une oeuvre de l'artiste |
Il se tient du 14 octobre au 26 novembre 2016 à l’Institut Français de Kinshasa, une exposition
dénommée « Au-delà de
l’extrême » de l’artiste sculpteur kinois
Freddy Tsimba. Il dévoile des
nouvelles créations réalisées à partir des matériaux de récupération (douilles,
clefs, pièges à souris, chaines, cartouchières, capsules).
C’est à travers ses sculptures expressives et aux tailles monumentales que
Freddy Tsimba dresse avec rigueur les aspects néfastes de la guerre, la
conjoncture congolaise et ses cohortes de malheur.
Des personnages torturés côtoient son art symbolique d’une écriture
sculpturale expressive. Pour ce faire, cet artiste sculpteur recourt
particulièrement aux matériaux de récupération. Et après, dans le grand secret
de son atelier en plein cœur du quartier Matonge dans la commune de Kalamu à
Kinshasa, il donne une vie artistique à toutes ces ferrailles ramassées ici et
là, particulièrement dans les rues de Kinshasa.
Dans ses réserves, l’artiste rassemble avec une certaine touche de
philosophie entre autres les douilles de cartouches ramassées, des cuillères
usées et autres ustensiles de cuisine. Sa démarche artistique le pousse par
moment à sacrifier même ses propres chaises en plastiques pour arriver à ses
fins. Et de ces matériaux, il donne un sens à ses compositions qui dénoncent en
général les anti-valeurs.
Des œuvres qui exorcisent la souffrance…
Dans certaines de ses œuvres, il témoigne de la violence de la
guerre.
Dans sa démarche artistique teintée un peu d’une touche d’universalisme,
l’artiste retrace les guerres d’ici et d’ailleurs, le déplacement forcé des
populations avec leur cohorte de malheur, les enfants soldats, le viol des
femmes, la naissance des enfants de la guerre, la misère, l’effondrement de
valeurs fiduciaires, les chômages bref les questions essentielles et
universelles qui constituent dans certains cas les contours néfastes de la
guerre.
« Je suis un sculpteur des larmes, mais d’espoir. Je n’aime pas la
souffrance. Mes œuvres tentent d’exorciser la souffrance », a déclaré
Freddy Tsimba.
Pour l’artiste, la culture contribue énormément à la paix en RD Congo aux
côtés d’autres richesses du pays. « Je crois à l’art. La culture constitue
une richesse pour la RD Congo. Une richesse qui n’a pas fait couler le sang par
rapport au coltan et autres minerais,… », a renchéri l’artiste.
Des douilles qui témoignent la violence…
De ses inspirations, Freddy Tsimba est allé un peu plus loin
dans sa démarche artistique, au delà de son atelier. Des douilles ramassées aux
lendemains des différents théâtres de barbarie à Kinshasa, Freddy Tsimba a
dressé des compositions révélatrices.
Telle dans l’œuvre dénommée « Au delà des extrêmes », cette composition
présente une femme qui plane avec des douilles au ventre. De même que dans
« Victime malgré elle » où la composition repose sur des douilles
fragmentées donnant vie à un corps expressif. Cette œuvre a été primée Médaille
d’argent, aux jeux de la Francophonie, en 2001. Et particulièrement dans
« Mabele ba bosana », l’artiste plasticien dresse neuf sculptures
choquantes. Freddy Tsimba présente des ventres brûlés de femmes et éventrés par
l’enfer de la guerre. Il dispose ses œuvres à la chaîne, donnant l’impression
d’une hécatombe. Il poursuit dans « les larmes des oubliés », en
exposant des chaussures de fortune pendantes, un témoigne de la misère.
L’attrait de l’artiste pour ses matériaux, c’est une manière pour l’artiste
de dénoncer et d’oublier en même temps une plaie historique de son pays, la
guerre. Ces douilles qui ont hier arraché des vies humaines dans le champ de
bataille, l’artiste sculpteur les redonnent une seconde vie, cette fois,
artistique.
Pas de bouffe! Les cuillères dans la poubelle
Dans le même registre, il exploite aussi des cuillères usées ou encore
abandonnées dans les poubelles de Kinshasa par leurs
propriétaires. Ceux-ci ne mangent pas à leur souhait, forcé par la
conjoncture et la misère. Certains ustensiles de cuisine ne servent plus à rien
pour certains de ses compatriotes. Ces couverts peuplent les poubelles de
Kinshasa. L’artiste en fait usage en l’exploitant dans ses compositions pour
dénoncer cette misère.
Des voitures en fil de fer aux œuvres monumentales
Né à Kinshasa en 1967, Freddy Bienvenu Tsimba est diplôme de l’Académie des
Beaux-arts de Kinshasa, en option sculpture monumentale. Il est détenteur de la
médaille d’argent des Jeux de la Francophonie, à Ottawa, au Canada en 2001.
Entre autres mérites, il a été gratifié d’un diplôme d’honneur, lors du salon
international des arts plastiques, à Béziers. L’artiste a été l’ambassadeur de
la RD Congo dans plusieurs festivals à travers le monde. Dans son quartier de
Matonge, il ne s’imagine pas dans sa tendre jeunesse qu’en
fabriquant des modèles de voitures en fil de fer qu’il s’effraye un avenir
radieux dans le monde de la sculpture congolaise. Freddy Tsimba à ce
jour exploite le bronze, le métal, la terre et le ciment. Ce sculpteur
a imposé sa discipline artistique dans un univers des créateurs le quartier
Matonge à Kinshasa où se croisent sapeurs, musiciens et autres vendeurs des
brochettes. De Kinshasa, capitale de la sape et de la musique
congolaise, Freddy Tsimba se révèle dans ses créations monumentales.
Saint Hervé M’Buy
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