jeudi 1 mai 2014

Lecture du temps : La littérature congolaise florissante (1)

Les manuscrits sont sortis de leurs tiroirs…

Contrairement à ceux qui disent : les congolais lisent peu, l’engouement des congolais dans les  bibliothèques publiques et celles rattachées à des chancelleries  révèlent une autre réalité. Il y a chaque jour, une affluence de lecteurs qui se recrutent dans le milieu estudiantin pour des besoins de recherche  mais surtout des amoureux de la lecture. Les statistiques  soutiennent du reste cet engouement des congolais pour la lecture. Et face à cette réalité, les écrivains congolais ne se sont pas dédouanés de leurs plumes. Ils sont vivants dans les rayons des bibliothèques de la place. Et, la RD Congo en soi, c’est une mine d’information et de réalité qui a aussi intéressé les plumes des écrivains d’outremer.

 Leurs manuscrits au cours de cette année 2013 sont sortis de leurs tiroirs.  Et ce n’est pas pour  rien. Il y a des signes de temps. Si certaines maisons d’éditions congolaises   ont déchanté faute des moyens de leur politique et de leur mission.  Certaines étrangères ont compris l’enjeu de la littérature congolaise. Elles sont venues à la rescousse des écrivains congolais.
Celles et ceux qui ont captés la plume de l’avenir
A travers sa nouvelle plaquette intitulée « au cœur de Kinshasa », la journaliste Céleste Ipoli, animatrice à Radio Okapi, immortalise l’ensemble de ses chroniques sur les ondes de la radio onusienne dénommées « ça fait battre mon cœur ».  Cette charmante animatrice a œuvré durant deux ans dans la tranche matinale de la radio Okapi.
L’auteur confirme par sa plume alerte  que Kinshasa a bel et bien un cœur. C’est dans cette approche de chose qu’elle s’est investi dans ses chroniques à percer le cœur de Kinshasa pour ses auditeurs. Il en a fait de même au délà du micro, cette fois en le couchant sur les pages de son livre. Celui-ci se réclame des éditions Harmattan.
Le plus souvent, écrire un bon curriculum vitae ou rédiger une très bonne lettre de motivation, réussir une entrevue, c’est le pari que plus d’une personne ne parvienne pas à arracher sur le marché d’emploi. Cette préoccupation a motivé la plume de madame Linda Endundo Bononge pour relever ce défi. Partant de ses expériences dans le monde d’emploi, à travers cette  plaquette intitulée « un passeport pour l’emploi d’un chrétien », elle compte renforcer les capacités, non seulement, des demandeurs d’emploi, mais également des employeurs à détecter de valeurs sûres pour leurs entreprises.
Dans un environnement médiatique dominé par des tabloïds à forte connotation politique et où la presse dite spécialisée tente de se frayer un espace. L’éditrice Christelle Mpongo  par sa revue « Femme d’Afrique » tient aussi à y laisser ses empruntes. « C’est tout un challenge pour ma revue en quête de sa propre voie et qui se garde de marcher sur les plates bandes déjà déblayés », a laisse entendre l’oratrice à la presse.  Et, en optant pour la femme comme soubassement de son contenu, son initiatrice espère contribuer à une requalification de la perception négative dont cette dernière a toujours souffert dans les sociétés africaines en proie aux us et coutumes encore  vivaces.
A travers l’ouvrage « Histoire du Congo RDC dans la presse. Des origines à l’indépendance »,  la plume d’Ekambo Duasenge sous le label des Editions L’Harmattan vient de revisiter l’histoire de la RD Congo sous les lanternes de la presse. Jean-Chrétien Ekambo  a entrepris une démarche aussi périlleuse face à l’histoire mouvementée de la RD Congo, celle de détecter le rôle fondamental  joué par la presse dans l’éveil des consciences particulièrement  des évolués. L’ouvrage du professeur EKambo est multidisciplinaire. Et, que la plume de ce professeur de communication a prouvé à suffisance au monde que l’histoire n’est pas exclusivement une chasse gardée seule pour les historiens. Et que l’histoire tend actuellement à la pluridisciplinarité. D’après la recension du professeur André Yoka Mudaba de l’institut national des arts, Cet ouvrage du professeur Ekambo est tombé à point afin de compléter un vide dans l’histoire du Congo.
La journaliste belge Colette Braeckman a présenté en 2013 son dernier ouvrage «L’Homme qui répare les femmes ». Ouvrage qui fait le portrait du Docteur Mukwenge. Ce médecin qui consacre sa vie à sauver les femmes du Kivu victimes des violences sexuelles. Dans ce livre «L’homme qui répare les femmes. Violences sexuelles au Congo : le combat du docteur Mukwege», de 160 pages publié aux éditions GRIP/André Versaille, Collette  Braeckman considère les violences sexuelles auxquelles fait face la RDC comme une «épidémie inoculée».  Elles constituent «un phénomène  culturel ou traditionnel». Elle rend hommage au gynécologue Denis Mukwege, médecin directeur de l’hôpital de Panzi, spécialisé dans le traitement des femmes victimes de violences sexuelles. Dr Mukwege a été victime d’une tentative d’assassinat à son domicile de Bukavu (Sud-Kivu), le 25 octobre.
Collette  Braeckman affirme que le peuple congolais n’est pas par nature violent: «Le viol n’est pas une constante à la culture congolaise. C’est quelque chose qui a été inoculé au Congo. C’est un phénomène nouveau au Congo. C’est comme une épidémie et le Congolais n’est pas plus disposé aux chaos, aux désordres et aux violences que le peuple rwandais, ougandais que n’importe quel autre». A travers ce livre, la journaliste belge pense que ce sont de choses qu’il «faut dire haut et fort que ce n’est pas vrai », pour que les violences sexuelles diminuent.

« Il faudra en RD Congo un débat sur les questions de développement régional », a lancé un appel le scientifique Jean-Claude Mashini, à l’occasion de la cérémonie de baptême de son ouvrage intitulé « le développement régional  en RD Congo de 1960-1997 », l’exemple de Kwango-Kwilu.  En effet, aussi longtemps que cette question ne sera pas traitée à l’échelle nationale.  La Rd Congo sera confrontée   aux freins du développement national. Ce débat doit s’appuyer aussi sur la question de la décentralisation des responsabilités, donc un leadership local. Cet ouvrage de 348 pages se réclame des éditions Harmattan.  Il a les mérités d’ouvrir un débat sur une question de fond  lié au développement de la RD Congo. L’auteur  prend en exemple les deux districts de la province du Bandundu, à savoir le Kwango et le Kwilu.
L’ouvrage  « Légendes et Saisons de Métal », est une œuvre collective réalisée par trois artistes congolais en l’occurrence, Freddy Tsimba artiste sculpteur congolais de renommé internationale, de l’écrivain congolais M. Vincent Lombumé Kalimasi et du photographe Cédric Nzolo Ngamobu. Ce livre selon ses auteurs, est un témoignage de saisons de tourments dans le monde. Mais le sculpteur s’est inspiré de son monde direct, la République Démocratique du Congo pour faire les légendes de métal.
Parlant de son ouvrage, Freddy Tsimba a signalé que sa source d’inspiration pour toutes ses œuvres, c’est tout ce qui l’entoure, y compris sa vie. Mais ce qui l’accroche et le choque le plus, c’est la souffrance. Surtout celle qui est engendrée par les différentes guerres à répétition que connait son pays. Raison pour laquelle, il utilise des objets qui ont servi à produire ce tourment (les machettes, cartouches des balles réelles, les douilles,…) pour réaliser ses œuvres (statuts) afin d’interpeller les politiques, qui en sont les acteurs directs.
Il nous a quitté en 2013 mais il vit parmi nous à travers ses écrits. Lui c’est Père Ekwa, l’auteur de l’ouvrage intitulé «  L’Ecole trahie ».   Aussi longtemps que le secteur de l’éducation nationale continue à dégringoler au rythme du pays. L’ouvrage de Père Ekwa garde encore sa saveur. L’auteur ne s’érige pas à un témoin gênant pour le secteur de l’éducation, plutôt, il dénonce la déperdition de l’école. Aussi longtemps, l’Etat n’apportera pas des reformes pour le développement de l’école. Les élèves subiront l’irresponsabilité de leurs tuteurs. Et, pour un pays qui réclame une reconstruction nationale, il sera décapité de sa jeunesse, de son élite à la suite d’une formation au rabais. A travers 237 pages, sous le label des Editions Cadicec, l’écrivain dresse un bilan alarmant de la démobilisation de l’école par ceux qui devaient les gérer. Le Père Ekwa démontre dans ces analyses que l’Etat congolais ne semble plus savoir la maison terminée, il décide d’y abriter une usine. « C’est trop petit, constatera-t –il je ne peux rien faire de ce bâtiment. Démolissez-le ». Face à cette irresponsabilité de l’autorité publique de gérer comme il se doit ce secteur de la vie nationale, Père Ekwa crie à la trahison de l’école. Un ouvrage à lire… Il y en a encore d’autres qui les lecteurs congolais ont lu avec délectation.
Saint Hervé  M’Buy 

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