lundi 24 juin 2013

Mode et mœurs : l’automédication, une réalité courante à Kinshasa

L’automédication  ancrée dans les habitudes des Kinois…
A Kinshasa, l’automédication prend de l’ampleur, au point d’accroître des victimes. Face à l’inconscience généralisée de la population, les professionnels de santé tirent la sonnette d’alarme et appellent au changement de comportement. C’est notamment ce qui ressort d’un entretien avec Dr Junior Nyemabo Kalenga de l’Hôpital général de référence de Kinshasa, HGK (ex Mama Yemo). Il déconseille l’automédication, une pratique qui, a-t-il démontré, s’accompagne des conséquences néfastes.
« Tout médicament est un poison… Tout est question de respect de dose (…) », a-t-il relevé. A Kinshasa, la question de la salubrité de l’environnement implique l’engagement de toutes les couches de la population : le manque de mesures élémentaires d’hygiène, l’émission des gaz à effet de serre, l’insécurité alimentaire,...Le décor est planté pour qu’à coup sûr et fréquemment des malades se déclarent, nécessitant l’intervention des professionnels de santé.
Dans la quête de la guérison, le médecin est la personne la mieux indiquée pour toute consultation. « Le processus de guérison commence par l’anamnèse (entretien avec le patient) puis le médecin pose le diagnostic. Ce diagnostic ne pourra être confirmé que par les résultats des examens. Ce n’est qu’en ce moment que le médecin pourra prescrire les produits pharmaceutiques censés apporter la guérison », a détaillé l’orateur.
Il ne suffit pas d’avoir des lunettes pour remarquer que la plupart de Kinois prennent les médicaments sans consulter le médecin. Cette pratique, on la désigne sous le terme d’ « automédication ».
Mais avant d’en arriver, Junior Nyemabo donne la définition de l’automédication : « c’est l’utilisation hors prescription médicale, par des personnes pour elles-mêmes ou pour leurs proches et de leur propre initiative, de médicaments considérés comme tels et ayant reçu l’autorisation de mise sur le marché, avec la possibilité d’assistance et de conseils de la part des pharmaciens. »
Evoquant les conséquences de l’automédication, le médecin affirme que tout médicament est un poison, tout est question de dose. A des doses élevées, les produits pharmaceutiques peuvent entrainer les pathologies médicamenteuses (maladies dues à l’utilisation irrationnelle des médicaments). Ces pathologies résultent des effets indésirables toxiques de l’automédication.
A tire d’illustration, Loprade, un analgésique dérivé de la morphine et utilisé couramment pour calmer la diarrhée peut provoquer une dépression respiratoire pouvant conduire au coma.
Le C4, un anti histaminique et non une vitamine comme le laisse croire le commun des mortels et utilisé régulièrement pour stimuler le centre de la faim peut causer la somnolence et l’affaiblissement du système nerveux central.
Cependant, Junior Nyemabo nuance en soulignant que certains médicaments conviennent à l’automédication de base et à faible risque, si l’information liée au produit est pertinente, lue et respectée. C’est le cas de Paracetamol pour atténuer la fièvre mais à la dose recommandée. Tel que l’ont fait certains pays, nous recommandons à l’Etat de faciliter l’accès aux médecins et au remboursement de la sécurité sociale (et des mutuelles) mais aussi par les limitations légales aux ventes des médicaments sans ordonnance.
Jean-Marie Dimbalengi

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