jeudi 29 août 2013

Lecture du temps : Mi-Amor le Pharaon noir récompensé par le Pape François



30 ans  de carrière pour la promotion  des valeurs songye

Chanteur et compositeur de renom, Hubert Mputu Ebondo dit « Mi-amor  le Pharaon noir » revient de son fief natal à Kabinda dans la province du kasaï-orinetal  où il vient de bénéficier d’un diplôme de distinction et d’excellence délivré par sa Sainteté le Pape François pour son œuvre musicale.  Cet artiste fait partie de quatre digne fils de Kabinda, les plus distingués et excellents qui ont été honoré par ces diplômes signés par le Pape, à l’occasion du centenaire du diocèse de Saint Martin de Kabinda.
 
 « Sa Sainteté m’a décerné ce diplôme d’excellence et  distinction en guise de récompense pour la valeur intrinsèque de l’ensemble de mon œuvre musicale éducative et moralisante pour le peuple Songye », a expliqué Mi-Amor à la presse.
Cette récompense coïncide avec la célébration du 30 ans de carrière musicale  de cet artiste musicien au sein du groupe Basokin. A l’occasion pour célébrer cette marque de reconnaissance en famille,  Mi-Amor et son groupe Basokin ont donné vendredi dernier  un concert chez Lomami en plein cœur du quartier Matonge dans la commune de Kalamu. Une façon pour l’artiste de communier autour d’un tour de chant et d’un  verre de bière avec ses mélomanes et sponsors.
De l’enseignement à la musique
Pour la petite histoire, c’est un certain 15 août 1983 que Mi-Amor a intégré Basokin avec le soutien du professeur Katanga Mukumadi Yamutumba, le tuteur de ce groupe.  Il est  arrivé à Kinshasa en vacances sur invitation d’un ami, Donatien Mudimbi Kamanda. Ce dernier l’a connu quand il était encore  préfet à Kabinda.  L’ami a sollicité son expertise dans la promotion des valeurs songye dans la mesure où il y avait déjà plusieurs groupes musicaux traditionnels, mais aucun n’arrivait à réaliser ses prouesses.  Mi-Amor  avait déjà l’époque une renommée au niveau de Kabinda en tant que griot.  Il a été donc invité question de visibilité de réaliser ne fut-ce qu’une chanson  à Kinshasa. Raison pour laquelle, il est venu à Kinshasa un certain 31 juillet 1983, pour fignoler une aubade en solo puis regagne Kabinda où il était préfet des études.
 Le 15 août 1983  reste une grande date dans la carrière musicale de Mi-Amor et pourquoi ? s’explique l’artiste : « le 15 août est la date de ma rencontre avec le professeur Katanga. Il se serait informé sur mes qualités artistiques. Du coup, il m’a proposé de prendre la direction de Basokin. Je lui ai dit que je suis préfet des études à Kabinda. Donc, je dois rentrer. Alors le professeur m’a demandé mon bulletin de paie…il va immédiatement engager des négociations, en me proposant de me payer l’équivalent de mon salaire de Chef de division. Bien plus, il va accepter  de prendre en charge la garantie locative et les billets d’avion pour ma famille qui devait me rejoindre à Kinshasa ».  le souci de son parrain était de faire de Basokin si pas un des meilleurs groupes Songye, le numéro un des orchestres Songye.  L’enseignant  a accepté la proposition, et jusqu’aujourd’hui. 
Sur le plan phonographique et scénique, Mi-Amor a apporté une nouvelle touche dans la conception de cette entreprise musicale songye. « Faire le folklore autrement », c’est cette approche de chose qui guide la démarche artistique de Mi-Amor. Il évite de faire l’interprète fidèle du folklore. D’habitude, les rythmes de la musique traditionnelle songye sont souvent saccadés et monotones. Mi-Amor sur ce point, il a innové en évitant la monotonie dans la cadence et les rythmiques. Les mélomanes savent facilement distinguer l’enchainement de chansons. Les chansons de Mi-Amor ne se ressemblent pas. Quand  les mélomanes écoutent, par exemple, « Bobo di bobo », ils constatent directement la différence avec « Tubongye ».
Et, sa thématique est forte. L’artiste prend son temps dans la conception de ses chansons. Il transmet certains messages de développement, de solidarité et de l’éthique songye. Il décrit les Songye dans la géopolitique du contexte kasaïen et s’investit aussi à immortaliser l’histoire du peuple Songye. Bientôt l’artiste va lancer un single pour marquer cet hommage que le Pape l’a rendu à travers ce diplôme de mérite. Et après, il va réaliser un album intégral pour célébrer les festivités marquant les 30 ans de sa carrière dans le Tout Grand Basokin vers la fin de l’année. De Kabinda à Kinshasa, le groupe Basokin s’impose depuis peu dans l’arène du Ndombolo en plein cœur du quartier Matonge à Kalamu.  Comme d’autres groupes folkloriques Bayuda du Congo et Mabele Elisi, Basokin est sorti du ghetto pour appartenir à la nation congolaise.
Saint Hervé M’Buy

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