jeudi 17 mars 2016

Performance : Le Dr Mukwege, un patriote écartelé entre la misère et l’excellence

L’homme du mois de mars 

En ce mois de mars, mois par excellence d’expression de la femme dans le monde entier, l’Institut français de Kinshasa a accordé une part belle au Docteur Denis Mukwege, Médecin-Directeur de l’Hôpital de Panzi dans sa programmation de ce mois consacré à la femme. Et ce n’est pas par hasard, c’est un digne fils du pays qui a reçu de nombreuses récompenses et distinctions internationales pour l’action extraordinaire qu’il mène depuis de nombreuses années en faveur des femmes victimes de violences sexuelles dans l’Est de la RD Congo.
Dans une société en mal de repères, en mal de modèles pour la jeunesse. Il y a tout de même certains compatriotes qui s’illustrent par des actes de bravoure et d’excellence. Face à la conjoncture multiforme, la RD Congo peut compter sur  ces modèles d’excellence qui contribuent un tant soit peu à l’image de marque de la RD Congo, à travers le monde. Il ne suffit pas d’être en pôle position pour illuminer son espace de vie face à l’obscurantisme.   La RD Congo a besoin de leaders aux âmes éclairés pour se redresser. Et, chacun dans son secteur d’action. Pour le Docteur Mukwege, au-delà de son bistouri, il s’insurge contre l’amnistie accordée à certains chefs de guerre. Leurs crimes demeurent impunis jusqu’à aujourd’hui.

Qui est cet homme au destin exceptionnel ?  Après deux années à l’Institut Bwindi de Bukavu où il obtient un diplôme en biochimie, Denis Mukwege s’inscrit, en 1976, à la faculté de médecine du Burundi. Il décroche son diplôme de médecin en 1983, et fait ses premiers pas à l’hopital de Lemera (Sud-Kivu). En 1984, il entame une spécialisation en gynécologie à l’Université d’Angers (France). Il fonde l’association Esther Solidarité France-Kivu pour aider sa région d’origine. En septembre 2015, il accède au grade de Docteur en sciences médicales à l’université libre de Bruxelles, ULB.
Le Docteur Mukwege a fait connaître au monde la barbarie dont les femmes sont victimes dans l’Est du Congo où le viol collectif est utilisé comme arme de guerre. Pour faire face à cela, il s’est spécialisé dans la prise en charge des femmes victimes de viols collectifs. Sur le plan médical, il est reconnu comme l’un des spécialistes mondiaux du traitement des fistules. C’est à ce titre qu’il a reçu un doctorat honoris causa de l’université d’Umeâ (Suède), en octobre 2010.
En octobre 2012, il est victime d’une agression alors qu’il se dirige à Bukavu. Il s’exile alors quelques mois en Belgique puis revient en RD Congo.  Le Docteur Denis Mukwege a reçu une cinquantaine de prix internationaux pour son action en faveur des femmes dans l’Est de la RD Congo, parmi lesquels on peut citer le Prix des Droits de l’Homme des Nations Unies en 2008, le Prix Sakharov remis par le Parlement européen réuni en séance solennelle en novembre 2014 et le Prix « Héros pour l’Afrique », récemment décerné par la Fondation pour l’égalité des chances en Afrique.
En effet, l’opinion retiendra  que le Docteur Mukwege est internationalement connu comme l’homme qui répare ces milliers de femmes violées durant 20 ans de conflits dans l’Est de la République Démocratique du Congo, un pays parmi les plus pauvres de la planète, mais au sous-sol extrêmement riche. Sa lutte incessante pour mettre fin à ces atrocités et dénoncer l’impunité dont jouissent les coupables, dérange. Le Docteur Mukwege lâche : « le Congo est malade et on doit le soigner ». L’orateur poursuit sa pensée : « On a marre à s’attendre aux conséquences. Il est temps de s’attaquer aux causes… ».  L’amnistie, un idéal de paix que le Dr Mukwege ne partage pas. Les crimes méritent réparation, insiste le multi-primé.  

Saint Hervé M’Buy

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