lundi 6 février 2012

Mode et mœurs : l’argent des politiciens enrichit des pasteurs et vide leurs églises


Au Kasaï oriental (centre de la RD Congo), l'argent de la politique a vidé les églises du Réveil. Durant la campagne électorale, de nombreux pasteurs ont vendu leur âme aux candidats. À la consternation de leurs fidèles, déçus par tant de matérialisme. Depuis les élections du 28 novembre dernier, la cinquantaine d’églises de la ville de Mbuji-Mayi, au Kasaï oriental, qui, avant, comptaient de nombreux fidèles, sont vides.
C'est ce que révèle un rapport de l'Association des hommes de Dieu pour la paix et le développement (AHDPD). Les fidèles de ces Églises du Réveil ont déserté, choqués par le matérialisme de certains de leurs pasteurs pendant la campagne électorale. Ces soi-disant bergers ont cru bon d'approcher des politiciens afin d'empocher des enveloppes après leur avoir débité des versets bibliques pour attirer leur sympathie. Ils ont ainsi multiplié les invitations dans l'espoir d'un appui financier.
"Je suis déçu par l'attitude de mon pasteur vis-à-vis de nous ses croyants. Je préfère ne pas retourner à l’église, car le berger est devenu plus l'ami des biens matériels que de nous ses brebis", se plaint Fifi Mujinga, fidèle de Vision chrétienne. "Mon pasteur est devenu président d’une plate forme des hommes de Dieu, qui soutient un politicien, dénonce aussi Adrien Mpoyi de l'Église du Christ au Congo. Depuis, sa présence à l’église est irrégulière. Les croyants qui ne partagent pas ses opinions politiques ont quitté le temple. À chaque événement politique, il se rend avec ses collègues auprès de ce politicien pour prier pour lui."
Chaque Église s'est ainsi rangée derrière une tendance, de la majorité comme de l’opposition, choisie souvent en fonction de ce que pouvait offrir l'un ou l'autre candidat. Et quand le choix du pasteur n'était pas celui de la majorité de ses fidèles, ceux-ci sont partis dans une autre Église, plus proche de leur opinion politique. C'est le cas d'Henry Polesha, qui, déçu par le matérialisme de son berger, a rejoint l’Église universelle, "parce que, dit-il, l’offrande et l’implication dans la politique active y sont libres et individuelles".
Prêcher par ses actes
"Un homme de Dieu doit aussi prêcher par ses actes. Le comportement de ces bergers est en contradiction avec le message qu’ils délivrent, parce qu’ils travaillent et pour Dieu et pour César, ajoute un diacre de l'Église missionnaire évangélique. Cela plonge l'Église dans une confusion totale. Les offrandes destinées au développement de la communauté sont parfois affectées à la campagne électoraliste de mon berger."
La fuite des fidèles n'a fait que renforcer la confusion entre le spirituel et le politique. Les offrandes ayant diminué, ces pasteurs, qui n'ont pas d'autres sources de revenus, se tournent systématiquement vers les politiciens pour obtenir l'argent nécessaire à la survie de leurs foyers. Certains croyants condamnent également les politiciens sans scrupules qui s'adressent aux hommes de Dieu afin qu'ils bénissent leurs manifestations.
Léo Rutherford Kanku

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