Que valent 50 dollars américains ? Rien pour beaucoup d'entre vous mais pour la Congolaise Suzanne Zanao, c'est une manne. Avec cet argent, elle a pu se lancer dans un petit commerce de rue et même importer des articles féminins de Congo-Brazzaville. Portrait d'une battante.
Cette Congolaise d'une quarantaine d'années est mère de cinq enfants dont elle supporte seule la charge car elle est divorcée. Cette native de Kisangani, ville située dans la province orientale nord-est de la République Démocratique du Congo, a abandonné son milieu rural en compagnie de ses enfants au début de l'an 2000 pour déposer ses valises à Kinshasa, capitale.
Cette Congolaise d'une quarantaine d'années est mère de cinq enfants dont elle supporte seule la charge car elle est divorcée. Cette native de Kisangani, ville située dans la province orientale nord-est de la République Démocratique du Congo, a abandonné son milieu rural en compagnie de ses enfants au début de l'an 2000 pour déposer ses valises à Kinshasa, capitale.
Au lieu d'opter pour la facilité et faire la manche, Suzanne Zanao se lance dans le petit commerce de rue, vendant des oignons et de l'ail, des tomates, de l'huile, du sel et d'autres aliments de première nécessité. «Je ne voulais pas mendier pour avoir de quoi élever mes enfants. Je savais que la vie est dure et qu'il me fallait lutter. C'est pour cela que je me suis lancée dans le petit commerce de rue, rien qu'avec 50 dollars américains en poche.»
Argent que beaucoup de Congolais ne voient pas, pas même en rêve car la RDC est un pays où un habitant sur deux vit avec moins d'un dollar par jour. Suzanne qui a réussi à économiser ces sous, ne se décourage pas. En l'espace de quelques mois, elle double son capital initial et diversifie ses achats: des tubercules ou des racines de manioc que l'on met à sécher et que l'on écrase pour en obtenir de la farine. Celle-ci ainsi transformée devient le fufu, aliment accompagnant de la viande ou du poisson. Issue d'un milieu rural, elle est capable de différencier les bons tubercules des mauvais et ne se fait pas berner par les fournisseurs. «J'ai remarqué que du coup, mes aliments qui étaient de très bonne qualité attiraient des clients. J'ai donc continué à commercer.»
Son petit commerce devenant de plus en plus rentable, Suzanne Zanao décide de fournir un service traiteur, en particulier dans les cités où l'on nomme ce service « malewa». Le menu qu'elle propose est essentiellement constitué des plats tels que des haricots, du riz, du fufu, de la viande, du poisson, des légumes en ragoût dont raffolent les Kinois. Et cela lui réussit. «Grâce au malewa, j'ai réussi à amasser la somme de 500$. Je n'en revenais pas ».
A partir de là, la dynamique Suzanne Zanao se met à voir plus grand et à envisager de faire du business sur une plus grande échelle. Sa cible est toute trouvée, soit la femme. Elle importe de la lingerie, le commerce de la lingerie, des babouches, des t-shirts et autres tops, des bijoux fantaisie et d'autres articles à la mode qu'elle va chercher au Congo-Brazzaville, de l'autre côté du fleuve Congo. Les mêmes articles à Kinshasa coûtent très cher alors que ce n'est pas le cas au Congo-Brazzaville. Tout cela, dit-elle, elle le fait pour ses enfants. «Il m'a fallu braver la peur car la traversée du majestueux fleuve Congo n'est pas de tout repos », ajoute-t-elle.
Et pour pouvoir mieux gérer sa petite entreprise, elle a suivi un cours de management auprès d'une organisation non-gouvernementale de Kinshasa. Comme d'autres femmes entrepreneurs, elle a eu un coup de pouce du ministère du Genre, de la Famille et de l'Enfant, qui l'a invitée à participer à une foire sur l'entreprenariat féminin, organisée dans le cadre des célébrations de la Journée internationale de la femme et dont le thème était cette année «l'autonomisation de la femme rurale dans l'éradication de la faim et de la pauvreté: développements et défis actuels».
Cette foire qui est conforme à une des dispositions du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement demandant aux Etats membres de tout mettre en œuvre pour promouvoir l'entreprenariat féminin au même titre que celui masculin, a été une occasion pour les Congolaises en général et les Kinoises en particulier d'exposer leurs produits manufacturées et d'échanger à propos des difficultés qu'elles rencontrent. Cette participation a été suffisante pour booster la motivation de Suzanne ZANAO et de l'inciter à agrandir son business. «Je compte mieux m'organiser pour devenir une importante femme d'affaires». Comme dirait le proverbe : ce que femme veut Dieu le veut...
Blandine Mafutala Nafisa est journaliste en RDC. Cet article fait partie du service de commentaires et d'opinions de Gender Links.
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