Après une descente sur terrain d nos reporters, il ressort qu’en dépit
de l’interdiction par le Ministère de la Santé publique de la vente des médicaments sans
ordonnance, la population continue à se procurer des médicaments sans
prescriptions médicales. La mesure
d’interdiction a du mal à se faire appliquer sur le terrain.
Pour le Président du syndicat des
pharmaciens de Kinshasa, François Malembe
interrogé en rapport avec la pratique de
l’automédication, il estime qu’il faut faire la part des choses, la population
voit une pharmacie, la maison où on vend des médicaments et une personne qui
tient la pharmacie. A ce sujet, l’orateur déplore le fait que très souvent les
personnes qui tiennent la plupart des officines pharmaceutiques à Kinshasa ne
soient pas des pharmaciens. A cet effet, François Malembe constate qu’il y a un
déficit d’informations auprès de la population. L’orateur conscientise la
population à se référer à certaines inscriptions d’identification entre
autres : à l’extérieur, le numéro du code du pharmacien affiché et enregistré dans l’ordre des
pharmaciens et le caducée affiché sur le mur et à l’intérieur, la plaque en cuivre, c’est un dispositif où il
est écrit le nom du pharmacien, son
numéro et d’autres coordonnées.
La
bonne pratique et action de dénonciation
Dans la bonne pratique, le
pharmacien François Malembe explique : « Dans ces établissements tenus par des pharmaciens lorsque quelqu’un
vient avec une ordonnance, le pharmacien s’emploie d’abord à lire l’ordonnance.
Il observe s’il n’y a pas d’incompatibilité parmi les médicaments prescrits ;
et le pharmacien l’aide comme il faut à se procurer. Mais s’il n’a pas d’ordonnance, le pharmacien
évalue si son problème nécessite une consultation médicale. Il le conseille
généralement d’aller voir un médecin ou une structure médicale. Et dans le cas
des choses banales( maux de tête, maux de dents peut-être ou autre chose), le
pharmacien lui donne un médicament qui soulage mais après, les conseils suivent
toujours… »
Et quant à la sensibilisation au
niveau de l’ordre des pharmaciens auprès de la population, d’une part, il est
engagé des campagnes de sensibilisation auprès des Eglises, dans les assemblées
des pharmaciens contre l’automédication
et des bonnes pratiques. « Tous les
pharmaciens sont suffisamment informés sur les bonnes pratiques pour
sensibiliser leur entourage à se
procurer les médicaments dans les normes et dans officines reconnues par ces
codes d’identification», a renchéri François Malembe. Et
d’autre part, l’orateur confirme avec l’Ordre des pharmaciens qu’il y a une démarche au niveau des parquets et cours et tribunaux contre tous
ceux qui exercent illégalement la pharmacie.
« Au plus clair, l’Ordre des pharmaciens est en procès contre tous ceux
qui pratiquent la pharmacie, qui achètent les médicaments, tous ceux qui
vendent sans avoir les autorisations différentes pour exercer ces actions. Curieusement
dans ce procès public, beaucoup de gens apprennent la bonne pratique, ce qu’il
faut faire pour se procurer les médicaments mais surtout ils apprennent qu’il
existe une loi qui réglemente le secteur pharmaceutique », a indiqué
François Malembe.
Le pharmacien François Malembe
sollicite l’appui du gouvernement pour réglementer le secteur pharmaceutique en
RD Congo et aide l’Ordre des pharmaciens et le syndicat de pharmaciens de leur
mission. En outre, l’orateur a dénoncé l’existence des médicaments contrefaits
en circulation à Kinshasa. « L’Etat
a tout intérêt à aider et à protéger la
population contre ces médicaments de qualité douteuse et en même temps, l’Ordre
des médecins dans sa mission…il se pose un problème de traçabilité de certains
médicaments à Kinshasa. En 2012, nous avons répertorié à Kinshasa plus de 5000
pharmacies, généralement, il s’exerce la contrefaçon dans ces pharmacies.
Les pharmacies qui sont plus ou moins bien tenues par des pharmaciens, c’est
autour de 200 à 300 pharmacies reconnues. C’est très peu… », a déploré
François Malembe. Pour l’orateur, il estime que la loi doit être appliquée à
Kinshasa. Et que dit la loi ? « Il
faut pour la ville de Kinshasa une pharmacie pour 10.000 habitants. Toutes les
études ont été faites à ce sujet ; mais quand on a, dans un rayon de
moins 1000 m, deux, trois, quatre pharmacies, qu’est-ce qui va se passer ?
Il y aura une concurrence déloyale….avec comme conséquence l’introduction de médicaments contrefaits et falsifiés pour
vendre moins chers…il se pose un problème de qualité des médicaments», a
déploré François Malembe. Et dans ce climat de concurrence, les tenanciers de
certaines officines se soucient plus d’écouler leurs médicaments sans se
soucier des prescriptions médicales.
Les
conséquences de l’automédication sur la santé
Par rapport à l’automédication,
François Malembe témoigne qu’il y a déjà des conséquences sévères en termes
d’intoxication, des effets secondaires, et cetera. Dans le lot, l’orateur a cité des cas d’arrêt
cardiaque, gastrites, des confusions
dans les appellations proches de médicaments qui occasionnent l’empoisonnement,
des éclaircissements de peaux avec accès au diabète, la virilisation du fœtus, l’arrêt
du développement des seins (des tubes de beauté en pharmacie). François Malembe est pharmacien inscrit dans
l’Ordre des pharmaciens. Il gère un dépôt pharmaceutique de la place. Il préside le syndicat provincial des
pharmaciens de la RD Congo.
Saint Hervé M’Buy
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