Voici plus de 15 ans que la RD Congo est plongée dans une crise humanitaire à grande échelle à la suite particulièrement des différents conflits armés dans la partie Est de son territoire. Différents organismes humanitaires et Ong viennent à la rescousse de la population en proie à la pauvreté et aux déplacements massifs dans leur propre territoire. Cette réalité a suscité un débat public sur l’action des humanitaires en RD Congo mardi dernier à la grande halle de l’Institut français à Kinshasa. Cet exercice a consisté à une évaluation de cette noble mission, l’action humanitaire.
Ces humanitaires se sont investis à assister les populations congolaises misérables en leur apportant un brin de vie, à la suite des aides humanitaires. Beaucoup de voix se sont levées sur les limites de l’action humanitaire, sur la transition entre l’action humanitaire et l’élan du développement local et sur le rapport entre les bailleurs de fonds, les humanitaires et le gouvernement.
Le bras de fer Ongs-gouvernement
Concernant les limites de l’action humanitaire, les observateurs ont constaté que les humanitaires sont confrontés à l’usure du temps. La situation de guerre persiste en RD Congo ; plusieurs forces négatives continuent à terroriser les populations ; celles-ci sont poussées au déplacement massif qui occasionne la crise humanitaire. La misère des populations persiste et bloque l’élan du développement local. A l’issue de ce débat, certains humanitaires ont dénoncé le fait que le Gouvernement, par moment, ne leur rend pas la tâche facile.
Si les Ong opérant localement annoncent une crise humanitaire…le Gouvernement a tendance à les contredire pour prouver le contraire. Et cette confusion retarde la mobilisation de fonds auprès des bailleurs. Et de fil en aiguille, l’action humanitaire tarde à venir sur terrain. Et, le plus souvent, l’autorité locale accuse à tort ou à raison les humanitaires à gonfler de chiffres de désastre pour en tirer profit. Cet eternel bras de fer entre les humanitaires et le Gouvernement retarde le plus souvent l’action humanitaire…ce sont les populations qui en pâtissent.
Les points d’interrogation persistent entre la phase transitoire entre l’action humanitaire et post humanitaire…Dans le processus de l’action humanitaire, il est prévu le renforcement des capacités sur le plan local. Ce dernier consiste à préparer les forces vives de la population à subvenir à leurs besoins locaux après l’action humanitaire. Dans le cas de la RD Congo, l’action des humanitaires sont confrontés aussi aux reprises des hostilités à répétition. Cette situation chaotique pousse le plus souvent des humanitaires à se retirer au détriment des populations sous prises en charge. A ce sujet, l’idéal de la résolution de la paix effective est soutenu pour permettre la concrétisation de l’action humanitaire. Entre détournement et misère…
Ce n’est pas un secret pour personne sur les effets pervers de l’action humanitaire en RD Congo. Certaines des Ongs détournent les ressources mises à la disposition des refugiés pour des besoins pécuniaires. Cette situation est à déplorer dans la mesure les bailleurs de fonds s’investissent à fond pour la résolution de la crise humanitaire par l’entremise des organismes humanitaires et autres Ong. Et surtout que dans la plupart de cas, ces crises humanitaires sont à mille lieux de là où se trouvent des bailleurs de fonds. A Kinshasa, certaines bâches et autres kits alimentaires terminent leurs courses au marché central.
Dans la plupart de cas, les bénéficiaires puissent s’en approprier…on peut lire ces kits les logos de ces organismes humanitaires… Il en est de même sur la récupération politique de l’action humanitaire. Il y a certains leaders qui récupèrent les ressources des humanitaires en calquant leurs images… Au cours de ce débat publique, certains humanitaires ont reconnu cet aspect pervers de l’action humanitaire. Toutefois, cet aspect est minime par rapport aux résultats positifs de l’action humanitaire, note certains humanitaires. Et qu’il y a toujours une séance de suivi-évaluation de l’action sur terrain. S’il y a détournement des kits humanitaires…c’est plutôt les bénéficiaires qui soldent certains de leurs biens pour survivre, soutient la même source.
Déficit d’information et besoin de coordination de l’aide
Sur terrain, le gouvernement, certains Ong et organismes humanitaires se chevauchent dans leurs actions humanitaires. Il a été aussi évoqué la question d’une cartographie de l’action humanitaire en Rd Congo…on sent un certain déséquilibre dans l’action humanitaire en RD Congo…particulièrement, l’Est de la RD Congo est surchargé par la présence de plusieurs Ong et organismes qui déploient leurs actions nobles….mais en contrepartie, certaines contrées de la Rd Congo, des populations crient à l’aide.
Certains humanitaires ont demandé à la société civile et à la presse de faire écho au plus tôt de certaines crises humanitaires afin de focaliser et de coordonner l’action humanitaire. Le plus urgent, il est question de créer une synergie de l’action humanitaire. Aux dernières nouvelles, le gouvernement s’y penche pour canaliser l’action des humanitaires sur terrain. Dans les cas de viols de femmes à répétition, le Docteur Mukwege intervenant au Centre Wallonie Bruxelles a parlé de déficit d’information. Le plus souvent, la femme violée traverse une dizaine de centres pour atteindre la structure à même de résoudre son problème. Les humanitaires doivent renforcer leur visibilité pour permettre aux nécessiteux de frapper à la bonne porte.
Saint Hervé M’Buy
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