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Extrait du Clip "Araignée" |
L’obscénité à peu
de frais à Kinshasa
L’industrie musicale congolaise est désormais
envahie par des drôles de danse. C’est
désormais un courant de mauvais augure qui défraie la chronique dans l’ambiance
de Kinshasa by night des chansons et des danses qui s’apparentent aux ébats
sexuels et autres scènes de vandalisme. Il n’est plus un événement de voir des
jeunes se déhancher ou se mettre en transe sous des rythmes endiablés de tube
du genre « Molunge » et autre «Araignée ». Même certaines fêtes à Kinshasa se
transforment en une véritable piste de cirque ou certains invités à force de
danser aux rythmes de ces chansons obscènes montent sur les tables et les
chaises. Décidément, la morale publique est en danger en RD Congo. La musique
qui, autrefois, éduquait, est en train de corrompre les bonnes mœurs. Les
obscénités ont repris droit de cité à Kinshasa.
Je
déshabille aux rythmes de « Molunge »
D’autres aux rythmes de « Molunge » se
déshabillent, les hommes se débarrassent de leurs chemises, alors que les
femmes soulèvent leurs pagnes.
Les
mélomanes les plus assidus exécutent sans gêne les instructions du chanteur qui
invitent les fans dans une partition du refrain à se débarrasser de leurs
vêtements « Tokolongola ». Le chanteur ne se fatigue pas d’inciter les gens de
se dénuder jusqu’au singlet. Et puis comme dans un coup de baguette magique,
jeunes gens se mettent à la danse jeter comme s’il le peut leurs vêtements. Un
des reporters a constaté qu’au cours d’une fête de mariage dans une salle à
Kasa-Vubu qu’ un sexagénaire oncle de la mariée a été surpris de voir une des
invitées, une dame de surcroît, soulevée sa blouse laissant à la portée de tout
le monde son soutien-gorge noyé par la transpiration. « Eh danse yango elengi…elamusi ngai nzoto », (ndlr : eh cette
danse me séduit au point de réveiller en moi une drôle de sensation), a lâché
la dame au visage souillé. A quelques mètres de là, vers le marché Gambela, un
mélomane se débattait à monter sur un poteau d’éclairage public après plusieurs
scènes de grimace comme un singe en chaleur.
Dans
un nganda à N’Djili Saint Thérèse, on n’a pas demandé aux jeunes de se mettre à
poil. Cela se fait à l’unisson au rythme de Molunge. Le pire a été constaté au
Boulevard Kimbuta ou les jeunes gens ont envahi une bretelle de la voie pour se
dénuder exhibant leurs postérieurs aux automobilistes d’une manière saccadée.
Et dans les dancings, c’est l’orgie, sous les rythmes endiablés de ce morceau
Molunge, ils balancent tout et exposent leurs parties intimes à l’air libre.
Ils s’adonnent ainsi en spectacle dans un état second qui les empêche de garder
même un brin de lucidité. Le mariage est donc scellé entre quelques bouteilles
d’alcool et autres liqueurs locaux aux
origines douteuses le tout arrosé d’une musique à forte décibel. Les jeunes se
mettent à sautiller, tout écartant les jambes au torse nu déroulant leurs
singlets et autres chemises à l’air libre. Dans le classement de ses musiques
de rue à tout cassé, en dehors de Molunge figure en bonne place aussi le tube «
Araignée », celui-ci venu de Brazzaville en République du Congo du DJ Migo One
fait du ravage dans des boites de nuit et des fêtes à Kinshasa… Les chaises se
cassent, tout s’écroule du fait que les mélomanes montent sur tout sur leur
passage, exhibant les bras dans le ciel cherchant à atteindre un appui.
Je
tisse ma toile d’araignée
Autre trouvaille des Congolais de deux rives,
c’est la chanson « Araignée» du DJ Migo One du Congo Brazzaville.
Sous l’influence de mélodies ivoiriennes coupé-décalé, il opère un savant
dosage avec le Ndombolo pour soutenir cette chanson et la danse qui l’accompagne.
Araignée autant que Molunge, cause des dégâts incommensurables partout où elle
est balancée. Pour danser cette chanson, il faut imiter par un renfort de
gestuel cet insecte prédateur invertébré
arthropode de la classe
des Arachnides. Le danseur s’illustre par une
agitation spectaculaire prête à grimper sur tout à escalader un mur, ou à
monter sur un arbre. Une jeune demoiselle n’a pas manqué de sauter sur le dos
de son oncle, ses mains sur la calvitie de celui-ci. Dans des night-clubs,
le disc jokey donne le ton et
l’assistance s’adonne à une partie de transe euphorique. Comme témoigne mon
confrère Alain Diasso, « Il
s’ensuit des casses. Chaises et bouteilles volent en éclat dans une ambiance
surréaliste où tous les coups et tous les excès sont permis. L’on peut monter
sur les épaules de sa copine à défaut de se hisser sur le toit d’une maison.
C’est cela l’effet Araignée ». Dans
son investigation à l’autre rive du pool Malebo, la chanson a même été
jouée à Sibiti, chef-lieu du département de la Lékoumou de la République du
Congo à la clôture d’un banquet présidentiel. Interrogé entre deux exhibitions à notre présence lors d’une fête
de mariage à Kinshasa by night, mon confrère a lâché : « A tout
prendre, il y a lieu de censurer ces genres de chansons qui polluent
l’atmosphère sociale en distrayant des jeunes sur fond d’une incitation
manifeste à la débauche. Il y a de la sauvegarde de la morale publique menacée
par cette horde des musiciens bêtisiers à cours d’inspiration et qui ont trouvé
à ce créneau un prétexte pour dissimuler leur manque de créativité ».
Saint Hervé M’Buy
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