vendredi 25 décembre 2015

Lecture du temps : Noël 2015 écartelé entre misère et espoir

Veillée d’armes en attendant la Saint Sylvestre

Campagne de pub pour la cohésion nationale à la veille du dialogue nationale,  embouteillages, coupure en fournitures en courant électrique et autres poulets avariés… les lustres annoncent l’évènement en couleur la Noel 2015   à travers les vitrines de certains hôtels de la place. Les parents  sont stressés à l’approche de  ces festivités à la demande de leurs enfants et de la famille élargie. Ils se préparent bec et ongle pour arracher le sourire de leurs enfants le jour J.

Au fait, la nuit du lundi 24 au mardi 25 décembre 2007, les Kinois vont commémorer Noël, fête chrétien­ne de la venue du Messie de l’hu­manité, en la personne de Jésus-Christ, fils de Dieu.
Du reste, beaucoup de familles congolaises vont célébrer cette fête dans la morosité. Sans être un prophète de malheur, la population boude de ne pas voir leur panier de la ménagère satisfaire les besoins de la famille.  La plupart de Kinois vont célébrer cette journée excep­tionnelle sous tension, car frappés par des ef­fets de la conjoncture économique difficile. Il en est ainsi dans tou­tes les provinces du pays et même au Nord Kivu où l’on a noté un calme relatif sur les fronts des ar­mes.
Pour le reste du monde et à travers le temps, cet événement est toujours marqué d’une pierre blanche et revêt un caractère solennel. Car, de par la naissance de Jésus Christ, il symbolise une fête des familles et de l’Eglise. Jé­sus-Christ est venu libérer l’hom­me du péché et lui a apporté la lumière.
Mais bon nombre de Kinois pour cette année ont réservé un accueil moins glorieux à leur Mes­sie. Ce qui est vrai les kinois vont louer la venue de l’enfant Jésus  dans leurs paroises et Eglises respectives. L’enfant Jesus va être acceuilli à Kinshasa dans un trou noir occasionné par des coupures des fournitu­res en électricité non annoncées.
Seuls les plus nantis vont festoyer dans un culte de Bacchus à l’oc­casion du réveillon de Noël, le champagne a coulé à flot, de même que des coupes de vin millésime. Les décibels de la belle musique congolaise vont peut-être rivalisé avec les grondements de groupes électrogènes.

Sur d’autres abords de la ville, la majorité de la population doit faire face aux désagréments légendaires en fournitures du courant, mais également dans certains quartiers, les robinets ont été à sec. Des pères de familles sont confrontés aux réalités choquantes dans la mesure où, beaucoup d’entre eux n’ont pas bénéficié de leurs arriérés des salaires, d’autres comme à l’ac­coutumé, sont sous- payés.

Beaucoup d’entre eux  remue ciel et terre pour asseoir les appétits des plus petits, et même de tous leurs enfants. Ils se sont donnés alors un véritable derby pour arracher ne seraient-ce que les sourires de leurs enfants, le jour de Noël.
 
Jadis, les familles entières se déplaçaient pour l’Eglise tirées quatre épingles pour commé­morer la fête de Noël. Et sortant de la prière, la fumée aux arô­mes des grillades s’échappaient des murs des parcelles rivalisant avec les parfums de fleurs. Les couleurs festives s’annonçaient aux jardins de la parcelle où les menus festifs étaient rangés pour la circonstance… en plus de bois­sons fraîchement alignées dans les étagères du réfrigérateur. Aujourd’hui ce n’est qu’une illusion pour les familles moyennes.
 
Aujourd’hui, Noël est plus spirituel, cela se fête dans la mé­ditation qui enveloppe les amertu­mes. « Ce n’est qu’un rêve de l’autrefois, il ne faut pas rêver la belle époque de Léo qui s’est ar­rêté pour laisser place à la misè­re la plus honteuse », a réagi un fonctionnaire s’adressant à son épouse. Celle-ci s’affairait à cuire des partitions de cuisse des dindons. Celle fresque ne constitue que les réalités de plusieurs Ki­nois. Kinshasa est une ville à plu­sieurs contradictions et paradoxes. Noël lève le rideau pour la Banana. Si certains Kinois vont passé Noël dans la morosité, d’autres vont surmonté la misère, en s’offrant un peu d’allégresse. Ils n’ont pas voulu rester en marge de la tradition, mais à quel prix ! Après d’énormes sacrifices pour égayer les petits.
  
Saint Hervé M’Buy

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