mardi 12 février 2013

Mode et mœurs. Kinshasa : Où est passé le respect dû aux morts ?

A Kinshasa, le deuil est devenu pratiquement une kermesse

A Kinshasa, le deuil est devenu pratiquement une kermesse. Et, cette attitude est traduite par le comportement, les faits et gestes qu’affichent certains kinois lors des funérailles. Cela qui ressemblent, à ne point en douter, à des cérémonies de réjouissance pour ne pas dire à des lieux des retrouvailles où se font et se défont les mariages ; un artiste musicien de renommée avait même, dans l’une de ses chansons, décrit cette ambiance lorsqu’il a paraphrasé : « mokolo nakokufa nayebi ndenge bakolela ngai » traduisez (je connais comment on va pleurer ma dépouille). C’est une réalité dans la capitale congolaise.
 Raison pour laquelle à Kinshasa, les jeunes, en particulier, prennent leur temps dans des salons de coiffure, dans des magasins chercher ce qu’ils vont porter le jour de la sortie du corps à la Morgue et lors des funérailles. Malheureusement, hormis cet aspect, il faut faire face à une préparation financière, parce qu’après l’enterrement, les jeunes se retrouvent dans des bistrots et terrasses du coin, pour faire la fête.

Il y a une catégorie des personnes qui vient au deuil, non pour compatir aux douleurs de la famille éprouvée mais, plutôt, pour se moquer d’elle. Ils entrent dans les détails peu importants tels que : la marque et le prix du cercueil, les habits utilisés pour enterrer le défunt, si la famille a, oui ou non, servit de la bouffe et de la boisson à ceux qui sont venus les accompagner.

Si cependant rien ne répond à leur entendement, ils s’adonnent au ragot. Généralement, les gens n’apportent presque plus des contributions financières à la famille du défunt mais amènent celle-ci dans des dépenses inutiles jusqu’à la pousser à aller contracter des dettes. Un autre fait déplorable que l’on note dans des deuils à Kinshasa c’est l’attitude des jeunes inconscients qui consiste à lever le corps du défunt pour le promener inutilement dans la rue.

En définitif, ce comportement s’explique par un manque criant de considération à celui qui vient de quitter notre monde des méchants. Ce n’est pas tout. Une fois au Cimetière, ces jeunes vont jusqu’à monter sur des sépulcres démontrant par là combien les morts sont abandonnés, même par les membres de leurs familles respectives. Triste réalité.

Au-delà de ces quelques comportements, il sied de signaler que les coûts des obsèques à Kinshasa ne sont pas une mince affaire. Les dépenses commencent dès la Morgue, où à part les frais utiles, il faudra payer journellement une caution afin que la dépouille soit mise au froid. Une fois terminé avec les contraintes de la Morgue, c’est le tour du certificat de décès, et de l’achat de l’espace au Cimetière.

Les dépenses ne s’arrêtent, pourtant pas là. Il faut, une fois de plus, songer aux vêtements du défunt. La liste n’est pas exhaustive. En conclusion, disons qu’à Kinshasa, la mort est une fatalité. Raison pour laquelle, les humains doivent opter un comportement responsable lorsqu’un cas de deuil arrive et l’autorité compétente, à son tour aussi doit savoir prendre des mesures nécessaires pour réguler ce secteur. Car, qui sait ? Aujourd’hui c’est mon tour, demain çà sera le vôtre.

Esther Bhiliatre

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