Le deuil, ça se fête
à Kinshasa. C’est un cadre ou le plus souvent la misère congolaise se résume au
plus haut point comme dans un spectacle de théâtre contre particulièrement la
veuve éplorée si c’est le cas de la disparition de l’époux. Ceux qui viennent
compatir aux côtés de la veuve, dans une approche traditionnelle, malmènent
celle-ci à petit feu.
A l’annonce de la triste nouvelle, tout le monde
accourt pour partager la douleur avec la veuve. Dans le lot des consolateurs,
il y a les parents, les amis et les connaissances qui ont connu le mari défunt.
Et juste après l’enterrement, les masques de compassion tombent pour appliquer
la rigueur de la coutume.
Et d’entrée de jeu, la veuve est prise en otage par
des parents du défunt. Toutefois, elle prend soin de réunir à ses côtés
certains membres de sa famille. En entendant les démarches funéraires, pour
certaines, la veuve reste inactive. Et dans la plupart de cas, l’entourage ne
se soucie même pas de la douleur qui la malmène, la fait de tirer en longueur
le protocole du deuil. Elle est obligée de subir des scènes de pleurs et
d’amertume.
Assise à même le sol, elle attend la levée du corps de
la morgue. Qui, dans certains cas, peut se tirer en longueur prendre même une
semaine. En attendant, elle doit subir le protocole traditionnel, elle demeure
toujours inactive. Par moment, elle parvient à s’évader en écoutant les
chansons religieuses ou en servant ses collègues de service. Et vint le jour de
la sortie du corps ou une vague des parents, amis et connaissances viennent
assister à la cérémonie funéraire.
Et juste après l’enterrement, elle est prise en otage
par la famille de son défunt mari. Dans un deuil à Kasa-vubu, les parents d’un
défunt ont interdit à la veuve de saluer même ses collègues de service sous
prétexte qu’elle est retenue à une concertation par un collège des oncles.
Ceux-ci l’ont sommé d’observer le mokuya (le deuil) durant une semaine après l’enterrement.
Pour la petite histoire, à Kinshasa, les cérémonies
funéraires se transforment le plus souvent à des moments récréatifs. … ou tous
les commérages se tissent devant la chapelle ardente ; où se joignent les
sapeurs qui se rivalisent des griffes de grands couturiers du monde ; où
certaines femmes maquillées comme des voitures volées s’amènent en quête des
princes charmants. Elles ne soucient même pas du parcours de combattant que
subit la femme éplorée.
Et dans le rang, certains membres de la famille,
suffisamment informés, de la vie de ce couple qui viennent pour tirer les
reliquats de cette séparation brutale. Le plus souvent, ce sont des profiteurs
qui savent bien interpréter les notions de la tradition pour tirer leur épingle
du jeu.
Le plus souvent, leurs larmes ressemblent à ceux du
crocodile. Sans ménagement, certains parents s’affairent à s’enquérir sur les
biens laissés par le défunt. « atiki nini, wapi biloko ya ndeko na biso.
Toyebi azalaki na biloko ebele » (traduisez : qu’est-ce que le défunt
a laissé ? Où sont les biens qu’a laissés notre frère ? On est au
courant, il avait plusieurs biens). Voilà déjà l’approche de ces oncles et
frères qui se rapprochent déjà de la veuve. Et juste après l’enterrement, c’est
l’heure du verdict pour la veuve. C’est une tribune traditionnelle qui
harmonise avec elle.
Les oncles les plus véreux s’arrachent les biens du
défunt au détriment de la femme éplorée et des enfants. Cette situation aggrave
encore la douleur de la femme. Certains profiteurs se penchent aux notions de
la coutume juste pour tirer profit de cette situation. Les mêmes parents qui
s’accrochent aux notions de la coutume, fréquentent curieusement les Eglises
chrétiennes. Comme qui dirait le profit prime sur la vertu chrétienne.
Dans tout deuil en Afrique, ceux qui alimentent les
commérages à l’encontre de la veuve, viennent pour soutenir ce pillage
systématique. Il arrive par moment que la veuve et les enfants soient sommés de
sortir sans ménagement de la résidence de leur défunt mari et papa. Et la femme
et les enfants se retrouvent dans la rue ou à la charge de sa famille
d’origine. Et dire que du vivant de son mari, les membres de sa belle-famille
jouissaient de tant de bienfaits matériels. « C’est donc ça, le revers de
la médaille, ceux qui venaient manger chez moi. Après l’enterrement de mon
mari, ils se sont rebellés contre moi.
Ils ont baissé leurs masques d’enthousiasme sur ma
personne, au nom d’une certaine tradition. Ils m’ont ravi les biens de mon mari
et aujourd’hui je suis scotché chez mon jeune frère…. Je m’attendais de vivre
dans ma vie une telle réalité. Et dire que parmi les profiteurs, j’ai reconnu
ceux qui me prêchent l’amour de Jésus-Christ.
A ce jour, je me bats pour scolariser mes
enfants », a lâché une dame veuve de son état à ses amis juste après avoir
déposé une gerbe de fleurs à la tombe de son défunt mari le 1er aout dernier.
« Ah ma chère, c’est ainsi que certaines familles se comportent envers les
veuves… j’espère un jour que les choses vont changer à Kinshasa…
Ecoute, il faut savoir pardonner », a rétorqué sa
consœur. Cette scène s’est passée dans un « nganda ya maboke » (un
restaurant de fortune) à Kinkole. Ces dames revenaient d’un recueillement au
cimetière de Kinkole. Leurs préoccupations constituent le lot des histoires
lyriques des veuves éplorées à Kinshasa.
Le deuil ça se fête à
Kinshasa
Un film genre fiction a été lancé dernièrement à
Kinshasa, dont un débat sur les débordements des funérailles à Kinshasa et
toutes les scènes obscènes et perverses qui se déroulent presque sur toute la
ville de Kinshasa en générale et sur toute la Rdc en particulier.
Comme un reporter en quête d’un fait d’actualité,
cette jeune réalisatrice braque son objectif sur Olongo. Ce dernier est un
grand griot de deuil. Un jour, une idée lui passe par la tête, de se faire
passer pour un mort. Et, avec comme objectif d’assister à ses funérailles.
Olongo comme dans une salle de spectacle, il se range sur un siège afin
d’entendre les commérages à propose de sa mort. Imaginez la suite…c’est une
suite de scènes qui reflètent les réalités de cérémonies funéraires à Kinshasa.
Parmi ceux qui viennent se recueillir, d’une part, les commères s’affichent au
premier plan devant la dépouille mortelle.
Elles racontent tout sur l’illustre disparu en vrai et
en faux. Et d’autre part, les danseurs s’activent sur la scène du deuil. Et,
les femmes aux postérieurs fournis, s’illustrent dans des danses endiablées
pour arracher les regards des hommes nantis.
C’est le point fort de cette fiction qui relance un débat
sur les débordements des funérailles à Kinshasa et toutes les scènes obscènes
et perverses qui se déroulent.
Saint Hervé M’ Buy
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