Le célèbre peintre populaire congolais, Samba wa Mbimba Nzinga Ndombasi dit Chéri Samba reste coller aux réalités africaines particulièrement congolaise. Cette réalité se dégage dans sa peinture populaire sur fond de sensualité. Sa peinture embrasse la chaleur des villes africaines, les vécus quotidiens, la quête pour la survie, la course au pouvoir, le sexe, les églises, les tracasseries policières, la consommation des aphrodisiaques. Porte étendard de la peinture populaire congolaise, Chéri Samba a immortalise les vécus quotidiens comme un signe dans le temps.
Il présente au commun de mortels un miroir de la société congolaise, une interrogation sur l’avenir de cette société secouée par des événements douloureux. Dans certaines de ces toiles, l’artiste se révèle par des légendes qui poussent à la réflexion. Chéri Samba convie les contemplateurs à revenir sur leurs valeurs culturelles, morales et spirituels.
Chéri Samba se penche sur le problème de pénurie d’eau, tel dans une de ces toiles dénommée, “Problème d’eau, où trouve l’eau”, l’artiste prophétise même d’ici 100 ans, des milliards seront dépensés pour s’enquérir l’eau potable à la planète Mars. Il s’interroge également sur les crises africaines dans la toile “Dialogue national ”. Cette éternelle main tendue des africains qui espèrent toujours aux occidentaux pour régler leurs conflits. La toile décrit des scènes de palabre. Et l’ironie du sort quand les “blancs ” se réunissent pour débattre les problèmes africains, les peuples ne sont pas pris en compte. Ils se réfèrent à leurs intérêts. Les problèmes africains sont relatés également dans une toile en un tout. Chéri Samba peint les routes défoncées, les tracasseries policières et douanières ; Les raccordements pirates et des coupures des fournitures en électricité ; les cervelles rayés des hommes qui succombent aux rondeurs des femmes africaines, etc. La femme, une véritable réalité africaine, si les musiciens exaltent les femmes dans leurs chansons. Chéri les peint dans toutes leurs dimensions. “La femme c’est le cœur de l’homme ”, par cette toile, le peintre décrit un cœur inondé d’amour. Pour l’artiste, la femme est un partenaire important dans la vie d’un homme, “ elle reste notre éternelle maman ”.
Dans le même registre, Chéri Samba revient sur la femme africaine dans “ le garnissage des fesses ”. La course aux rondeurs du corps pour certaine femme est devenue une obsession ; un attrait même pour s’arracher les regards des hommes. Par sa toile, l’artiste décrit trois jeunes femmes aux fessiers évasés. Cette toile constitue une sonnette d’alarme pour l’artiste. Le garnissage des fesses avec des injections abusives de “Durabolin” ou avec des purges de “cubes magiques”, c’est une maladie à retardement.
L’ambassadeur de la peinture congolaise
En dehors de certaines stars de la musique congolaise, Chéri Samba a exporté la peinture populaire congolaise à travers le monde. L’artiste est né en 1956 en RD Congo. Au début des années 70, il se fait engager à Kinshasa dans plusieurs ateliers d’artistes avant d’ouvrir le sien, en 1975. Très vite, il comprend que même s’il doit conserver leur style, il lui faut se démarquer des peintres d’enseignes et de publicité afin de créer des oeuvres originales.
Les toiles de Chéri Samba rappellent donc ces enseignes, assorties de bulles de bande dessinée. Mais il s’agit de peintures qui vont au-delà de l’imagerie populaire. A travers l’humour et la représentation de scènes banales de la vie quotidienne, Samba dénonce, se moque, touche au pamphlet politique.
Chéri Samba est aussi un personnage éminemment narcissique, mégalomane, pas très éloigné de Salvador Dali, qui aime à discourir sur son génie, sur ses conquêtes féminines, et qui adore se représenter sur ses toiles
St Hervé M’Buy
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