jeudi 13 juin 2013

Créateur : Samy Baloji immortalise Likasi la coquette


La collection photographique de Sammy Baloji constitue une lecture dans le temps d’une architecture témoin de l’histoire. Sammy Baloji fait un arrêt sur image sur la ville de Likasi dans ses oeuvres. L’artiste bat un travail de terrain et de repérage de traces et signes laissés par la colonisation: bâtiment administratifs et commerciaux, villas, plans d’urbanisme, zones industrielles. Il est présent actuellement du moins ses œuvres dans les activités du Festival Connexion Kin. Une partie de ses œuvres fait partie de l’exposition photo qui se déroule à l’Espace Mont des arts du Collectif Sadi.

La collection photographique de Sammy Baloji constitue une lecture dans le temps d’une architecture témoin de l’his­toire.  Pour Eric Girard, l’architecture est alors révélée comme un site d’une archéologie moderne, témoin d’un passé très proche et pourtant déjà évacué de nos mémoires, sait par recyclage soit par abandon pur et simple.

Certains coins de Likasi ressemblent à Kinshasa où vit encore les traces du colonisateur, des bâtiments qui résistent au temps.

Des murs lézardés, des infrastructures à l’état d’abandon, le commerce qui peuple toutes les rues. La cité gagnée par des égli­ses qui témoignent du degré éle­vé de spiritualité des populations congolaises en quête du bien­ être dans chaque coin des rues, des cabines téléphoniques pillu­lent comme des champignons.

Licencié en sciences de l’information et de la communication de la Faculté des Lettres de l’Université de Lubumbashi (Unilu) Sammy Baloji est né en 1978 à Lubumbashi où il vit et travaille. Sa première passion a été la bande dessinée mais il s’est progressivement orienté vers l’audiovisuel avant de découvrir dans la photographie, la forme la plus adéquate de son expression artistique.

Dans ses photos, il aborde des thèmes variés, les expressions corporelles dans la danse des bras, l’ethnographie dans le reportage Bun­keya survivance d’une royauté, et l’architecture dans ses travaux sur le patrimoine industriel et urbain de Lubumbashi.

 En collaboration avec le chorégraphe Faustin Linyekula, Sammy Baloji a aussi réalisé un film (Mémoire) et a participé à la création de la pièce « Di­nozord ».

Un coup d’œil  sur la ville de Likasi

D’après le témoignage de notre confrère Hubert Maheux in « Nzenze n°1 », Likasi est une ville industrielle du sud Katanga. Son histoire est liée à l’exploitation du cuivre. Fondée en 1910, la ville a toujours vécue à l’ombre de la puissante société minière Gecami­nes.

Depuis l’effondrement de l’industrie, la ville vivote autour de l’exploitation artisanale du minerai. De nouveaux projets d’exploitation donnent un nouvel espoir à la population.

Cette oeuvre photographique originale a été conçue dans le cadre d’une mission qui fait suite aux premières journées du patrimoine en Afrique francophone, organisées à Lubumbashi les 17 et 18 septembre derniers.

Après une visite rapide de la ville par Marie-Fran­çoise Plissart, la cohérence architecturale du centre ancien est apparue évidente.  Comment rendre palpable ce paysage urbain ? La solution pour l’artiste a été de photographier l’ensemble des rues.

Le travail a consisté à réaliser des prises de vues avec un appareil numérique, toutes les maisons d’une rue, puis de réaliser un montage en les juxtaposant, afin de former des panoramiques, donnant un aspect à la fois réaliste et rêvé de la rue.

 Présentés dans l’espace, ces panoramiques vont permettre de reconstituer visuellement, en trois dimensions, une partie du centre ville de Likasi. Dans ce travail, la photographie d’architecture devient œuvre d’art.

N’en déplaise aux historiens de l’art, la qualité architecturale n’est pas rentrée dans les critères de sélection: nombre de bâtiments présentant un intérêt remarquable, ne paraissent par dans ce travail car ils sont hors du périmètre pris en compte.C’est un regard original porté sur la ville, avec deux lectures possibles, sur fond d’architecture coloniale qui forme te décor, en premier plan, le visiteur est plongé dans la vie quotidienne de l’habitant de Likasi en cette fin d’année 2005.

Dans un pays où la photographie a longtemps été interdite et où ce tabou est encore très présent, ce travail est à la fois un exploit et une première.A travers ce regard original, « Likasi la Coquette », une des plus jolies villes du Katanga, retrouve à nouveau son lustre d’an­tan.

Saint Hervé M’Buy

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