mardi 29 décembre 2015

Sans Ambages : VIIème Ndule Awards: nous ne regardons pas la même scène musicale!





Les jeux sont faits, les dés jetés: la VIIème édition de Ndule Awards, l'équivalent congolais des Victoires de la Musique en France, a livré ses secrets, hier, dans une ambiance bon enfant dans la somptueuse salle de Béatrice Hôtel, mais pas forcément sur la Toile dont je viens de faire le tour! Il est vrai que l'on n'a jamais fait l'unanimité même aux Grammy Awards, mais lorsque la contestation est au rendez-vous dans chaque rubrique ou presque, comme l'on peut constater pour la VIIème édition de Ndule Awards où dix rubriques sur dix-sept posent problème, il y a de quoi s'inquiéter! La crédibilité de ce Prix en recevra un sacré coup, tant qu'on s'éloignera de la réalité des faits! Gros plan, uniquement, sur les rubriques, sujets à caution!

Meilleur événement: Festival Toseka. Organisé avec beaucoup de professionnalisme, l'événement du Théâtre de la Verdure est en passe de devenir certes une institution, mais je continue à chercher en vain son caractère musical! N'est-ce pas qu'on parle de Ndule, donc musique! En outre, on s'est certes marré comme des bossus avec de talentueux comédiens venus de divers horizons (c'est l'une des forces de Toseka); mais après leur départ, plus rien! Cependant, il y a eu, en 2015, un événement qui, même après que les rideaux soient tombés, se poursuit dans les rues, dans l'administration, bref dans notre société! En effet, le Festival "Fièrement ndundu", non seulement unique en son genre et aussi dans sa portée symbolique, a eu le mérite de commencer à changer le regard de notre société sur les albinos, ainsi que celui de ceux-ci sur eux-mêmes! Je crois là que le jury de Ndule Awards a marché à côté de ses chaussures! A-t-il compris que l'initiateur de ce festival cache une sorte d'Aimé Césaire qui, avec Léopold Sédar Senghor, Léon Gontran Damas..., transforme, dans les années 1930, une injure, "sale nègre" ou encore "négro", en une philosophie de combat, et qu'il va appeler "négritude"! "La négritude a été, écrit plus tard Césaire, une révolte contre ce que j’appellerai le réductionnisme européen. Je veux parler de ce système de pensée ou plutôt de l'instinctive tendance d'une civilisation éminente et prestigieuse à abuser de son prestige pour faire le vide autour d'elle (...) La négritude a été une prise de conscience et une acceptation de soi..."
Remplacez ici Nègre par albinos, et Européen par non-albinos (encore que l'albinos a toujours subi un double racisme, celui du Noir et du Blanc), et on comprend mieux le combat de Yan Mambo, on comprend mieux "Fièrement ndundu"! Andimi ki ndundu na ye, pe asepeli n'ango fort, yo okofinga ye nini lisusu? Comme Césaire qui proclame lui aussi fièrement: " Je suis un Nègre fondamental, je n'aimerais pas être un Nègre amateur!" Bon, Ndule Awards et "Fièrement ndundu" (j'insiste sur sa déclinaison musicale!), ce n'est que partie remise! Respects, Yan!
Prix de la Diaspora féminine: Claudia Bakisa. J'entends d'ici des voix d'Outre-Méditerranée et d'Outre-Atlantique hurler: "Aza na niniooooo!!!" Bien sûr que c'est la jeune sœur de Djino Caporedji (ex-Wenge BCBG), mais est-ce qu'elle a eu à impacter véritablement à l'étranger? That's the question! Prix de la Diaspora masculine. Est-ce que le jury sait-il que Me Gims ne s'est jamais naturalisé français, et par conséquent il devait "avaler" cette palme, comme d'ailleurs celle de la Star de l'année attribuée à Fally?
Prix de la Révélation de l'année: Héritier Watanabe. Là aussi, le Jury a évolué par GPS, c'est-à-dire Guidé Par les Sentiments! Comment, à partir d'une séance des répétitions pleine à craquer 'depuis le trio Madjesi) et d'un concert pris d'assaut par la communauté congolaise de Luanda, doit-on primer un artiste qui s'est déjà révélé aux côtés de Werrason! Robinio Mundibu l'aurait plutôt méritée, cette palme! "Ye yo, ye yo" déchire en effet dans tous les milieux chauds de la capitale! Prix Espoir: DJ Amarula. Et Innocent Balume dit Innos B dans tout ça, lui qui a été particulièrement productif cette année! Prix du Meilleur Mécène: Grévy Futila. Pour avoir été le plus "matolé"?, "caillassé"? Toujours GPS!
Prix de l'Immortel: Franco Lwambo Makiadi. Autant dire ce prix reste un vrai chèque en blanc aux contours flous, comme d'ailleurs le Prix de la Meilleure chanson Gospel! Gospel eza ninioooo??? Nzembo nionso oyo rythme elala, eza rumba te; tout comme toute chanson de Dieu aux influences américaines n'est pas du gospel!
Seul Prix consacré à nos meilleurs talents dans le domaine musical, Ndule Awards devrait être soutenu par le Gouvernement et par les annonceurs, pour lui donner une envergure supplémentaire susceptible d'impacter à l'international! Curieux tout de même que Canal Plus ayant pignon sur rue à Kin, ne se soit pas intéressé à cet événement! Entre son impact futur et ce moment-ci, les organisateurs devraient y mettre beaucoup plus de rigueur et d'indépendance d'esprit! Là aussi, ce n'est que partie remise! D.M.

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