Une scène des Intrigants |
Valentin Mitendo favorable plutôt à un théâtre de développement
L’espace culturel congolais est envahi par l’anti-théâtre et autre théâtre d’amateur. Cette réalité inquiète au plus haut point Valentin Mitendo, le Directeur artistique de la compagnie de théâtre les Intrigants et artiste professionnel. Il s’étonne que la scène théâtrale congolaise soit devenu silencieuse, pas de festival ni des créations… « Le silence qui plane au-dessus de nos scènes, est consécutive à une crise entretenue par le mauvais théâtre…Notre société souffre de repères dans tous les domaines…le théâtre n’est pas isolé…le burlesque prend le dessus sur le théâtre professionnel…la société congolaise a besoin de repères…lorsque le théâtre se transforme en véhicule des idées tordues,…nous, artistes professionnels, nous devons nous insurger afin de prôner dans les médias la qualité et l’excellence dans le théâtre… », a constaté l’orateur.
Les vices qui minent le théâtre congolais
Au cours d’un point de presse sanctionnant l’ouverture de la saison théâtrale au théâtre des Intrigants, Valentin Mitendo a révélé quelques causes qui minent le théâtre congolais. La première est consécutive à la crise financière. Beaucoup de compagnies théâtrales dépendaient des structures de financement extérieur.
A ce jour, à la suite de la crise, beaucoup de ces structures ont jeté le tablier faute de financement, et ce, au détriment de ces compagnies dépendantes. La 2ème cause, c’est le silence du Fonds de promotion culturelle. Cette structure étatique brille le plus souvent par son absence sur la scène culture en RD Congo. Jadis, cette structure contribuait un tant soit peu aux créations locales.
Dans le même registre, Mitendo a parlé du manque de motivation et d’ambitions de jeunes artistes sortis de l’Institut National des Arts. Ceux-ci se lancent dans le business, au goût du lucre et non de la recherche artistique. A Mitendo, artiste professionnel de s’interroger si le théâtre est devenu un métier de héros (Ceux-ci qui sont prêts à se sacrifier pour une cause- ).
Beaucoup d’artistes sortis de l’INA désertent la scène pour se lancer à d’autres métiers plus lucratifs….Faute d’une politique culturelle adéquate, l’Etat qui a à sa disposition l’INA, ne sait que faire de tous ces diplômés. Et dire que cette institution supérieure constitue une pépinière d’artistes pluridisciplinaires et un conservatoire de la richesse artistique et traditionnelle pour le pays.
Comme pour paraphraser le Père Martin Ekwa dans son livre « Ecole trahie », « A quoi sert l’école puisque l’Etat, le plus important employeur de la nation, demeure inopérant pour l’utilisation du produit de l’école…. ». C’est le cas de l’INA, après la formation, les produits de cette formation ont besoin d’un encadrement de l’Etat dans le cadre de projet à la création artistique.
A ce jour, seules les structures étrangères maintiennent un monopole en termes de projets de création pour la promotion des arts pluridisciplinaires….Et à cela s’ajoutent quelques opérateurs privés qui se battent pour maintenir leurs entreprises culturelles dans un horizon incertain miné par la crise socio-économique.
A quel saint se vouer, certains artistes ont influencé leurs créations à la solde des sociétés secrètes. Celles-ci leur dictent des conduites anti-théâtre au point de brader leur carrière. Ce que Mitendo déplore le prime d’appartenance à des sociétés sécrètes dans la sphère de la création. Quoique tolérant dans les approches idéologiques, l’orateur se plaint de tout ce qui mine la création locale et la vie artistique en général.
Et enfin dans ce lot de causes qui régressent la vie artistique en RD Congo, Mitendo revient à la charge contre les effets de ces toxines du mauvais théâtre. Dans l’entendement du commun des mortels à Kinshasa, lorsqu’on parle du théâtre, c’est la bouffonnerie et autres spectacles odieux du théâtre qui sont diffusés à longueur de journées sur les petits écrans. L’orateur rappelle que le théâtre est un métier qui a des normes. Le public a droit à un théâtre professionnel et de qualité. « Dans une ville qui grandit, il y a de quoi à s’interroger sur le rôle de l’Homme de théâtre. La population a besoin d’un théâtre utile et de développement », a expliqué Mitendo.
Saint Hervé M’Buy
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