Marché central de Kinshasa |
Faute d’emploi dans les villes, le petit commerce est devenu la principale activité économique de nombreuses familles en Rd Congo. Mais quand tout le monde se met à vendre, le nombre d’acheteurs diminue et certains vendeurs sont obligés de consommer leurs produits, de faire le troc ou de vendre à crédit…
Tôt le matin dès le lever du jour, de nombreux vendeurs prennent d’assaut les rues et marchés de Matadi, capitale de la province du Bas-Congo, à 360 km l’ouest de Kinshasa. Ils sont tous pressés d’étaler leurs produits, pour s’arracher la clientèle des premières heures du jour. Ce petit commerce qui relève souvent du secteur informel, nourrit de nombreuses familles qui n’ont pas d’emploi en ville. Ligablos (petits boutiques de fortune), petits marchés clandestins sont érigés partout le long des principales avenues, rues et ruelles. Devant les habitations, des familles vendent sur de petites tables des produits de consommation courante : pain, sucre, poissons ou morceaux de poulets grillés…
Dans les marchés publics, même les allées sont occupées par des vendeurs qui étalent leur marchandise à même le sol.
Le petit commerce a pignon sur rue dans presque toutes les grandes villes du pays où, selon certaines statistiques, près de 90 % de la population est confrontée au problème de chômage. A Matadi, qui vit essentiellement des activités du port, l’engouement pour la vente a surtout pris de l’ampleur depuis qu’une partie des activités portuaires ont été délocalisées il y a plus de deux ans à Boma, à 122 km de là, près de l’Atlantique. Mais, “comme tout le monde veut absolument vendre pour gagner son pain quotidien, beaucoup n’arrivent pas à écouler facilement leurs produits”, constate David Devolo, un enseignant du primaire.
Faire bouillir sa marmite ou faire le troc
Mais quand les vendeurs deviennent si nombreux, les affaires ne marchent pas bien et les revenus de ces petits commerces de plus en plus minimes et aléatoires. Dans les marchés principalement, les vendeurs des vivres frais ne font pas toujours de bonnes affaires. Généralement, ils liquident au rabais leurs produits périssables jusque tard dans la soirée, après l’heure officielle de fermeture des marchés publics, fixée à 15 heures. Quand ils ne les écoulent pas et qu’ils n’ont aucun moyen pour les conserver au frais, pour ne pas tout perdre, “ils font bouillir les marmites pour nourrir leurs familles.”
Les marchands de chaussures, des vêtements et autres produits manufacturés font, eux, de plus en plus le troc quand ils connaissent la mévente. Car, s’ils ne vendent pas ils ne peuvent pas manger. Veuve et mère de famille nombreuse, Ernestine Manzambi qui éprouve aussi de la peine à trouver la clientèle pour les différentes variétés de tissus pagne qu’elle commercialise, s’en est accommodée. “Chaque week-end, dit-elle, je troque deux, trois voire quatre pièces de tissus contre une bassine de cossettes de manioc, un sachet de sucre, du riz ou des kilos de poissons ou de viande pour la provision de la semaine.”
En recourant à cette forme de négoce, les vendeurs doivent souvent se mettre d’accord sur la quantité et la valeur des marchandises à échanger. Lors du troc, “je m’arrange à l’amiable avec mes clients pour que personne ne subisse de préjudice dans son commerce”, explique Gisèle Pemba, une vendeuse du marché Lumumba de Matadi.
Vendre à crédit
La difficulté de trouver la clientèle pousse par ailleurs certains, des femmes dans la plupart de cas, à proposer leur marchandise à crédit. Certains vendeurs pensent que ce mode de vente est plus rentable. Car l’acheteur qui accepte un produit à crédit, le paye à l’échéance convenue à un prix plus élevé que s’il ne l’avait acheté cash. “Un tissu pagne vendu cash à 12 000 Fc (13,5$) par exemple revient à 18 000 Fc (20 $) s’il est pris à crédit”, indique Bibiche Luzingu, qui fait le porte-à-porte à Matadi.
Mais, de nombreux vendeurs ont constaté que ce mode de vente peut se révéler un couteau à double tranchant. Tombés entre les mains des clients insolvables, beaucoup ont en effet perdu de la sorte, leur petit fonds de commerce…
7sur7
Africa presse
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