«L’homme qui répare les
femmes », film de de Thierry Michel
et de Collette Breackman, va connaitre
sa sortie internationale en salle, le
17 février prochain en France. Ce film documentaire sera présenté ce mardi 19 janvier, à partir de 18 heures en la salle Brel du
Centre Wallonie Bruxelles de Kinshasa.
En
attendant, la presse congolaise a échangé hier lundi en la salle Brel du Centre
Wallonie Bruxelles, avec son réalisateur Thierry Michel et l’écrivain et
journaliste Collette Braeckman. Pour la Déléguée Wallonie-Bruxelles,
Katryn Brahy, ce film appartient aux
congolais. Il parle d’une page de son histoire. « Vous avez beaucoup de
sujets dans vos mains. C’est à vous d’écrire l’histoire de votre pays »,
a-t-elle indiqué. Pour la journaliste Collette Braeckman, c’est par devoir de
mémoire qu’ils ont réalisé ce film. Cela vaut une banque de données très
importante qui dénonce et témoigne des atrocités perpétrées par des hommes dans
certaines contrées de la province du Sud-Kivu.
Comme on peut le voir dans le film, le Dr Mukwege s’insurge contre
l’amnistie accordée à certains chefs de guerre. Leurs crimes demeurent impunis
jusqu’aujourd’hui. Le réalisateur belge s’est investi à regrouper, en reporter
avisé, des informations sur les traces de crimes. Dans ses pellicules, on découvre
des fosses communes, des armes des
agresseurs, des points de vue de la population et ceux des autorités locales. On
suit les témoignages éprouvants des survivants. Un d’entre eux revient encore sur la scène du
crime, et se remémore ce temps dur de son destin, où il a vu sa femme enterrée
vivante, aux côtés d’autres compatriotes. Un clergé se souvient du massacre des
fidèles en plein culte, abattus de façon atroce avec des armes blanches. Et,
Thierry Michel travaille sur un
personnage, le Dr Mukwege, un homme au destin exceptionnel, a-t-il relevé.
Lauréat du Prix Sakharov 2014, le Dr Mukwege est
internationalement connu comme l’homme qui répare ces milliers de femmes
violées durant 20 ans de conflits dans l’Est de la RD Congo, un pays parmi les
plus pauvres de la planète, mais pourvu d’un sous-sol extrêmement riche. Sa
lutte incessante pour mettre fin à ces atrocités et dénoncer l’impunité dont
jouissent les coupables, dérange. Fin 2012, le Docteur est l’objet d'une nouvelle
tentative d’assassinat, à laquelle il échappe miraculeusement. Menacé de mort,
ce médecin au destin exceptionnel vit, dorénavant, cloîtré dans son hôpital de
Bukavu. Et cela, sous la protection des Casques bleus des Nations Unies. Mais
il n’est plus seul à lutter. A ses côtés, ces femmes qu’il a aidées, grâce à
son bistouri, à recouvrer leur intégrité physique et leur dignité. Elles sont devenues, de ce fait, de véritables
activistes de la paix, assoiffées de justice. Ces femmes ont vendu des bananes
et autres produits maraîchers, pour organiser le retour au bercail de ce
médecin avec sa famille, après des temps tumultueux hors du pays. Le Docteur
Mukwege lâche : « le Congo est malade et on doit le soigner ».
L’orateur poursuit sa pensée : « On en a marre de s’attendre aux
conséquences. Il est temps de s’attaquer aux causes… ». Le réalisateur termine le film avec espoir de
paix. L’Est de la RD Congo n’est pas la capitale des violences sexuelles ;
mais offre aussi un décor magnifique, une verdure luxuriante.
Pour Collette Braeckman, l’histoire ne finit pas.
« Les gens vont réparer des crimes qu’ils ont causés à la
communauté… », a-t-elle indiqué. Ce film constitue une base de données et
de témoignages. Les agresseurs et autres chefs de guerre courent encore les
rues, en toute tranquillité. L’amnistie, un idéal de paix que le Dr Mukwege ne
partage pas. Les crimes méritent réparation.
Saint Hervé M’Buy
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