mardi 27 mars 2018

Koma toyeba: RDC : Dr. Noel Tshiani peut-il succéder à Joseph Kabila et réussir?


C’est un secret de polichinelle: d’après la constitution de la République Démocratique du Congo (RDC), il y aura changement de Chef de l’Etat en 2016 à l’issue des élections. Contrairement au passé où n’importe qui pouvait s’improviser à la tête de l’Etat, cette fois-ci les congolais auront à choisir la meilleure personne qui devrait les diriger. Du latin “caput regni” ou la tête de l’État, un Chef d’État est une personne physique qui représente la continuité et la légitimité de l’État.
Diverses fonctions lui sont rattachées : représentation extérieure, promulgation des lois, nomination aux hautes fonctions publiques, garantie de la constitution, défense de la souveraineté nationale, défense des intérêts nationaux, protection des citoyens et définition de la vision du pays. En RDC, il est le plus éminent détenteur du pouvoir exécutif effectif même si la constitution délègue la gestion quotidienne du gouvernement au Premier Ministre. Pour répondre à la question du titre, examinons les qualifications et la vision de Noel K. Tshiani Muadiamvita pour le job de Chef de l’Etat et Président de la RDC.

Un professionnel de haut niveau
Dr. Noël K. Tshiani est un haut fonctionnaire international travaillant pour la Banque mondiale à Washington depuis 1992. Depuis deux décennies, il a occupé plusieurs fonctions à la Banque mondiale, dont les plus récentes sont celles de Chef de mission en charge du secteur financier et privé, et de Représentant Résident de la Banque mondiale en Afrique.
Dans cette capacité, il est reconnu pour avoir contribué au développement et à la croissance des économies de différents pays tant en Afrique, en Europe de l’Est et dans les Caraïbes.
Avant de rejoindre la Banque mondiale, Dr. Tshiani a travaillé pendant dix ans pour trois banques américaines : Citibank NA; Republic National Bank de New York ; et JP Morgan Chase, New York. Cette expérience suivait un stage professionnel à la Banque Nationale de Paris en France.
En tant qu’Expert de la Banque mondiale, Dr. Tshiani avait co-présidé en 1997 à Kinshasa la Commission de Réforme Monétaire qui avait conçu le Franc congolais en remplacement du Zaïre-monnaie. On lui attribue le fait que la monnaie congolaise ne porte pas l’effigie du Chef de l’Etat en poste.
Tshiani dispose d’un impressionnant carnet d’adresses et parle couramment Français et Anglais en plus des langues congolaises.
Intellectuel formé dans des universités européennes et américaines
Le cursus universitaire de Noel Tshiani comprend une formation de Manager au Graduate Business School à Harvard University à Boston ; un doctorat en sciences économiques avec spécialisation en banques et finances de l’Université de Paris IX Dauphine; un M.B.A en banques et marchés financiers d’Adelphi University à New-York ; un Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées (D.E.S.S.) en gestion financière et fiscalité de l’Université de Grenoble ; un Diplôme de Troisième Cycle de l’Institut Supérieur de Gestion à Paris; et une Maîtrise en économie de l’Université de Liège.
La thèse de doctorat à l’Université de Paris IX Dauphine a porté sur: Independence des banques centrales, obligations de rendre compte et incidence sur la politique monétaire. Le Doctorat a été obtenu avec mention très honorable avec les félicitations du jury.
Auteur de plusieurs livres sur la RDC
Dr. Tshiani est l’auteur de cinq livres intitulés :
(1) La Bataille pour une monnaie nationale crédible (De Boeck, Bruxelles, Décembre 2012) ;
(2) Vision pour une monnaie forte (L’Harmattan, Paris, 2008) ;
(3) Building Credible Central Banks (Hampshire-UK, 2009);
(4) Aux grands maux, les grands remèdes : Un plan Marshall pour la RDC (Les Editions du Panthéon, Paris, 2016) ;
(5) La Force du Changement : Bâtir un pays plus beau qu’avant (Les Editions du Panthéon, Paris, 2016).
Un homme nouveau
La RDC a été trahie par ses dirigeants. Ils sont nombreux ceux qui ont participé à la gestion de ce pays de 1960 à ce jour. Ils ont exercé des fonctions différentes pendant cette période. Tous ceux qui ont participé à la gestion de la RDC quel que soit le moment et quelle que soit la fonction occupée, doivent répondre des résultats que le pays a réalisés sur le plan du développement: la RDC est classée dernière d’après l’indice de développement humain du PNUD, est l’un des pays les plus corrompus et le pays le plus pauvre du monde malgré l’abondance des ressources naturelles.
Dr Tshiani est un homme nouveau qui est vierge politiquement car n’ayant jamais occupé des fonctions officielles en RDC. Toute sa carrière a été dans les banques à New York et à Washington, DC. Pour un pays qui cherche à changer la gouvernance et le mode de fonctionnement, Dr Tshiani incarnerait le changement tant attendu de la population congolaise car étant distant des réalités de gouvernance honteuse du pays.
Spécialiste du développement et non de la guerre
De 1960 à nos jours, la RDC a été dirigée par quatre Chefs d’Etat qui sont Joseph Kasa-Vubu; Joseph Mobutu; Laurent Désiré Kabila et Joseph Kabila qui ont été séminariste, militaire ou chef rebelle.
Docteur en économie qui a évolué dans le domaine du développement pendant un quart du siècle, Noel Tshiani est aussi spécialiste des questions monétaires et un banquier commercial et d’investissement de premier plan. Pour avoir fait toute sa carrière professionnelle dans les systèmes plus sobres et exigeants des banques américaines à New York et à la Banque mondiale à Washington, Tshiani apporterait une autre approche à la gestion du pays en mettant l’accent sur la bonne gouvernance, l’intégrité, l’Etat de droit, le respect de la vie humaine et des libertés fondamentales.
La priorité de Dr Tshiani dont l’adage est  « l’impossible n’est pas congolais », sera le développement durable du pays et non la guerre. Mais il est aussi conscient qu’il faudra toujours traiter de façon adéquate les problèmes sécuritaires du pays et notamment la réforme de l’armée et de la police afin d’asseoir la paix et la souveraineté nationale.
Visionnaire
La vision de Noel Tshiani apparait à travers ses écrits, ses discours, sa pensée et la cohérence dans ses actions.
·         En 1997, après avoir co-présidé le comité de réforme de la monnaie, Tshiani marque son désaccord avec le Chef de l’Etat sur les compétences et l’intégrité de la nouvelle haute direction de la Banque centrale. Il prédit que la monnaie congolaise allait échouer faute d’Independence de la banque centrale, et à cause de mauvaises options de politique économique. En 2015, la prophétie de Noel K. Tshiani s’est réalisée car un Franc congolais achetait 72 cents d’un dollar américain en 1998 contre zéro aujourd’hui. Par conséquent, la dollarisation représente 95 pour cent de la masse monétaire du pays, ne laissant au Franc congolais qu’un rôle marginal.
·         En 2003, Tshiani lance l’idée que la RDC avait besoin d’un Plan Marshall pour se redresser pour régler les problèmes structurels. Il publie en 2003 et 2004 deux articles dans Jeune Afrique: Un plan Marshall pour la RDC et Aux grands maux, les grands remèdes. Dans ces articles, il souligne que la RDC était sur une mauvaise voie, que les réformes menées étaient cosmétiques et insuffisantes, et qu’elles ne pouvaient pas améliorer le social et le vécu quotidien de la population. En 2015, il est clair que la prophétie s’est avérée correcte étant donné que le pays est classé dernier d’après l’indice de développement humain du PNUD et est le pays le plus pauvre du monde avec 88 pour cent de la population vivant en dessous du seuil minimum de pauvreté de 1,25 dollars par jour.
·        Tirant les leçons de l’échec du modèle de développement poursuivi jusqu’à ce jour, Tshiani propose maintenant un Plan Marshall pour la RDC pour une période de 15 ans. Le Plan nécessiterait 800 milliards de dollars pour transformer fondamentalement l’économie du pays et créer des opportunités pour tous. Il avertit que les congolais devraient compter sur eux-mêmes pour le développement de leur pays. Il lance un appel à la mobilisation des congolais de l’intérieur et de la diaspora pour la reconstruction du pays.
Que conclure ?
L’éducation, l’expérience professionnelle et la virginité politique sont des atouts importants dont disposent Noel Tshiani dans la course à la magistrature suprême en RDC. Son réseau de contacts international lui donne un avantage comparatif. Son approche de rassembleur de l’opposition, de la majorité au pouvoir et de la société civile est originale.
Le plus important est que Noel K. Tshiani a une vision de développement de la RDC. L’ambitieux Plan Marshall de Noel K. Tshiani pour la RDC est une vision de développement unique en son genre. Une vision conçue par un Congolais pour le Congo et qui projette la RDC 15 ans dans l’avenir. Une vision cherchant à mobiliser les énergies et ressources pour transformer le social et le vécu quotidien des citoyens congolais. De tous les hommes politiques congolais, Tshiani a eu le temps de concevoir un projet de société digne de ce nom. Il a prévu comment gérer le pays en mobilisant les congolais de l’intérieur et de la diaspora pour la reconstruction.
Anti-corruption, Tshiani incarnerait un changement radical dans la gouvernance du pays. Dans ses discours, il s’érige contre le tribalisme, le favoritisme et le provincialisme. Il se prononce en faveur de mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Sa virginité politique le fait ressortir du lot comme un homme nouveau qui incarnerait le changement dans la gestion et dans la gouvernance du pays.
En préfaçant le livre, La Force du Changement, Son Excellence Monsieur Abdou Diouf, Ancien Président de la République du Sénégal, écrit ce qui suit:
« Nous nous sommes rencontrés, le Dr Noël K. Tshiani Muadiamvita et moi, lorsque j’étais Président de la République du Sénégal et lui un jeune expert de la Banque mondiale. A l’époque, il dirigeait l’équipe de la Banque mondiale qui aidait le gouvernement du Sénégal à monter un programme exemplaire d’annulation de la dette extérieure commerciale et bancaire du pays. Avec l’aide de cette équipe, le Sénégal a éliminé l’intégralité de son endettement extérieur commercial et bancaire en rachetant sur le marché secondaire toute la dette en arriéré moyennant une grosse décote de 84 pour cent de la valeur faciale de la dette. Cette opération a permis au Sénégal d’assainir sa situation financière et de se mettre en règle auprès de ses créanciers bancaires et commerciaux, étape nécessaire pour préparer la cotation du pays par les agences de notation internationale telles que Moody’s, S&P et Fitch. Le Sénégal a ainsi retrouvé sa crédibilité financière en mettant en œuvre un programme rigoureux de réformes économiques auquel Dr. Tshiani, un africain de la République Démocratique du Congo, a activement et brillamment participé. J’étais très fier de voir un cadre africain avec une expertise pointue déployer ses connaissances au profit et au bénéfice de l’Afrique ».
L’ascension de Dr. Tshiani à la magistrature suprême marquerait un tournant décisif dans la vie de la RDC  et remettrait le pays sur le chemin du développement. Il est temps que la gestion de la RDC par la force des armes s’arrête pour laisser place à la gouvernance par intelligence. Dr. Tshiani incarne bien cette intelligence.
Jean-Luc Kienge/VAC Radio

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire