Faustin Linyekula |
L’artiste congolais Faustin Linyekula est retenu par la ville de Lisbonne
au Portugal pour l’année 2016 dans le cadre de la biennale « Artista na
Citade ». En effet, ce projet, inégalé dans le panorama portugais et
international, réunit plusieurs structures et entités culturelles qui,
ensemble, font découvrir au public des propositions très variées d’un unique
artiste étranger. Le projet « Artista na Citade » vise non seulement
à faire connaître des œuvres déjà existantes mais surtout à dynamiser des
collaborations entre des artistes, des organisations lisboètes et l’artiste
invité. A cette occasion, le danseur, chorégraphe et metteur en scène, Faustin
Linyekula présente des spectacles dans plusieurs salles et espaces de la ville
et créera tout au long de l’année de nouveaux projets avec des artistes, des
étudiants et des habitants de Lisbone.
A l’occasion d’un point de presse ad hoc
à l’Ambassade de Portugal à Kinshasa, l’Ambassadeur du Portugal, Joao Côrte-Real est
heureux de voir l’artiste Faustin linyekula à Lisbone participer à ce projet
socio-culturel. Il est aussi marqué par le travail abattu par l’artiste durant
sa carrière.
Le chorégraphe Faustin Linyekula a visité le quartier de Cova da Moura, le
centre le plus important et le plus hétérogène de population migrante du Grand
Lisbonne, exprimant à cette occasion le désir d’y danser. C’est dans ce
contexte plein de souvenirs d’exodes ruraux et d’expériences coloniales et
post-coloniales que son travail trouve un écho social que l’on ne retrouve
nulle part ailleurs dans la ville. En choisissant, Faustin Linyekula, la
biennale « Artista na Citade » invite un artiste qui met diverses
formes d’art – la danse, le théâtre, la musique, la littérature – au service
d’une œuvre résolument politique. Enfant d’un pays de contrastes et de
contradictions, Faustin Linyekula n’est jamais las de parler de ce dernier, la
République démocratique du Congo, l’ex-Zaïre, l’ex-Congo belge, l’ex-Etat
indépendant du Congo.
Faustin et les studios kabako à Lisbonne
Dans ses œuvres, Faustiin montre comment l’histoire- la grande histoire et
la petite histoire, a traversé les corps et les cœurs des Congolais depuis
l’indépendance. Il dénonce les impasses du système, le règne de la
Kleptocratie, les ventres vides et les ruines héritées des pères. Mais
également Faustin évoque la beauté du pays qui l’a vu naître, la générosité et
l’allégresse de ses habitants, leur capacité de résilience et leur espoir qui
jamais ne semble pouvoir s’éteindre. Une poésie profondément humaine et
conciliatrice parcourt l’ensemble de son œuvre, qui se lit comme une tentative
de créer du souvenir dans un pays où tout pourtant se délite. Et ce, dans une
société qui survit sur les ruines d’un passé violent.
Dans la poétique de Faustin, les
histoires personnelles et le quotidien des quartiers populaires de la ville
tranchent brutalement avec la réalité politique du pays.
Pour la petite histoire, Faustin Linyekula se définit avant tout comme un
citoyen ayant un rôle à intervenir dans la société. C’est cet activisme qui
sous-tend le projet ambitieux des Studios Kabako. Créés en 2001 à Kinshasa, les
Studios Kabako s’installent en 2006 à Kisangani, ils s’ouvrent à la musique et
au cinéma, la ville devient un territoire où inscrire une démarche artistique et
citoyenne. Entre formation, production et diffusion, les Studios Kabako
accompagnent de jeunes artistes congolais, danseurs, comédiens, musiciens,
auteurs…, et reçoivent régulièrement des artistes du continent en résidence
(Sénégal, Mozambique, Afrique du Sud, Nigéria, Tchad…
Saint Hervé M’Buy
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