vendredi 14 décembre 2012

Lecture du temps : L’Afrique : deuxième marché mondial de la téléphonie

L’Afrique est-elle l’avenir de la téléphonie mobile ? s’interroge AgoraVox dans l’une de ses livraisons. Surnommée la « terre promise des télécoms », l'Afrique est le deuxième marché mondial de la téléphonie mobile après l'Asie : fin 2012, le nombre de clients devrait atteindre 735 millions de personnes. Cet essor des télécommunications montre une Afrique dynamique qui en profite pour développer son économie et ses services malgré des infrastructures encore pas assez développées. Un de pays de l’Afrique, la RD Congo a connu ses dix dernières années aussi dans cet élan, l’arrivée de nouveaux opérateurs de communication  entre autres Orange et Africell.

Le « boom » de la téléphonie des années 2000

Selon le premier rapport de l'Africa Mobile Observatory de la GSMA (Groupe Speciale Mobile Association), publié fin 2011, l'Afrique est le continent qui enregistre le plus fort taux de croissance : au cours des cinq dernières années, le nombre d'abonnés a progressé de 20% par an et le marché devrait atteindre 735 millions à la fin 2012. Cela ne doit pourtant pas cacher les grandes disparités qu'il existe : si le taux de pénétration a dépassé les 50%, 25 pays comptabilisent à eux seuls 91 % des connexions mobiles, en tête desquels figurent le Nigéria (100 millions d'abonnés), l’Égypte et l’Afrique du Sud.

Cette disparités montre à quel point le continent africain doit encore augmenter son taux de pénétration. Selon les estimations de la GSMA (voir schéma ci-dessous), le nombre d'abonnés au téléphone mobile devrait atteindre 910 millions de personnes en 2015, soit un taux de pénétration de 85%. Il est vrai que l'Afrique est partie de loin et que le continent connaît une spécificité non négligeable : le réseau du téléphone fixe est quasi-inexistant. Les Africains ont eu accès directement au téléphone mobile à partir des années 90.



Un bref rappel historique s'impose : au cours des années 90, le téléphone mobile est encore un produit de luxe. Au cours de cette période, le marché de la téléphonie se libéralise et les opérateurs comprennent bien vite que leurs offres doivent être adaptées à la population africaine. En 2000, les opérateurs proposent des services pré-payés par carte, qui représentent 96% des connexions et permettent aux usagers de mieux contrôler leurs dépenses et davantage de flexibilité. C'est alors un « boom » de la téléphonie : le nombre d'abonnés passent de 17 millions en 2000 à 552 millions en 2011 !

L'Afrique passe sa vie au téléphone

Selon GSMA, le secteur de la téléphonie apporte directement 32 milliards de dollars à l’économie de l’Afrique sub-saharienne, soit 4,4% de son PIB, et emploie actuellement 3,5 millions de personnes. C'est plus qu'un phénomène de société,

Dans une tribune intitulée « Afrique : la révolution par le téléphone portable », Jean-Yves Ollivier, homme d'affaires en Afrique depuis plus de 40 ans, souligne l'importance du développement des télécommunication, aussi importante, si ce n'est plus, que l'éducation et la santé : « Je sais bien qu'il est mal vu de se moquer de la charité, qui commence souvent par l'hôpital et l'école. Mais en dépensant leur propre argent, qui est pour le moins compté, les plus démunis nous révèlent d'autres priorités. Pour eux, l'énergie et les voies de communication -la route, le chemin de fer, les bateaux, l'avion, le téléphone et, de plus en plus, internet- sont leurs atouts les plus précieux. Bien-sûr, l'école et l'hôpital sont indispensables. Mais l'Afrique passe sa vie au portable ».

Les marchés créés grâce à la téléphonie

Le fait est que grâce au téléphone mobile, de nombreux services sont maintenant à la disposition des Africains, surtout ceux qui vivent dans des milieux ruraux (60% de la population) où les banques, les hôpitaux et autres administrations sont souvent absents. Car qui dit mobile dit application mobile.

En Afrique, les banques ont vite compris que des services par SMS pouvaient éviter tout déplacement et faciliter les échanges avec le client. On appelle ces services le « mobile-banking » qui est souvent associé à des offres de microcrédit pour financer l'activité des plus pauvres. La microfinance, développé à grande échelle par le Prix Nobel de la Paix Muhammad Yunus au Bangladesh, est très présente en Asie et en Afrique. En Afrique, la banque-phare est M-Pesa, créée en 2007 au Kenya et qui a séduit plus de 20 millions de clients.

En plus de ces services bancaires, le téléphone mobile permet de développer des services pratiques au quotidien : comme l'indique cet article de RFI, « un véritable écosystème d’innovation et de création technologique sur la plateforme mobile contribue à améliorer la vie des africains. il n’est plus surprenant pour un agriculteur de consulter le cours du marché depuis son mobile ou encore d’acheter des graines, des outils… » Des applications existent aussi pour consulter des médecins à distance, connaître la météo, etc.

Depuis dix ans, le continent africain a considérablement développé son réseau de téléphonie mobile. Une véritable révolution qui permet concrètement à la population de se responsabiliser et de se prendre en mains. Cela pour l'intérêt des entrepreneurs et des consommateurs. L'Afrique est définitivement l'avenir de la téléphonie mobile.


Matthieu Carmineau/AgoraVox/Avenir/Congo création active

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