L’homme du mois de mars
En ce mois de mars, mois
par excellence d’expression de la femme dans le monde entier, l’Institut
français de Kinshasa a accordé une part belle au Docteur Denis Mukwege,
Médecin-Directeur de l’Hôpital de Panzi dans sa programmation de ce mois
consacré à la femme. Et ce n’est pas par hasard, c’est un digne fils du pays
qui a reçu de nombreuses récompenses et distinctions internationales pour
l’action extraordinaire qu’il mène depuis de nombreuses années en faveur des
femmes victimes de violences sexuelles dans l’Est de la RD Congo.
Dans une société en mal de repères, en mal de
modèles pour la jeunesse. Il y a tout de même certains compatriotes qui
s’illustrent par des actes de bravoure et d’excellence. Face à la conjoncture
multiforme, la RD Congo peut compter sur
ces modèles d’excellence qui contribuent un tant soit peu à l’image de
marque de la RD Congo, à travers le monde. Il ne suffit pas d’être en pôle
position pour illuminer son espace de vie face à l’obscurantisme. La RD Congo a besoin de leaders aux âmes
éclairés pour se redresser. Et, chacun dans son secteur d’action. Pour le
Docteur Mukwege, au-delà de son bistouri, il s’insurge
contre l’amnistie accordée à certains chefs de guerre. Leurs crimes demeurent
impunis jusqu’à aujourd’hui.
Qui est cet homme au destin
exceptionnel ? Après deux années à
l’Institut Bwindi de Bukavu où il obtient un diplôme en biochimie, Denis
Mukwege s’inscrit, en 1976, à la faculté de médecine du Burundi. Il décroche
son diplôme de médecin en 1983, et fait ses premiers pas à l’hopital de Lemera
(Sud-Kivu). En 1984, il entame une spécialisation en gynécologie à l’Université
d’Angers (France). Il fonde l’association Esther Solidarité France-Kivu pour
aider sa région d’origine. En septembre 2015, il accède au grade de Docteur en
sciences médicales à l’université libre de Bruxelles, ULB.
Le Docteur Mukwege a fait
connaître au monde la barbarie dont les femmes sont victimes dans l’Est du
Congo où le viol collectif est utilisé comme arme de guerre. Pour faire face à
cela, il s’est spécialisé dans la prise en charge des femmes victimes de viols
collectifs. Sur le plan médical, il est reconnu comme l’un des spécialistes
mondiaux du traitement des fistules. C’est à ce titre qu’il a reçu un doctorat
honoris causa de l’université d’Umeâ (Suède), en octobre 2010.
En octobre 2012, il est
victime d’une agression alors qu’il se dirige à Bukavu. Il s’exile alors
quelques mois en Belgique puis revient en RD Congo. Le Docteur Denis Mukwege a reçu une
cinquantaine de prix internationaux pour son action en faveur des femmes dans
l’Est de la RD Congo, parmi lesquels on peut citer le Prix des Droits de
l’Homme des Nations Unies en 2008, le Prix Sakharov remis par le Parlement
européen réuni en séance solennelle en novembre 2014 et le Prix « Héros
pour l’Afrique », récemment décerné par la Fondation pour l’égalité des
chances en Afrique.
En effet, l’opinion retiendra que le Docteur Mukwege est internationalement connu
comme l’homme qui répare ces milliers de femmes violées durant 20 ans de
conflits dans l’Est de la République Démocratique du Congo, un pays parmi les
plus pauvres de la planète, mais au sous-sol extrêmement riche. Sa lutte incessante
pour mettre fin à ces atrocités et dénoncer l’impunité dont jouissent les
coupables, dérange. Le Docteur Mukwege lâche : « le Congo est malade
et on doit le soigner ». L’orateur poursuit sa pensée : « On a
marre à s’attendre aux conséquences. Il est temps de s’attaquer aux
causes… ». L’amnistie, un idéal de
paix que le Dr Mukwege ne partage pas. Les crimes méritent réparation, insiste
le multi-primé.
Saint Hervé M’Buy
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