Habituellement lorsque l'on parle de cancer, on ne voit que le négatif et la mort. Or, la bonne nouvelle est que depuis l'an 2000, le cancer du col de l'utérus régresse à Maurice. C'est la résultante de la mise sur pied d'un programme national de conscientisation qui n'est pas tombé dans l'oreille de sourdes.
Le cancer du col de l'utérus est un des rares cancers pouvant, dans une grande mesure, être prévenu. Cela découle du fait qu'il soit causé par un virus, en l'occurrence le Human Papilloma Virus (HPV), qui se transmet presque essentiellement par voie sexuelle. Donc, s'en protéger adéquatement permet donc de le prévenir. C'est ce que souligne le Dr Praveen Ramdaursingh, gynécologue et coordonnateur du programme national de lutte contre le cancer du col.
Il cite d'autres facteurs de risques associés à cette maladie: la sexualité précoce, les partenaires sexuels multiples, le tabagisme, les relations extra-maritales non-protégées, une situation socioéconomique précaire et l'infection au VIH/SIDA.
Chaque année, le service hospitalier traite 250 cas de cancer du col. Le taux de mortalité de cette maladie est passé de 13,6 décès pour 100 000 femmes en l'an 2000 à 9,6 décès pour 100 000 femmes en 2009. L'objectif du ministère de la Santé mauricien est de réduire davantage ce taux. «Nous espérons réduire le nombre de décès à leur minimum d'ici 2020», précise le gynécologue.
Cette baisse dans le taux de mortalité, le Dr Ramdaursingh l'attribue à une série de mesures prises par le ministère de la Santé depuis 2000, à savoir des tests de dépistage gratuits offerts aux femmes de 30 à 60 ans, la mise à la disposition d'une caravane mobile pour offrir aux femmes ces tests à deux pas de chez elles; le suivi de toutes les patientes dont les résultats sont négatifs à l'unité de colposcopie et des campagnes répétées de sensibilisation sur cette maladie.
Comparant la situation de Maurice à celles des autres pays d'Afrique, le Dr Ramdaursingh constate que les Mauriciennes sont mieux informées sur le cancer du col et ses facteurs de risques. «À Maurice, les femmes viennent davantage de l'avant pour le dépistage et le suivi. Puis, contrairement aux autres pays d'Afrique, il n'y a plus aucun tabou autour de cette maladie. Il y a aussi le fait que nous vivons dans un petit pays. Il est donc plus facile de sensibiliser les femmes et le service de dépistage est plus facilement accessible. Malheureusement, cela n'est pas le cas dans d'autres pays d'Afrique, où le tabou autour de cette maladie est important ».
Sans oublier que les soins ne sont pas aussi accessibles. Le niveau d'éducation dans ces pays corse davantage la situation. D'où une tendance à la hausse du cancer du col dans plusieurs africains.
Selon les chiffres de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l'incidence du cancer du col de l'utérus est conséquente dans certains pays africains où cette maladie va jusqu'à affecter plus de 40 femmes sur 100 000. Et ce sont des femmes de plus en plus jeunes car leur moyenne d'âge est de 30 ans. Le plus terrible est que dans près de 90% des cas, la maladie n'est identifiée que lorsqu'elle est à un stade très avancé.
Le cancer du col de l'utérus est aujourd'hui un problème de santé publique en Afrique subsaharienne. Bien que 13 chefs de gouvernement de la Communauté de Développement de l'Afrique australe aient signé le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement qui demande aux Etats membres de tout mettre en œuvre pour offrir aux femmes et aux jeunes filles des soins de qualité et à un prix abordable, un nombre important de femmes de plusieurs pays de ce bloc régional souffrent du cancer du col de l'utérus.
Or, la prévention contre ce VPH est simple et les mesures suivantes s'imposent. A commencer par la sensibilisation des filles et des femmes pour qu'elles et leur partenaire mènent une vie sexuelle moins à risques. Elles doivent aussi avoir une bonne hygiène intime. De leur côté, les gouvernements doivent introduire un programme de vaccination contre le VPH, mener des campagnes contre le tabagisme et proposer aux femmes et aux jeunes filles des tests de dépistage contre cette maladie.
Radha Rengasamy est journaliste à Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d'opinions de Gender Links.
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