vendredi 1 juin 2012

Event: Ndombe Opetum l’artiste prolifique sera inhumé le samedi 9 juin

Dans la commune de Bandalungwa ou il résidait, le vieux routier était bien respecté d’autant plus qu’avec son esprit d’abnégation, Ndombe Opetum incarnait la respectueuse génération des notables de cette municipalité.

Jeudi 24 mai 2012, Dieu qui a donné, a repris, plongeant ainsi la musique congolaise dans l’émoi et la consternation la plus totale. Ndombe Opetum, l’une des têtes pensantes du groupe « Bana Ok » qu’ils fondèrent avec Lutumba Simaro et Josky Kiambukuta, est décédé à Kinshasa, à l’âge de 68 ans des suites d’un arrêt cardiaque.

Feu le chanteur Pépé Ndombe Opetum

Artiste de renommée qui a su mener sa barque sans anicroches dans la sphère de la chanson congolaise pendant plus de cinq décennies, Ndombe Opetum a, à chaque fois que nous lui posions la question de savoir ce qu’il recherchait dans l’art d’Orphée, ne cessait de nous répondre : « J’ai déjà atteint l’apogée et ne me reproche de rien. L’essentiel pour moi, c’est de pouvoir continuer à soigner normalement ma carrière afin de pouvoir contribuer efficacement au développement zélé de la culture congolaise. Je souhaite qu’à ma mort, l’opinion puisse dire de moi que j’étais un modèle pour la musique de mon pays ».

Dans la commune de Bandalungwa ou il résidait, le vieux routier était bien respecté d’autant plus qu’avec son esprit d’abnégation, Ndombe Opetum incarnait la respectueuse génération des notables de cette municipalité.

Et partout où il passait, il avait de la considération. Car, il savait remettre la pendule à l’heure. Marié à maman Nzumba Marie, il était père de 9 enfants dont le 5ème n’est personne d’autre que le chanteur Baby Ndombe. Originaire de la province du Bandundu, Paul Ndombé Opetum, dit Pépé Ndombe, est né en 1944 dans une famille chrétienne, dont le père, instituteur de formation, avait un œil regardant sur l’avenir de sa progéniture.

C’est en 1949, alors que le jeune Paul Ndombe n’avait que 5ans, qu’il est arrivé à Kinshasa avec son père et ses frères. Il fera son cycle scolaire chez les missionnaires catholiques, à l’école primaire Saint-Georges de Kintambo qui sera sanctionné, six ans plus tard, par un certificat d’études primaires avant d’entamer, à l’Ecole Sainte- Marie (Notre-Dame), ses études humanités qu’il a, du reste, bouclé avec brio.

Mais, dans ses veines circulait un sang musical et sa passion pour l’art ne pouvait que l’incitait à embrasser cette carrière trop controversée à l’époque. A 17ans, alors qu’il est muté à Kikwit, dans la province du Bandundu, pour travailler comme agent payeur au département du développement, Ndombe Opetum en profite pour débuter avec la musique à Kikwit au sein de l’orchestre Super Fiesta aux côtés de Jean Marie Ndambala, Yvon Lumbunzi Sawa, Sisco, Odoma, Roger Sefu et les autres.

Nous sommes en 1961. C’est papa Eugène Mbwese, le géniteur du chanteur Desi Mbwese qui était le sponsor et patron de cet orchestre. Cependant, c’est suite à un malentendu et comme il devait regagner la capitale dans le cadre de son boulot dans l’Administration que Ndombe Opetum a quitté cette formation musicale pour rentrer à Kinshasa où, il ne tardera pas de faire son entrée dans l’African Fiesta National, ancêtre de l’Afrisa, aux côtés de « ngwashi » Rochereau Tabu Ley.

Auteur compositeur de talent, il lance, en 1970, avec le concours de cet orchestre, son premier tube intitulé « Hortense » qui a fait le tour du continent et l’a fait sortir du lot. Son étoile a ainsi commencé de briller au firmament de la gloire. Du coup, Ndombe Opetum héritera de son sobriquet de « Pépé » lui collé par de nombreux fans qui suivaient son ascension et, surtout, à cause de sa voix très mélancolique mais, surtout, pour sa beauté.

Au courant de la même année, Pépé Ndombe joue avec Tabu Ley à l’Olympia de Paris du temps de Bruno Coquatrix. A l’affiche, les chansons « Lemico jugé », »Libala maloba » et « Polyna jugé » de ce jeune chanteur, figuraient sur la liste des chansons programmées pour agrémenter les soirées.

L’Afrisa International avait joué pendant deux semaines à l’Olympia de Paris. Mais, plus tard, au retour de cet orchestre à Kinshasa, se retrouvant sur la liste des musiciens qui avaient jugé opaque les gestions financières du groupe cher à Tabu Ley scotché par Losikiya Maneno, Ndombe Opetum et ses autres collègues sont virés du groupe.

C’est alors qu’avec le saxophoniste Empompo Loway, le guitariste soliste Atel, le chanteur Djo Wawangu, le percussionniste Seskain Molenga appuyés par d’autres talents, Ndombe Opetum s’en est allé fonder le groupe musical baptisé « Afrizam ».

Compositeur aux talents immuables, Ndombe a écrit, à l’instant, et lancé trois chansons : « Baiser de Juda », « Santa » et « Kamuleke ». Comme on devait s’y attendre, ce groupe musical a connu un succès qui n’a duré que l’espace d’un temps, juste quatre années.

Heureusement pour Ndombe Opetum qui voulait mettre un terme à sa carrière musicale, Luambo Franco qui suivait de loin son évolution artistique, l’a récupéré pour faire partie du TP Ok Jazz où il a rejoint, de fait, le poète Simaro Lutumba, le commandant Josky Kiambukuta et les autres. Infatigable, aussitôt arrivé au sein de cet orchestre, Pépé Ndombe lance les chansons : « Voyage na Bandundu », « Youyou », « Mawe » et « Masha Masha ».

Mais, pour des raisons d’organisation personnelle, en 1982, Ndombe claque la porte et avec Sam Mangwana et Empompo Loway, ils ont mis sur pied un nouvel orchestre roulant sous le label « Tiers Monde Coopération ».

Comme poursuivi par un signe indien, ce groupe n’a survécu que la durée d’un feu de paille poussant ainsi le compositeur d’« Esakola ya mawa », a regagner ses anciens amours au sein du TP Ok Jazz qu’il ne quittera plus jamais jusqu’à la mort du Grand Maître Luambo Makiadi Franco de Mi Amor survenue en 1989.

On retiendra, néanmoins, qu’en sa qualité d’artiste avéré, Pépé Ndombe qui venait de l’école fiesta avec le « soum djoum », s’est facilement adapté à la tendance « odemba » qu’il a, du reste, maîtrisé avec aise si bien que le public, fervent de cette tendance musicale, l’a facilement adopté.

Suite à une divergence des vues avec les membres de la « Fondation Luambo Makiadi » ainsi que de la famille biologique de ce dernier, Ndombe suivra Simaro Masiya qui s’est déchargé, en 1993, du lourd fardeau lui légué par Franco pour mener à bon port le TP Ok Jazz, pour aller former le groupe « Bana Ok ».

C’est en œuvrant pendant 19ans au sein de ce grand patrimoine culturel qu’est le « Bana Ok » qui demeure, à ne point en discuter, le fruit de son inspiration, que la mort vient de le surprendre dans son lit de malade à l’hôpital de Kintambo.

Surnommé l’Intellect, Pépé Ndombe a su prouver à la face du monde, pendant plus de 50 ans, qu’il était un vrai meneur d’hommes doublé d’un organisateur culturel incontournable. Plus d’une fois, il a occupé le poste de Conseiller culturel au ministère de la Culture et des Arts.

Discographie

Plusieurs œuvres, au total 120 tubes, auréolent le cheminement artistique de Ndombe Opetum que d’aucuns qualifient comme étant le parcours du combattant. Auteur-compositeur de première force il a produit des titres comme : « Hortense », « Voyage na Bandundu », « Elysée », « Mawe », « Mabe yo mabe », « Coupe du monde », « Youyou », « Angela », « Tawaba », « Nayebi ndenge bakolela ngai », « Esakola ya mawa »,… Artiste, va en paix, le monde ne t’oubliera jamais, tu seras immortalisé à travers tes œuvres.

L’inhumation le 9 juin

(Ndrl MMC : Selon le programme établi par la famille du défunt en collaboration avec l’Union des musiciens congolais (Umuco) la dépouille mortelle de Ndombe Opetum sortira de la morgue le vendredi  8 juin et sera inhumée le samedi 9 juin. Elle sera  exposée au stade des Martyrs après un bref passage à son domicile à dans la commune de Bandalungwa. Une messe de suffrages sera dite avant son inhumation).

Kingunza Kikim Afri/L’Avenir/MMC

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