mercredi 21 décembre 2011

Mode et mœurs: La « sapologie », une expression de la « kinoiserie »

La kinoiserie, c’est une manière propre aux kinois d’être, de se comporter face à tel ou tel événement, un mode d’expression exhibitionniste  propre à certains habitants de Kinshasa. La kinoiserie, c’est un néologisme péjoratif qui ramène dans la société tous les vices comportementaux de kinois. A ce  jour, la kinoserie s’étale sur la place publique aussi dans le domaine de l’habillement teinté d’une certaine extravagance à outrance ou encore comme aime bien le dire les kinois, la « sape ».

Kinshasa, c’est une de ville au monde ou certains  jeunes et vieux  dits branchés aiment s’afficher avec des vêtements   sans enlever les étiquettes d’emballages. Shegues, leurs « excellences » (ndlr : officiels), intellectuels et autres prostituées pour se prévaloir qu’ils sont dans la mode et surtout à la page, laissent voir leurs griffes. Certains laissent balancer l’étiquette des manches de leurs costards tout arpentant les artères de la ville de Kinshasa. Derrière leurs têtes, c’est l’illusion d’appartenir à certaine classe nantie.
Et, cela ne suffit pas, il laisse traîner à ses pieds sa valise Louis Witton contenant du reste, la richesse de sa garde robe. Au moindre accrochage avec un autre « exhibitionniste », ce sapeur déploie son armada  des vêtements et autres chaussures coûteux et griffés par des créateurs japonais et italiens. Il lève d’un coup, un pied de ses chaussures de tennis d’origine italienne Prada, à son concurrent de circonstance. Son adversaire fait autant cette fois c’est une chaussure Lacoste.
Pour d’autres, certaines femmes en l’occurrence, ose même abandonner l’étiquette de leur string, Calvin Klein,  se balancer au niveau de la ceinture de leur pantalon jeans à la taille basse dit « fashion ». Pour cette jeune fille rencontrée dans une terrasse au quartier Matonge dans la commune de Kalamu, c’est une manière pour elle de s’affirmer qu’elle est dans le temps. Et que les frings qu’elle a enfilés, sont nouvellement sortis des sachets d’emballages, pimpants neufs.   « Bapetits na ngai bozomona Nkewa toujours…ba taureau bakonda… » (Mes petits…je suis toujours dans le temps, les jaloux vont maigrir…), martèle-t-elle à celui qui veut l’écouter.
Cette mode d’expression en public a pris de l’ampleur au point que sous un soleil torride, certains jeunes endossent les manteaux en Versace. « Moto naza toujours na top, je suis l’homme de quatre saisons…mikili pamba pamba, botala bilele » (ndlr : «mon pot, je suis toujours au top, je suis habitué au quatre saisons…je fais l’Europe tout le temps, regardez mes vêtements », se crie ce jeune sapeur sur l’avenue Kimbondo dans la commune de Bandalungwa. A grand pas, ces cinq sapeurs s’adonnent à un exhibitionnisme digne d’un défilé de mode d’un créateur.  Ce qui est vrai depuis qu’ils sont nés…ils n’ont jamais monté dans un avion, ni sorti de KInshasa.

Le revers de la médaille de la « sapologie »

Ces adeptes de la sape, ou encore de la sapologie (néologisme empreinte à l’artiste musicien Papa Wemba)  doivent savoir, on s’habille pour se couvrir le corps. C’est vrai qu’en s’habillant, on a le souci de se présenter dans son meilleur jour, bref d’être élégant. Toutefois, cette élégance ne tient nécessairement pas compter du coût financier, ni de la griffe du vêtement, mais plutôt à la propreté, à la concordance de couleur, à la prestance personnelle d’un individu, etc.
Or, de nos jours, la sapologie, une des expressions de la kinoiserie  révèle une autre réalité de l’individu sapeur à l’encontre des bonnes mœurs. La sapologie est un autre son de cloche aux notions de la mode, même le couturier Versase risque de se retourner dans sa tombe. ET pourquoi ? A Kinshasa, certaines personnes de 7 à 77 ans s’adonnent un peu trop à la mode au point de frôler le ridicule au nom de la sapologie. La leçon d’un couturier abordé par Look’in nous révèle qu’on peut s’habiller des griffes de grands couturiers mondialement connus mais en s’affichant dans une tenue correcte.  Et derrière la sapologie se cache un autre souci de couvrir sa misère en créant l’illusion d’une vie meilleure. Beaucoup de sapeurs sont issues des familles misérables mais le paradoxe, il n’hésite pas de se chausser en Weston, qui vaut au plus bas 500 euros. 

Saint Hervé M’Buy

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