jeudi 1 mai 2014

Question de l’heure : Les refoulés de Brazzaville témoignent : « Nous avons vécu un véritable enfer … c’est traumatisant et regrettable »

Le dimanche 27 avril 2014, vers 10h, nos fins limiers sont allés à la rencontre des Congolais refoulés dans des conditions inhumaines. Ils sont des centaines comme l’illustrent les images dans le site de la commune de Kinshasa. Femmes, enfants, jeunes garçons dont l’âge varie entre 4 mois  et 39 ans. Un seul mot sortait de leurs bouches : « la cruauté, l’humiliation. Nous exhortons aux nôtres qui sont encore à Brazzaville de quitter. », nous ont-ils fait entendre.
La mort dans l’âme, les larmes aux visages, la tristesse, la consternation se remarquent à travers leurs expressions. Les Congolais de la RD Congo tués, violés, violentés à la grande indifférence et au grand silence de la communauté internationale.
Comme il a été le cas de 8 millions des Congolais massacrés pendant une décennie par Paul Kagame sous les yeux fermés de la même communauté internationale, 40.000 Congolais refoulés de Brazzaville dans les conditions inhumaines, sans compter les morts et les vivants enfermés dans les morgues, la même communauté internationale reste silencieuse.
La pratique tendant à tuer le Congolais pour en épargner le serpent a été mise en pratique. Les témoignages recueillis sur le site d’hébegement de la Commune de Kinshasa en dit long, bien que les autorités de la République Démocratique du Congo aient pris toutes les dispositions de les réinserer dans leurs milieux d’origine.
En voici quelques-uns :
Faustin Mobanda
« Je viens de Brazzaville, j’habitais le quartier Laferme à Manyanga. Nous avons été refoulés depuis le 02 février, mais c’est le samedi 26 avril que nous sommes arrivés ici. Il y a un sérieux problème à Brazaville, sinon je demande à notre Gouvernement de tout faire pour aller chercher nos frères qui sont de l’autre côté avant le massacre qui se prépare à grande échelle.
Nous ne savons pas ce qu’on nous reproche. Nous avons seulement été informés de quitter Brazzaville, car ceux qui ne voudront pas seront tués. Beaucoup sont à notre ambassade (Ndlr des centaines de refoulés sont arrivés hier lundi et c’est le Tribunal de Paix de la Gombé qui est leur site de transit) et d’autres au Beach de l’autre côté plus que ceux qui sont ici.
Il y a eu plus de morts, car au début, nous avons été arrêtés au nombre de 600 personnes qui ont été refoulées, tandis que plus de mille personnes sont portées disparues. Parmi eux, certains ont été enfermées vivants dans des morgues. D’ailleurs, il y a une femme qui a été prise en embuscade par les policiers le vendredi 25 avril, huit d’entre eux l’ont violé en ma présence ».

Ekapite Sese Jean de Dieu
« Je suis refoulé de Brazzaville, j’habitais l’arrondissement de Talangai, au quartier Ngamakoso, sur la rue Munge. Je travaillais au stade avec les Chinois. Les policiers de Brazzaville ont érigé des barrières, quatre au total sur le pont Diri. C’est sur ce pont qu’ils nous ravissaient tous nos biens. En cas de refus, ils vous jettent dans la rivière. J’en ai vu plusieurs jetés dans cette rivière. Deux cas ont été repêchés, puis mis à la morgue vivants.
Tumbe Bilombo Ibrahim
« J’habitais à Jamaïque, à Talangai sur Apila au n°139. Nous avons beaucoup souffert. Nous avons été battus sauvagement et tous nos biens ont été emportés. Les gens sont morts, d’autres ont été enfermés vivants dans la morgue et certains éventrés. Nous avons été pourchassés comme des animaux sauvages. Je suis rentré mains vides, violentés.
J’ai vu de mes propres yeux une femme qui a perdu deux de ses enfants et les policiers brazzavillois lançaient ces enfants comme un sachet dans le bateau. Les enfants n’ont pas été accueillis, ils ont heurté le sol puis sont morts sur le champ. Leurs corps ont été amenés à la morgue par les mêmes policiers. Quatre barrières ont été érigées, sur chacune d’elles, c’est le calvaire ».
Cathy Katembo
« Je suis mère de trois enfants. Mon mari est resté à Brazzaville, je ne sais pas ce qui peut lui arriver un de ces quatre matins. Nous avons beaucoup souffert, nous étions violées, violentées, battues comme des animaux sauvages. Regarde la joue comme elle est. Mon mari qui était au service a été pris puis enfermé dans la maison d’Ari. J’ai vu d’autres hommes qui ont été mis vivants dans la morgue, leurs femmes violées. Ces policiers jetaient des enfants sur le bateau.
J’ai vu un bébé de 2 mois jetés comme un sachet puis mort sur le champ. Ces policiers se sont empressés sur nos biens de valeurs qu’ils nous ont ravi. J’ai vu au Beach une femme accouchée sous l’émotion. Bien qu’ils l’ont amené dans un centre de santé, elle ne bénéficiera pas des soins. Ils sont cruels ces policiers brazzavillois.
Cependant, Brazzaville vient de commettre l’irréparable. Hier, ils ont été accueillis dans les foyers des kinois, lors de la guerre qui a opposé Sassou Ngwesso à Pascal Lisouba. Malheureusement, ceux qui ont été considérés comme frères vivants sur un même territoire séparé par le fleuve, ont craché sur la bonté, la compassion et l’hospitalité de ceux qui les ont reçus hier.
Toutefois, de nos propres yeux, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo, à travers l’hôtel de Ville de Kinshasa a pris des dispositions en vue de dispatcher les familles dans leurs lieux d’origines. Un bus a été mobilisé pour 29 familles à conduire dans le Bas-Congo. Ceux de l’Equateur sont en attente, mais selon les propos du Gouverneur André Kimbuta, un avion sera disponibilisé pour eux, car l’option est levée.
Pius Romain Rolland/Avenir/Congo Création Active

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