jeudi 23 mars 2017

Création : Des personnages dignes de la mythologie congolaise en transes dans un mini carnaval à Masina sans fil

Les marionnettes géantes exhibent des pas de danse sur l’avenue Udps 
Restitution de l’atelier sur les marionnettes géantes à l’Espace Masolo

Des marionnettes géantes ont égayé les habitants de Masina Sans fil le dimanche dernier au cours d’un mini carnaval sur l’avenue Udps. Sous les rythmes de la fanfare,  des personnages sortis de la mythologie congolaise,  Mamiwata, Satonge, Mengu Mengu, Kima Kinkaka, Kondongo et Ngubu nyama mabe se sont donné rendez-vous  au cours d’une exhibition à l’espace Masolo avant d’amener les spectateurs et autres curieux à s’ébranler sur l’avenue Udps.
En effet, ce mini carnaval est le fruit d’un atelier consacré à la création des marionnettes géantes d’une dizaine de jours  animé  à l’Espace Masolo  par  les  marionnettistes  de Snuff puppets de Melbourne en Australie, à l’intention des jeunes congolais et autres artistes professionnels congolais réunis. Ce travail de recherche artistique a permis aux  participants de concevoir des personnages en s’inspirant de la mythologie congolaise. Au fait, ils ont tirés ces personnages dans les contes typiquement congolais. 


Le public a été émerveillé par ce travail de reconstitution  des personnages de contes de leur jeunesse. Quand aux enfants, ils ont exprimé leurs enthousiasmes, marqués par les danses de marionnettes géantes aux rythmes saccadés de la fanfare de l’Espace Masolo.   
Comme Mamiwata, la sirène, dans le contexte congolais, il constitue une divinité sorti du fleuve représenté sous forme d’une femme normale pourvue d’une queue de poisson à la place des jambes. Ce personnage terrifiant par sa forme moitié homme moitié poisson attire les gens au piège le plus souvent par la séduction  et la douceur de son chant. Elle incarne l’impudicité.  Satongé présent dans les contes congolais est un être terrifiant pourvu d’un seul œil, d’une seule jambe.  Il habite dans le milieu aride en quête des victimes à surprendre. Mengu Mengu, c’est un personnage qui habite dans les profondeurs des eaux. Il est difforme et terrifiant. Kima Kinkaka, c’est personnage maléfique, un sorcier dans les contes congolais.  A cela, s’ajoute des animaux exploités les plus souvent par les forces du mal, il s’agit « Kondongo nyama sima ya ndaku »,  le chat, un mammifère carnivore félin de taille moyenne,  un animal du reste de compagnie. Et dans  certains contes congolais, il est suspecté comme l’incarnation du mal, exploité par les forces mystiques.  Et quant l’hippopotame  Ngubu nyama mabe,  dans les contes congolais, plusieurs sorciers et autres personnes maléfiques se transforment en ce très gros quadrupède amphibie herbivore  d’Afrique pour dévorer leurs victimes.



A l’école  du maître
Fort de ces données, les participants ont réalisés  des dessins de ces personnages d’après leurs imaginations. L’étape suivante a constitué au montage proprement dit des marionnettes. D’après Andy Freer, Directeur artistique de Snuff Puppets, ils ont recouru au moyen des bords pour constituer l’armature et la garniture des marionnettes géantes. « Nous voulons transmettre à l’Espace Masolo nos techniques de montage des marionnettes géantes. C’est un défi pour nous d’être en Afrique. Nous avons travaillé dans des conditions difficiles sans électricité.  Nous avons recouru aux matérielles de substitution telles que les bambous pour dresser des armatures… », a témoigné Andy Freer.  L’orateur a été marqué  par une grande capacité d’apprentissage  les participants. « Ils sont très talentueux dans la construction des marionnettes. L’originalité dans ce travail de création, c’est l’immersion de la culture congolaise. Nous avons voulu que les marionnettes puissent monter eux-mêmes leurs marionnettes. Nous avons surtout  exploité l’imagination des participants. Cela a constitué à un grand travail d’échange d’expérience…   »,  a constaté le Directeur artistique de Snuff Puppets.  Au delà de la technique du montage en armature, l’équipe venue de Melbourne a recouru aussi à la technique de gonflage pour monter la marionnette de l’hippopotame grandeur nature.

D’après les animateurs de dudit atelier ce qui est plus difficile dans la création des marionnettes géantes, c’est le mécanisme, la construction et la coordination des mouvements d’animation. Chaque marionnette géante est assistée d’un garde du corps dans sa progression. Cet atelier de création a dressé deux marionnettes géantes de 4 m en hauteur « Mamiwata » et « Satonge ». L’équipe de Snuff puppets a été constitué de madame Stéphanie Oberhoff, de son Directeur artistique, Andy Freer et de Stéphane Hisler.  Au cours de l’atelier du 6 mars au 19 mars, une vingtaine de jeunes en situation difficile, encadrés par l’Espace Masolo, aux côtes de quelques artistes professionnels ont été mis en contribution.  Marlene Longange du Théâtre national estime que cet atelier est une première expérience dans sa carrière artistique. « Lors de cet atelier, j’ai appris à fabriquer et à manipuler les marionnettes.  J’ai assisté à l’assemblage des éléments pour la construction de l’armature ; j’ai  contribué à la garniture de la tête de Mamiwata et la peinture de la tête du chat Kodongo bref j’ai apprécié c’était vraiment un  travail en équipe… j’aimerais bénéficier encore fois de tel atelier durant un mois. Cette rencontre artistique a apporté un plus dans mes ambitions. Je pense aussi encadrer un jour des enfants mais aussi les animer avec les marionnettes… »,  a déclaré Marlene Longange à la fin de cet atelier.


« Nous avons appris à concevoir et à fabriquer les marionnettes… c’est un grand apport dans notre carrière artistique », a indiqué l’artiste Irène Vaweka de l’Institut national des arts.  L’oratrice a été marquée par la partie théorique qui a constitué à ressortir le personnage inspiré des rumeurs, contes africains et de l’immersion de la mythologie congolaise. « La partie théorique a donné le ton à la construction des personnages. Nous avons recouru d’abord aux dessins de tous ces personnages et passé à l’étape de l’armature et de la garniture des marionnettes », a témoigné Irène Vaweka.

Saint Hervé M’Buy

Photo: Irène Vaweka 

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