jeudi 25 septembre 2014

Question de l’heure : Les secrets du huis-clos du Sénat


Kengo wa Dondo/Président du Sénat
Session de septembre 2014

 * Un huis-clos décrété hier au Sénat a provoqué des commentaires dans tous les sens. Nos fins limiers qui étaient sur place n’ont trouvé rien à mettre sous la dent, pendant que d’autres observateurs avertis de questions parlementaires n’ont pas manqué de spéculer. Cette plénière attendue de tout le monde, à l’instar de celle de l’Assemblée nationale, devrait conduire à l’adoption du calendrier des travaux de la session de septembre en cours

* Toujours du côté des observateurs, certains pensent que le huis-clos du Sénat était une occasion pour le Président de cette chambre de s’expliquer par rapport à la « virilité » de son discours du 15 septembre dernier, surtout par rapport à sa dernière position au regard de la révision constitutionnelle. Même si l’élaboration de ce discours relève de ses prérogatives, peut-être que certains sénateurs ne se sont pas retrouvés dans certains détails de ce discours en rapport avec la révision de l’article 220 de la Constitution

Toutes les deux chambres du parlement, à savoir l’Assemblée nationale et le Sénat, avaient ouvert leur session de septembre du reste essentiellement budgétaire le 15 septembre dernier. Après que la chambre basse ait tenu sa première plénière qui avait inscrit un seul point à son ordre du jour à savoir,  l’examen et l’adoption du calendrier des travaux de la session ordinaire de septembre et répartition des matières y afférentes, tous les yeux étaient rivés vers le Sénat pour le même exercice. Malheureusement, les choses ne se sont pas passées comme prévu au Sénat, parce que le bureau de cette chambre haute a décrété le huis-clos en sa plénière d’hier mercredi  24 septembre 2014.

Un huis-clos n’est pas du tout mauvais, d’autant plus qu’il est prévu par le Règlement intérieur de cette chambre législative, même s’il a provoqué des commentaires dans tous les sens. Nos fins limiers qui étaient sur place n’ont trouvé rien à mettre sous la dent, pendant que d’autres observateurs avertis de questions parlementaires n’ont pas manqué de spéculer.

Les plus sceptiques se sont rappelés le discours « musclé » du Président du Sénat à la tribune de cette chambre haute. Un discours qui a suscité et suscite encore  beaucoup de commentaires, lorsqu’on sait que Léon Kengo avait enlevé les gangs pour s’attaquer de façon frontale à la révision constitutionnelle. Matière qui n’était pas du reste à l’ordre du jour et que le cadre n’était pas approprié pour en parler.

Dans son discours ex-cathedra, il avait avancé trois raisons pour ne pas accepter la révision constitutionnelle, avant d’inviter la classe politique au respect des engagements, à la culture de la paix et de la réconciliation, à l’esprit de tolérance et d’alternance. «  Il est temps que notre pays dépasse le stade des querelles politiques byzantines pour se concentrer enfin sur les vrais problèmes du peuple : pauvreté́, chômage, éducation, santé, infrastructures, environnement ; bref, aux problèmes du développement socioéconomique du pays », avait-il dit.

Ce message a créé un lever de boucliers et a provoqué la réaction musclée du Gouvernement de la République qui a réagi à travers son porte-parole. Celui-ci n’a pas caché sa désapprobation lorsqu’il a dit que la tendance observée dans certains discours récents à vouloir donner une réponse institutionnelle à la problématique de la révision de l’article 220 de la Constitution que jamais encore personne n’a posé à une institution publique de notre pays procède de cette hostilité invaincue qui constitue en elle-même une sérieuse hypothèque à l’émergence de la nation congolaise. Le mélange délibéré des genres sur une question aussi sensible n’est pas fortuit.

« Le fait qu’il soit jeté tel un pavé dans la mare plus de deux ans avant même les échéances électorales en question témoigne d’une obsession à empêcher coûte que coûte l’élu de 2011 à gérer sereinement le mandat qui lui a été confié par le souverain primaire afin d’imposer ce qu’on appelle déjà l’alternance sans se soucier de savoir si tel sera la volonté de l’électorat », a fait observer Lambert Mende, trois jours seulement après le discours du Président du sénat.

Voilà qui pousse les observateurs avertis à insister sur le fait que Kengo se devait de réserver une réponse à cette sortie médiatique de Lambert Mende et à d’autres caciques de la Majorité présidentielle. Mais quant à savoir ce qu’il a dit dans son discours d’hier mercredi, tous les sénateurs contactés ont préféré garder silence et demander à leurs interlocuteurs de vite changer de débat.

Qu’à cela ne tienne, d’autres spécialistes des questions parlementaires ont avoué à L’Avenir qu’il s’agissait probablement d’une affaire concernant leurs émoluments. Car, disent-ils, lorsque le huis-clos est sollicité, c’est surtout parce qu’on veut traiter argent. Et qui dit argent doit faire tout pour éviter les regards, les bruits et les commentaires de tous les sens dans une ville qui adore la rumeur. Mais en réalité, l’argent seul ne pouvait exiger le huis-clos, lorsqu’on sait combien le débat du Sénat qui est retransmis sur la Rtnc est apprécié de beaucoup de gens.

Toujours du côté des observateurs, certains pensent que le huis-clos du Sénat était une occasion pour le Président de cette chambre de s’expliquer par rapport à la « virilité » de son discours, surtout sa dernière position au regard de la révision constitutionnelle. Même si l’élaboration de ce discours relève de ses attributions, peut-être que certains sénateurs ne se sont pas retrouvés dans ce discours qui les engage tous.

D’ailleurs, nos sources renseignent que certains sénateurs membres de l’actuelle Majorité présidentielle au pouvoir seraient très fâchés contre Léon Kengo et l’occasion était indiquée pour ce dernier d’aplanir les divergences pour un début apaisé de travaux. Ne dit-on pas que le linge sale se lavent en famille ? Espérons que les sénateurs l’ont compris et que les choses sont revenues à la normale.

Le moment n’était-il pas indiqué de suivre les avis et considérations des sénateurs par rapport aux enjeux de l’heure relatifs à la modification de certains articles de la constitution, l’examen et le vote de la loi budgétaire qui n’est pas encore déposé sur la table du bureau de l’Assemblée nationale, le Gouvernement de cohésion nationale, etc. ? Le débat reste ouvert et tous les commentaires sont les bienvenus.

L’Avenir

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