lundi 12 décembre 2016

Mode et mœurs : des kinois de plus en plus dépendants des aphrodisiaques

Tangawisi
La vente et l’exposition des aphrodisiaques sur la place publique à Kinshasa font désormais, partie du quotidien des Kinois. Cette vente à découvert de stimulants, autrefois considérés comme sacrée, est l’une des conséquences d’une activité sexuelle, elle-même banalisée dans les milieux des jeunes.


La liste des substances et plantes aux effets aphrodisiaques est très longue. Selon les Kinois, en tête de liste serait le fameux "Kita-Mata "(force virile), une racine locale. C’est l’un des plus célèbres et les plus utilisés. Le Gingembre (Tangawisi), une plante tropicale proche des orchidées originaire de la région orientale des Indes, en est également réputé.
Un vendeur ambulant de ces stimulants ne fait aucun mystère. "Le Mogomboro (élargit le pénis de l’homme), le Lolango (Anti-poison), le Lofimbo (traite les hémorroïdes et les maux de dents), le Mupesipesi (est un antidote pour les maux de ventre), le Mondongo (soigne les maux de gorge), le Kimbiolongo (nettoie les reins et soigne la tension), le Makasu ou noix de Kola (antisommeil et revitalisant), le Ngadiadia est un antipaludéen, etc. mais que les ignorants prennent pour des excitants sexuels ", a-t-il expliqué sous couvert de l’anonymat.
Mais aux côtés de ces plantes plus commercialisées comme jamais, existent aussi des boissons préparées à base de ces aphrodisiaques. On citerait le Londokas, Londowis, Wisiwisi, Power, "Boma Maman "…
" Moi j’utilise souvent le Makasu pour calmer ma salivation. Quand je suis enceinte, ça me permet de ne pas gêner mon entourage en crachant à tout moment ", a confié Nana la trentaine, une dame enceinte rencontré dans une terrasse à Matonge.

DANGERS

Le mot aphrodisiaque vient du grec aphrodisiakos, du nom de la déesse de la beauté et de l’amour Aphrodite. Il désigne une substance naturelle qui a pour objectif d’amplifier le désir et les capacités sexuelles. Fort malheureusement, certains stimulants peuvent s’avérer dangereux. Il est ainsi préférable de prendre l’avis d’un médecin ou d’un pharmacien avant de consommer certaines plantes, afin d’éviter des surdosages et des effets secondaires, chose qui n’est malheureusement pas prise en compte par les consommateurs Kinois.
" L’utilisation abusive de ces plantes entraîne des effets dégradants sur le corps humain. Souvent l’administration de ces plantes médicinales n’est accompagnée d’aucune prescription de spécialiste. Ce sont souvent des informations qui circulent de bouche à l’oreille, surtout dans les milieux des disciples de Bacchus ", a expliqué Mme Lucie Atocha, étudiante en 3ème année de Médecine à l’Université de Kinshasa.
Ce qu’il faudrait également savoir sur ces stimulants sexuels, c’est le fait d’être à la base de plusieurs accidents de santé. Certains peuvent aller jusqu’à provoquer une hémorragie rénale. Certaines plantes indiquées comme étant des vasodilatateurs. Ainsi, ils ont la vertu de provoquer un afflux de sang érectile. Cependant, les spécialistes condamnent la prise abusive de tous ces médicaments qui peut s’avérer nocive. Par conséquent, ils sont contre-indiqués en cas d’anomalie hépatique, d’insuffisance rénale ou d’hypertension. Si une prise occasionnelle d’aphrodisiaques peut permettre d’augmenter le désir sexuel, elle ne règle pas en revanche, les troubles qui surgissent pendant le coït, précise un médecin. 

Bahati KASINDI

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