Résultats
d’une étude du Centre de criminologie et de pathologie sociale de l’UNIKIN
Une équipe du Centre de criminologie et de pathologie sociale rattaché à
la Faculté de Droit de l’université de Kinshasa vient de rendre les résultats
d’une recherche empirique menée sous la direction du Professeur Raoul
Kienge-Kienge Intudi sur « le vécu carcéral des femmes et des enfants de sexe
féminin à la Prison centrale de Makala ».
Cette journée scientifique a eu lieu dernièrement
en la salle Brel du Centre Wallonie
Bruxelles de Kinshasa. A cette occasion, cette équipe de chercheurs a présenté
le fruit de son travail à la portée d’une assistance composée de juristes,
journalistes, des animateurs de certains organismes, des institutions
paraétatiques et scientifiques. De leur recherche, l’équipe constate que la
situation carcérale du pavillon 9 de la Prison de Makala reste encore
préoccupante. Et ce, en termes notamment de respect des droits de l’homme. En
effet, le pavillon 9 de la Prison de Makala, local d’hébergement construit par
la Monusco et destiné aux pensionnaires enfants de sexe féminin, connait une
insuffisance de lits. En effet, ce lieu s’illustre par la promiscuité et les
pensionnaires enfants de sexe féminin sont mélangées avec des adultes (femmes
adultes). Cette situation carcérale pousse certains enfants à passer la nuit à
même le sol, faute de lits. Il s’en suit que certaines femmes ont du mal à
gérer leur cycle menstruel. De peur de boucher les latrines, l’usage de bandes
hygiéniques y est interdit. Pendant ce temps, les femmes détenues dans ces
conditions sont obligées de recourir aux tissus de pagnes et autres étoffes,
avec tous les risques d’infections. Certaines d’entre elles sont exposées aux
violences sexuelles et autres brimades dans la cour de récréation. Elles sont
rares à s’intéresser à l’apprentissage en coupe couture, en tricotage.
L’encadrement carcéral pose problème. Certaines femmes détenues se vouent à
l’encadrement spirituel, d’autres à l’oisiveté.
A la lumière de l’effectif total de prisonniers
de la prison centrale de Makala, dans l’ensemble 29 % de détenus sont condamnés
contre 71% à titre préventif. Face à la surpopulation de détenus à titre
préventif, l’équipe du Centre de criminologie et de pathologie sociale de
l’UNIKIN recommande, entre autres au Gouvernement d’instituer un groupe de
magistrats pour revoir certains cas d’irrégularité de détention préventive ;
renforcer l’inspection des prisons et prévoir la modification de l’article 31
du code de procédure pénale qui prévoit la prolongation de la détention…
Les points forts de cette recherche scientifique
L’équipe a noté aussi des points positifs,
parmi lesquels celui de certaines femmes parviennent à supporter leur situation
carcérale, parce qu’elles sont porteuses de vie. L’équipe remercie le Directeur
de la prison centrale de Makala du fait qu’il ait accepté d’accueillir dans son
institution, une équipe de recherche. Mais encore, les résultats de ce travail
peuvent déboucher, à coup sûr, sur un plaidoyer. Pour la petite histoire, ces
enfants de sexe féminin se sont retrouvées à Makala à la suite des faits commis
en termes des coups et blessures ; trafic d’enfants ; homicide ; homicide
involontaire ; complicité de viol et vol. Le Professeur Raoul Kienge-Kienge
Intudi a fait savoir à l’assistance que la prison encaisse tous les maux de la
société, sans malheureusement préconiser de solution. « La solution c’est nous
qui sommes en dehors de la prison », a indiqué l’orateur.
Pour sa part, Katryn Brahy, Déléguée de la
Délégation Wallonie Bruxelles de Kinshasa, a noté que cette journée
scientifique s’inscrit en marge du mois de la femme dans son institution. Elle
a conclu avec une pensée pieuse à l’endroit de toutes les détenues à titre
préventif qui se retrouvent injustement dans l’univers carcéral de Makala. Elle
a convié la justice congolaise à libérer ceux qui n’ont rien à faire en prison.
Saint Hervé M’Buy
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