jeudi 7 mai 2015

Business : Ados Ndombasi : « (…) Si le gouvernement ne nous soutient pas, l’avenir du Festival Toseka sera un coup d’épée dans l’eau »

Ados Ndombasi
D’un air préoccupé, le Coordonnateur général du Festival International de l’humour de Kinshasa, Toseka, nous a accordé un entretien sur des questions brûlantes de l’heure. Ados Ndombasi, positif et serein, est revenu sur les objectifs du festival, le refus de visas aux humoristes kinois à l’Ambassade, l’apport du gouvernement et son appel aux autorités congolaises pour le soutien nécessaire. Ceci pour redorer l’image de la grandeur du Congo. En sous, revivez les temps fort de l’interview réalisée au bureau de la Plateforme Watoo Bala bala.
Au mois d’octobre 2011, vous énonciez le projet Toseka pour la 1ère fois. Après deux éditions, quel état de lieux faites-vous de ce festival de l’humour de Kinshasa ?
Les choses se sont bien déroulées, vous êtes de la presse, vous êtes témoin, la République a apprécié la démarche de la première et de la deuxième édition. Maintenant, nous sommes dans les préparatifs de la troisième édition du Festival International de l’humour de Kinshasa Toseka. Nous espérons bien sûr, atteindre nos objectifs.
La 3ème édition, c’est au mois d’août. Est-ce que l’image de Toseka comme fête cadrant aux activités du 30juin n’est pas détournée ?
La 1ère édition se déroulait dans la quinzaine du mois de juin 2012. C’était dans le cadre du sommet de la Francophonie. Et la deuxième du 25 au 30 juin 2013, mais c’était un choix personnel. Pour la 3ème édition, c’est au mois d’août par rapport aussi au calendrier de certains artistes internationaux qui souhaiteraient participer à cette grande fête africaine de l’humour. Et ils ont demandé qu’on décale les dates pour mettre en ce mois-là qui coïncide avec la clôture des grandes vacances. D’ailleurs, cela nous permet aussi d’avoir plus de temps de bien préparer l’édition en cours.
A cette allure, l’on dirait que le Festival Toseka n’aura pas de mois fixe ?
Ce qui est sûr, c’est que nous ne nous accrochons pas sur les évènements. L’année prochaine, Toseka pourra se dérouler au mois de juillet ou en septembre.… Retenez que le festival qui se recherche encore, est à la quête de son identité, en train de se définir aujourd’hui. Comme nous l’avons dit récemment, notre festival s’accroche sur cinq piliers dont artistique, touristique, économique, social et politique. Aussi dans le volet social, nous formons les jeunes humoristes, puisqu’actuellement, Toseka est le plus grand évènement humoristique en Afrique centrale. Nous souhaitons que cela devienne le plus grand en Afrique. Pour y parvenir, il faut avoir des talents locaux. Nous voulons qu’il s’appuie sur une jeunesse congolaise très outillée. C’est pour cela qu’à la 1ère édition, il y a eu Mamane, à la 2ème Omar Defunzu, l’un et l’autre formaient de jeunes humoristes. Et cette fois-ci, c’est Kody Kim qui était à Kinshasa deux fois de suite.
Programmés à Bruxelles, trois jeunes humoristes congolais ont été interdits de visa à l’Ambassade. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?
Je suis très peiné
…Surtout que vous avez obtenu le fameux visa, et pas les autres…
Non, ce n’est pas le problème de visa. Moi aussi je suis dans le même lot. Ces jeunes-là ont de l’avenir, qu’on leur accorde une chance. C’est cela le plus important.
Selon l’Ambassade, vu qu’ils n’ont pas de bonne rémunération au pays, ils pourraient être tentés de rester en Belgique ?
Oui, c’est un peu cela. Après tout ce qui s’est passé en Europe, les Jeux de Nice, de la Francophonie, … il y a beaucoup de sportifs, d’artistes qui sont restés et cela a aiguisé la méfiance de toutes les personnes préposées à la délivrance du visa. Qu’est-ce qu’on peut dire ? Auprès de qui nous lamenter ? Je n’ai aucun commentaire à propos, se ce n’est d’exprimer ma tristesse ! Je ne suis pas en guerre contre la Belgique, ni les pays Schengen moins encore la Maison Schengen. Je suis triste en tant qu’artiste.
Vous savez que Toseka est un évènement très suivi par la presse. Nous voulons évoluer dans notre démarche mais quand ce genre de coup nous survient, nous sommes effondrés. L’on est à genoux, mais je crois que c’est une défaite qui annonce de grands brouillards. Le Festival Toseka n’appartient pas à Ados Ndombasi mais à tous les Congolais. Et, le coup qu’on vient de nous infliger inquiète la nation entière. Surtout les jeunes humoristes qui se battent pour l’essor de leur métier, un métier dur et pénible. Etant artiste, nous sommes passé aussi par-là. Ces jeunes ont cru en nous, nous sommes partis et revenu, et aujourd’hui nous faisons la fierté du pays.
Pour que Toseka devienne le festival de référence de l’humour en Afrique, quels sont les préalables ?
Certes, nous tenons le bâton pour faire vivre ce grand évènement culturel qui fait l’honneur du Congo actuellement, mais il y a pas mal de difficultés pour arriver à nos ambitions. Il faut se rappeler que les grands rendez-vous culturels en Afrique, je citerais le Fespam, le Fespaco, le MASA… sont devenus des institutions soutenues par les gouvernements de leurs pays respectifs. J’ai beaux rêver, mais si je n’ai pas le soutien du gouvernement congolais, Toseka sera un coup d’épée dans l’eau. Le gouvernement de notre pays ne nous suit pas ; il est impérieux qu’il nous suive. Je crains que, comme nous avons l’habitude de perdre de grands évènements culturels, Toseka se délocalise un jour. Mais cela serait le grand malheur pour notre pays. Il ne faut pas oublier que le Marché des Arts et Spectacles d’Abidjan était notre initiative, en 1988 sous l’inspiration de feu le professeur Mobyem Mikanza. Nous avons raté le Fespam, le Kora, c’est Ngoma Africa avec feu Londala dit Laudert Production… Toutes sont des idées que les autres valorisent et dont nous perdons la primeur.
Votre appel aux autorités compétentes
Je vais d’abord m’adresser au Premier ministre, j’ai l’habitude de le voir montrer son musée à la primature, ce n’est pas tout. Ici, l’Amphithéâtre de théâtre de verdure, c’est un patrimoine national congolais mais nous n’avons rien reçu de la RDC. Nous apprécions tous, à juste valeur, la réhabilitation du Palais de la Primature. Qu’en est-il de la salle du Zoo, de la salle Mongita et tant d’autres ? Aujourd’hui, il y a un investissement pour construire et aménager des terrains municipaux de football. Pourquoi pas les salles de spectacles pour qu’on parle de la culture congolaise ?
Moi, c’est un appel que je lance au Chef du gouvernement dont les opérateurs culturels attendent le soutien. Car nous avons pour vocation de promouvoir l’art et la culture.
Onassis Mutombo

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