Photo Laurent Baudi |
Des électriciens de quartier, même pas,
s’affairent à sauver le meuble avec tous les risques d’une électrocution où
d’un incendie.
Sans compter dans ce registre des
raccordements pirates. Sous ce régime de la misère noire entretenue
par des coupures intempestives en fourniture d’électricité et des
grondements de groupe électrogène, c’est la coulée douce pour certains
compatriotes. Le gros générateur de leur résidence alimente d’une
manière instantanée l’énergie électrique. Au dedans de leurs
clôtures, ils ont droit à la dolce vita devant leurs téléviseurs. Ils s’en
passent des caprices de vieux câbles de la SNEL. Toutefois, pour
certains, ils ne sont pas à l’abri du mauvais regard de certains voisins
envieux. Les yeux de malfaiteurs sont aussi attirés par la lumière qui échappe
de leurs résidences. Comme disait un cadre d’entreprise, dans le quartier Yolo,
s’il allume son groupe électrogène la nuit. Il se fait qu’il attire tous les
voleurs du quartier. Alors, il prend la précaution de l’éteindre aux heures
tardives en se privant des certaines émissions divertissements à la
télé.
Et pour « ces amoureux en pleins ébats sexuels, ils n’ont que faire de
l’électricité », lâche un tenancier d’un hôtel de fortune aux abords
de la rivière Kalamu. Alors vive la casse, il continue à
s’entrechoquer sous le sifflement d’un lit amorti qui réclame de clous. Et,
tout ça à l’étonnement du garçon de chambre à la réception qui se rend compte
qu’ils n’ont même pas pris soin de retirer la bougie.
A quelques mètres de là, dans un flat de
luxe en plein coeur du quartier Kauka soudain la quiétude d’un couple
d’expatrié est dérangé par une coupure brutale de fourniture en énergie
électrique. Juste, le temps que l’équipe technique redémarre le
générateur : Un enfant lâche sa mère : « maman, maman est-ce que c’est la
fin du monde ? Surpris de voir tout un quartier sombré dans le noir. A son
père, venu pour la première fois en RD Congo, d’ajouter, Jeannette,
j’en suis sûr c’est un putsch, je dois appeler les amis de l’Ambassade. A sa
femme camerounaise de réagir, Jacques, toi aussi, n’exagère pas, c’est une
simple coupure d’électricité d’après ma bonne. Cela arrive souvent un peu
partout à Kinshasa. Elle m’a prévenu dès notre arrivée. Contre tout étonnement,
à la cuisine la baby sister’s enchaîne dans le noir sa boule de fufu calmement.
Comme pour dire à Kinshasa, la coupure de l’électricité n’est pas un événement.
C’est plutôt une habitude, aux étrangers de s’intégrer aux réalités locales de
la métropole congolaise.
Saint Hervé M’Buy
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