Un despote remplace un autre despote au pouvoir. C’est l’éternelle case de départ dans l’intrigue du spectacle « La cage », œuvre théâtrale de Patience Fayulu qui décrit la prise de pouvoir par un groupe de résistants sensés renverser l’ordre de choses dans le pays. Chose curieuse, les résistants d’hier qui avaient décrié le pouvoir d’un despote, voient dans leur chef de file le profil d’un autre despote, une fois arrivé au pouvoir. Pire que le premier, il peaufine d’autres mécanismes plus sophistiqués pour étouffer tout élan de protestation à l’encontre de son pouvoir nouvellement acquis.
Et dire que le pouvoir a le goût du miel, au point que certains dirigeants n’arrivent plus à s’en passer, et laisser la place à une autre quelconque alternative à la tête du pays. Ils deviennent des dictateurs, des présidents à vie.
Ce spectacle planche sur une réalité universelle et particulièrement digne des révolutions de républiques bananières. Le projet de société sur la gestion de la chose publique peaufiné dans les maquis des révolutionnaires échoue le plus souvent à l’autel de la folie du pouvoir. C’est le cas du personnage principal de Patience Fayulu ; du dedans de sa cage, ce détenu a écrit des textes d’éveil pour ses camarades de la révolution. Et au moment de passer à l’acte, son camarade de révolution l’a trahi une fois arrivé au pouvoir. Il a vu croitre en son camarade le profil d’un autre despote. Plus redoutable que celui qu’ils avaient combattu, le nouvel homme fort du pays a mis en place des mécanismes plus sophistiqués pour étouffer la liberté d’expression et toute vague de protestation.
Et dire que cette résistance est partie d’une cage, la force des écrits a brisé les chaines d’un pouvoir autoritaire. De sa cage, un détenu a engagé une lutte contre une oligarchie liberticide. Encagé pour avoir échappé au Programme, il va, grâce à la force de ses écrits, convaincre son gardien de lui ouvrir la porte de sa geôle. Puis il l'invitera à renverser l'ordre des choses en rejoignant la résistance du dehors. C'est bien sûr sans compter avec l'irrémédiable folie des hommes. Libéré, le détenu vivra un autre cauchemar, la case de départ, la cage.
Ce spectacle captivant a été présenté en grande première, le 25 février dernier à l’Espace culturel kinois en mutation théâtre (K-MU), dans la commune de N’Djili. « La cage » a été écrite en 2008 par le français Yves Carchon. En 2011, elle est mise en scène par le congolais Patience Fayulu Bonheur sous une multitude de casquettes d’artiste comédien et de directeur artistique du Théâtre des Hirondelles. Ce spectacle en sa grande première a été une réussite. Le public a été marqué par l’actrice principale, en la personne de Sheila Nzutisa (la détenue) qui a brillé sur scène dans son interprétation.
Ce spectacle mis en scène par Patience Fayulu a connu aussi l’interprétation d’Arian Mutoke (bureaucrate), Malu Mukulayama (gardien), Sylvie Kandala (psychologue) et Patience Fayulu (haut gradé Miradole). Pour la petite histoire, ces comédiens proviennent de différentes structures théâtrales, à savoir Tam-tam Théâtre, Sycomore et Atelier théâtr’action. Quant à la régie lumière et son, elle a été assurée par Amedé Makaka. La Cage est le deuxième spectacle de théâtre mis en scène par Patience Fayulu après Pourquoi aujourd’hui? Saint Hervé M'Buy
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