Le deuxième palier en termes de cette problématique tient lieu à la responsabilité de compatriotes.  La population doit se départir de cette pratique de l’automédication. Cette pratique est tellement ancrée au cœur de la population au point de devenir une habitude. L’autorité publique doit s’investir dans une forte campagne de prise de conscience sur le risque de cette pratique de l’automédication.  Et dans le même ordre d’idée, dans un troisième palier, l’autorité de l’Etat par le ministère de la Santé doit assainir le secteur pharmaceutique en RD Congo. Et surtout renforcé l’ordre des pharmaciens dans sa mission d’organiser le secteur pharmaceutique contre la maffia portant sur la production des médicaments contrefaits et  l’automédication qui s’avère avoir la peau dure particulièrement à Kinshasa. Dans un volet, il faut prévoir des mesures coercitives contre les chimistes de la rue qui continuent à détourner les produits pharmaceutiques  de leur mission. Pour la petite histoire, tout médicament est un poison potentiel. La population a donc cette responsabilité de se méfier du conseil de l’homme ou du chimiste de la rue pour se procurer un médicament.  Elle doit se présenter auprès du médecin pour un examen. Et bénéficier d’une ordonnance en bonne et due forme.    
Saint Hervé M’Buy

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